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et les prépare à de nouvelles jouissances. (Grimod.) Les officiers attablés satisfaisaient un appétit que la fatigue avait aiguillonné. (Balz.) || Inciter, animer, encourager, attirer: Aiguillonner un homme lent, insensible. Aiguillonner le courage de quelqu’un. C’était un homme d’esprit lent et paresseux, mais que l’ambition, l’amour du gain, aiguillonnaient. (St-Sim.) J’ose affirmer que la vie d’un tel homme renferme les péripéties d’un drame assez intime pour aiguillonner votre attention. (Rog. de Beauv.) || Tourmenter : Il n’avait, par son heureux retour, enlevé qu’une partie de l’inquiétude qui aiguillonnait les quatre amis. (Alex. Dum.)

S’aiguillonner, v. pr. Être excité, encouragé.

— Réciproquem. : Deux rivaux qui s’aiguillonnent sans cesse. Les hommes réunis s’aiguillonnent et s’éclairent. (Mercier.)

Syn. Aiguillonner, animer, encourager, exciter, inciter, porter à, pousser à. On excite celui qui manque de résolution. On incite celui qui n’est pas disposé à la chose. On pousse à celui qui ne veut pas ou qui ne veut que faiblement. On anime celui qui n’a que de la froideur ou de l’indifférence. On encourage le lâche et le timide. On aiguillonne celui qui ne peut vaincre son inertie. On porte à celui qui se laisse mener plutôt que de se conduire lui-même.

AIGUILLONNEUX, EUSE adj. (é-gu-i-llo-neu, eu-ze ; ll mll. — rad. aiguillon). Bot. Muni d’aiguillons : Arbre aiguillonneux. Plante aiguillonneuse. || On dit plutôt aiguillonné.

AIGUILLOTS s. m. pl. (é-gu-i-llo ; l mll. — rad. aiguille). Mar. Gonds de cuivre ou de fonte fixés sur le gouvernail, à l’aide desquels cette machine peut tourner et rester suspendue à l’étambot.

AIGUISABLE adj. (é-gu-i-za-ble — rad. aiguiser). Qui peut être aiguisé : Ce couteau n’est plus aiguisable.

AIGUISAGE s. m. (é-gu-i-za-je — rad. aiguiser). Action d’aiguiser un outil ; état d’un outil aiguisé : Laiguisage d’un sabre, d’un couteau, d’une hache. Cet aiguisage est parfait.

AIGUISANT (é-gu-i-zan) part. prés. du v. Aiguiser.

AIGUISÉ, ÉE (é-gu-i-zé) part. pass. du v. Aiguiser. Rendu tranchant, en parlant d’un instrument, d’un outil : Couteau fraîchement aiguisé. L’écho ne répète plus le son de la faux aiguisée. (Deleuze.) || Par anal. Pointu, effilé : La taupe naît avec un museau pointu et si aiguisé, qu’elle perce en un moment le terrain le plus dur. (Fén.) Souvent il porte ses coups en l’air, comme un taureau qui, de ses cornes aiguisées, va se battre contre les vents. (Fén.) Andréa Cavalcanti, les cheveux frisés et luisants, les moustaches aiguisées, les gants blancs dessinant les ongles, était entré, presque debout sur son phaéton, dans la cour du banquier. (Alex. Dum.)

— Fig. Spirituel, piquant, mordant : Il a en magasin des monceaux d’épigrammes aiguisées par le bout. (Cormen.)

. . . . . . Les hommes les meilleurs
D’un mot bien aiguisé sont les premiers à rire.
Vigée.


|| Développé, rendu plus vif, plus sensible : Un courage aiguisé par la nécessité. Une vanité aiguisée par les critiques. Une intelligence aiguisée par l’étude, par la méditation. Un esprit aiguisé par l’habitude de la discussion.

Sans la dispute, où l’âme est aiguisée,
On s’ennuirait, même dans l’Élysée.
La Harpe.


|| Encouragé, incité : Hume étudie la métaphysique sous l’inspiration de Locke, aiguisé, enhardi, s’il est permis de parler ainsi, par Voltaire. (Villem.) || Excité, en parlant de l’appétit : L’opération finie, nous courûmes nous mettre à table avec des appétits aiguisés par le regard. (Brill.-Sav.)

— Méd. et pharm. Acidulé : De l’eau aiguisée de vinaigre. Une tisane aiguisée de jus de limon.

— Blas. Se dit de toutes les pièces honorables, comme le pal, la croix, le sautoir, etc., dont les extrémités sont taillées en pointe, de sorte néanmoins que ces pointes ne forment que des angles obtus. Famille Chandos : d’argent, au pal aiguisé de gueules. — Se dit aussi des instruments et outils coupants, dont le tranchant est d’un émail particulier. Famille Du Vivier : d’argent, à trois doloires d’azur aiguisées de sinople.

AIGUISEMENT s. m. (é-gu-i-ze-man — rad. aiguiser). Action d’aiguiser : Laiguisement d’un canif, d’un sabre, d’un rasoir.

AIGUISER v. a. ou tr. (é-gu-i-zé — rad. aigu). Rendre aigu ou plus aigu, donner du tranchant, du mordant à un outil, à un instrument : Aiguiser une faux, un sabre, un couteau. Aiguiser la pointe, le tranchant d’un instrument. Pierre à aiguiser. Mais tu as aiguisé toi-même le couperet pour te trancher la tête. (Balz.) Toujours auprès de son jeune maître, elle tournait la meule où il aiguisait les outils de labour. (Clém. Robert.)

— Par anal., en parlant des animaux : Aiguiser ses dents, ses griffes. Le sanglier aiguise ses défenses. Aiguiser son bec, ses serres. Le lion aiguise ses dents et ses griffes. (Fén.) Brisant entre ses mains l’arme qu’on lui tendait, il en jeta les débris à la tête du tigre, qui aiguisait en ce moment ses dents et ses griffes contre le socle d’une colonne. (A. Guiraud.)

Il aiguisait son bec, battait l’air de ses flancs.
La Fontaine.

— Fig. Rendre plus mordant, plus piquant : Aiguiser une épigramme, un couplet. Montesquieu a aiguisé son livre d’épigrammes. (Volt.) Elle aiguise son sourire, attendrit sa voix, assouplit sa taille, alanguit ses yeux, peut-être à son insu, mais avec l’habileté d’un général qui entre en campagne. (A. Achard.)

. . . N’allez pas toujours d’une pointe frivole
Aiguiser par la queue une épigramme folle.
Boileau.
Au lieu de fades épigrammes,
Qu’il aiguise un couplet gaillard.
Béranger.
D’avance il aiguisa tous les traits qu’il décoche,
      Et tout son esprit d’aujourd’hui
      Était en brouillon dans sa poche.
Delille.


|| Rendre plus prompt, plus actif, plus subtil : La nécessité aiguise l’esprit. (Acad.) Le mystère, le silence, la honte craintive, aiguisent et cachent ses doux transports. (J.-J. Rouss.) Le travail aiguise l’esprit, comme les guerres aiguisent les courages. (Volt.) Comme les privations aiguisent le cœur ! (Mme  Camp.) La méditation avait aiguisé sa pensée. (Balz.) Les défenses tyranniques aiguisent encore plus une passion chez les enfants que chez les hommes. (Balz.) Il n’avait d’autre arme que la haine ; il résolut de laiguiser au bagne et de l’emporter. (V. Hugo.) Une conduite déréglée aiguise l’esprit et fausse le jugement. (De Bonald.) Les révolutions ouvrent et aiguisent les esprits. (Guizot.) La misère est une dure pierre de meule qui naiguise pas le génie ; elle l’use. (F. Pyat.) || Augmenter, exciter, en parlant de l’appétit : Le grand air et l’exercice aiguisent l’appétit. Les ragoûts naiguisent l’appétit qu’au dépens de la santé. Le travail aiguise l’appétit. (J.-J. Rouss.) Notre promenade sur l’eau, à l’air vif du matin, avait bien aiguisé notre appétit. (A. Jal.)

— Prov. et fig. Aiguiser les couteaux, Se préparer au combat. || Aiguiser ses dents, Se disposer à bien manger.

S’aiguiser, v. pr. Être aiguisé : La plupart des outils s’aiguisent à la meule. Qui sait combien de poignards à cette heure s’aiguisent dans l’ombre qui sont déjà dirigés contre moi ? (Alex. Dum.)

— Fig. Devenir plus vif, plus actif, plus subtil : L’esprit s’aiguise à la ville, il s’attendrit aux champs. (Malesh.) Nos facultés physiques s’aiguisent par nos périls ou nos besoins. (Napol. Ier.) L’esprit s’aiguise dans le combat ; mais le talent a besoin de confiance. (Mme  de Staël.)

Syn. Aiguiser, affuter. V. Affuter.

Syn. Aiguiser, allégir, amenuiser. Aiguiser, c’est diminuer au bord et sur les bouts : on aiguise un rasoir, une épingle, un pieu, un bâton. On allégit en diminuant sur toutes ses faces un corps considérable : allégir une poutre. On amenuise un corps peu considérable, en le diminuant principalement sur une seule face : amenuiser une volige.

Antonymes. Emousser, épointer, ébrécher.

AIGUISERIE s. f. (é-gu-i-ze-rî — rad. aiguiser). Usine où l’on aiguise et polit les armes blanches et les instruments tranchants.

AIGUISEUR, EUSE s. (é-gu-i-zeur, eu-ze — rad. aiguiser). Celui, celle dont le métier est d’aiguiser. || Ouvrier, ouvrière qui travaille dans une aiguiserie.

— S’empl. aussi adjectiv. : Les ouvriers aiguiseurs sont sujets à de graves maladies de poitrine, causées par l’aspiration de la poussière résultant de l’usure des métaux qu’ils polissent et de l’émeri de leurs meules. (Ch. Renier.)

AIGUISOIR s. m. (é-gu-i-zoir — rad. aiguiser). Instrument propre à aiguiser les couteaux.

AIGUITÉ s. f. (é-gu-i-té — rad. aigu). Constr. État d’un angle aigu : Adoucir laiguité des angles. || Qualité des sons aigus : Laiguité des sons. Laiguité de la voix. || Aujourd’hui on dit plutôt acuité.

AIGULFE (saint), archevêque de Bourges, au ixe siècle. L’église bâtie sur l’emplacement de son tombeau existe encore à Bourges. Fête le 22 mai.

AIGUMENT adv. (é-gu-man — rad. aigu). D’une manière aiguë.

AIGURANDE, ch.-lieu de cant. (Indre) ; arrond. de La Châtre ; pop. aggl. 1,446 hab. — pop. tot. 2,146 hab.

AIKIN (John), médecin et littérateur anglais, né en 1747, m. en 1822, était fils d’un ministre presbytérien. En 1790, il exerça la médecine à Yarmouth ; mais ayant manifesté des opinions politiques favorables au mouvement imprimé par la révolution française, il vit son repos troublé, et se rendit en 1792 à Londres, où il cultiva avec une grande sûreté de jugement et de goût les diverses parties de la littérature. Ses principaux ouvrages sont : Observations sur les hôpitaux, traduites en français par Verlac ; Biographie générale, 10 vol. in-4o, en collaboration avec plusieurs autres écrivains ; Lettres d’un père à son fils, très-estimées des Anglais ; Pièces diverses en prose, conjointement avec sa sœur, miss Aikin, depuis Mme  Barbauld ; des poésies, des écrits scientifiques, etc. Il a dirigé le Monthly-Magazine de 1796 à 1806.

AIKINIE s. f. (é-ki-nî — de Aikin, n. pr.). Bot. Genre de plantes de la famille des graminées, syn. du genre ratzeburgie.

AIL s. m. (a-ill ; ll mll. — lat. allium, même sens). Plante dont les bulbes d’une odeur forte et d’un goût âcre, sont employées comme assaisonnement : Tête dail. Gousse dail. Gigot à lail. Lorsque Henri IV vint au monde, son grand-père lui frotta les lèvres d’une gousse dail, et lui fit sucer une goutte de vin dans sa coupe d’or. (Péréfixe.) Lail, dont l’odeur est si redoutée de nos petites-maîtresses, est peut-être le remède le plus puissant qu’il y ait contre les vapeurs et les maux de nerfs auxquels elles sont sujettes. (B. de St-P.) Lail cultivé a une tige de deux pieds, garnie de feuilles linéaires et planes. (Mirbel.) Lail est antihystérique, diurétique, fébrifuge, antipestilentiel ; il excite la transpiration et même la sueur. (Mirbel.) Lail est une substance très-stimulante ; dans l’économie domestique, on l’emploie comme assaisonnement. (Richard.) Lail paraît exercer une action assez énergique sur les organes de la sécrétion urinaire. (Richard.) Lail est le vermifuge le plus puissant et le plus inoffensif que je connaisse. (Raspail.) Lail est plutôt un condiment qu’une substance alimentaire. (Raspail.) Un courtisan s’étant présenté un jour devant Vespasien, ses habits et sa chevelure exhalant une très-forte odeur de parfum : « J’aimerais mieux, lui dit brusquement empereur, que tu sentisses lail. »

J’avais mangé de l’ail, et fis en homme sage
De détourner un peu mon haleine de toi.
Molière.
. . . Il n’était ambre, il n’était fleur
Qui ne fût ail au prix. . . . . . . .
La Fontaine.
Tu peux choisir, ou de manger cent aulx,
Ou de souffrir trente bons coups de gaule.
La Fontaine.

Ail d’Ascalon, L’échalote. || Ail d’Espagne, La rocambole. || Ail de chien, Nom vulgaire du muscari en grappes. || Ail à tunique, Le poireau, à cause des pellicules blanches superposées dont se compose sa racine.

Gramm. Dans le langage ordinaire, on dit au pluriel des aulx : Il a dans son jardin des aulx cultivés et des aulx sauvages. En termes de botanique, les savants préfèrent se servir du pluriel ails : La famille des ails.

Encycl. Bot. L’ail forme, dans la famille des liliacées, un genre qui renferme un grand nombre d’espèces, parmi lesquelles on remarque l’oignon, le poireau, l’échalotte, la ciboule, la rocambole, etc.

Les plantes comprises dans le genre ail sont herbacées, vivaces, rarement bisannuelles. Leur souche est bulbeuse, à bulbe simple ou multiple ; leur tige dressée, ordinairement cylindrique, quelquefois fistuleuse ; leurs feuilles sont le plus souvent engainantes à la base, tantôt planes, tantôt cylindriques ou demi-cylindriques et fistuleuses ; leurs fleurs, verdâtres, blanches, rosées, purpurines, bleuâtres ou violettes, sont disposées en ombelle simple terminale, et toujours enveloppées d’une spathe commune avant l’épanouissement.

L’ail commun (allium sativum des botanistes) est une plante vivace, dont les bulbes produisent des bulbilles ou caïeux, connus sous le nom vulgaire de gousses d’ail. Ce sont ces bulbilles qui servent à la reproduction de la plante.

L’ail est cultivé dans tous les jardins potagers. Il croît dans tous les sols, mais de préférence dans les terres meubles et dans les sables des dunes ou ses bulbes arrivent à une grosseur considérable. Sa culture est très-facile, et n’exige presque d’autre soin que le sarclage.

L’ail est fréquemment employé dans les préparations culinaires comme condiment, et même comme aliment, surtout dans les régions voisines de la Méditerranée, où il a une odeur moins forte et une saveur moins âcre. Les jeunes feuilles se mangent quelquefois en salade. Sur les bords de la Loire, on hache ces feuilles, mais surtout les bulbes, pour les mêler au fromage frais. En Orient, l’ail séché et pulvérisé est employé aux mêmes usages que le poivre, qu’il remplace souvent.

L’ail a aussi des propriétés médicales incontestables, bien qu’on les ait exagérées au point que cette plante a reçu le nom de thériaque des pauvres. C’est un vermifuge actif, et il a rendu des services, comme tonique et antiseptique, dans les temps d’épidémie.

Ce bulbe est aussi employé dans l’industrie mélangé à la colle de farine, il lui donne plus de force adhésive, et permet que l’on s’en serve pour recoller la porcelaine.

Quelques espèces du genre ail ont des fleurs d’une belle couleur, ou d’une odeur agréable, qui les ont fait admettre dans les jardins d’ornement : telles sont l’ail doré ou moly, l’ail blanc, l’ail odorant et l’ail superbe ou très-odorant.

— Hist. Les anciens Égyptiens faisaient de l’ail un dieu ; les Grecs l’avaient en horreur. À Rome, il était défendu à ceux qui avaient mangé de l’ail d’entrer dans le temple de Cybèle. Alphonse, roi de Castille, institua en 1368 un ordre de chevalerie appelé l’Ordre de la Bande, dont les membres ne devaient manger ni aulx, ni oignons, sous peine d’être exclus de la cour pendant un mois. Dans le Nord, l’ail excite une répugnance assez générale, tandis qu’il fait les délices des peuples méridionaux. Pour avoir une idée de la consommation qui s’en fait dans le Midi, il suffit de savoir qu’avant la Révolution la dîme de l’ail rendait plus de 3,000 francs à l’archevêché d’Alby. Il y a une épode d’Horace dans laquelle le poëte lance contre l’ail de terribles imprécations. Mais un poëte de la France méridionale, M. de Marcellus, a défendu avec chaleur, dans une épître, la plante chère à ses compatriotes. L’ail entrait dans la nourriture ordinaire des soldats romains ; il était même devenu un symbole de la vie militaire.

AILAKDJI s. m. (é-lak-dji). Marin turc, spécialement chargé de la manœuvre.

AÏLANHIM s. m. (a-i-la-nimm). Chron. Septième mois de l’année juive.

AILANTE s. m. (é-lan-te — du malais ailanto, arbre élevé ; littér. arbre du ciel). Bot. Arbre des Moluques, très-répandu aujourd’hui dans nos promenades et dans nos parcs, et nommé vulgairement vernis du Japon, bien que ce ne soit pas l’arbre qui produit la substance de ce nom. L’ailante glanduleux est recherché aujourd’hui pour les plantations, à cause de sa forme élégante et de la rapidité de sa croissance. Son écorce possède des propriétés vermifuges. Ses feuilles, qui ressemblent à celles du frêne, servent à la nourriture d’une espèce de ver à soie.

AILANTICULTURE s. f. (é-lan-ti-kul-tu-re — de ailante et culture). Culture en grand de l’ailante, parce qu’une espèce de ver à soie vit sur ses feuilles.

AILANTINE s. f. (é-lan-ti-ne — rad. ailante). Matière textile provenant du ver à soie de l’ailante.

AILE s. f. (è-le — du lat. ala, qui paraît être une abréviation, une corruption de axilla, aisselle). Partie du corps des oiseaux, des insectes, de quelques mammifères, et même de quelques poissons, qui leur sert à voler : Ailes de mouche. Les ailes d’une chauve-souris. Ouvrir, étendre ses ailes. Les papillons dorés secouèrent la poudre bigarrée de leurs ailes. (E. Sue.) Il me raconta dans un apologue les malheurs d’une fauvette, tombée de son nid pour avoir voulu voler avant que ses ailes fussent poussées. (Billy.)

Je suis oiseau : voyez mes ailes.
La Fontaine
L’oiseau de Jupiter, sans répondre un seul mot,
      Choque de l’aile l’escarbot.
      L’étourdit, l’oblige à se taire.
La Fontaine.


|| Partie charnue d’un oiseau cuit, depuis le haut de l’estomac jusque sous les cuisses : Aile de poulet. Aile de perdrix. Servir une aile. Lever, manger des ailes. Offrez en général les ailes du poulet, le ventre de la carpe et le dos du brochet. (Brill.-Sav.) Le jeune athlète détacha proprement une aile de dindon, l’avala en deux bouchées, après quoi il se nettoya les dents en grugeant le cou de la volaille. (Brill.-Sav.) Le meilleur morceau d’une poularde rôtie, c’est laile. (Grimod.) Docteur, dit le malade, il me semble qu’il serait peut-être temps de me permettre une côtelette et une aile de volaille. (F. Soulié.) Le premier dindon qui fut servi sur nos tables fut servi aux noces de Charles IX ; Montluc dit que le jeune roi mangea laile gauche. (Cussy.)

— Les ailes sont le symbole de la rapidité ; aussi cette expression s’applique-t-elle à une foule de choses lorsqu’on veut les peindre comme agissant avec rapidité : Les ailes de l’âme. Les ailes de la foi, de la pensée, de la prière, de l’intelligence, de l’imagination, etc. Élevons les ailes de notre âme vers cette beauté céleste. (Villem.) Ici l’Espérance lassée replia ses ailes d’azur. (Lamart.) Les lettres servent la morale, en élevant notre âme sur les ailes du sentiment. (M.-Brun.) L’homme s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. (Sacy.) Cet homme avait fermé mon cœur, coupé les ailes de mes rêves, étouffé les profondes aspirations de ma vie. (Fr. Soulié.) La philosophie s’est plus d’une fois élevée sur les ailes de la poésie. (De Barante.) Le plaisir a des ailes pour qu’on coure après lui. (Scribe.)

. . . Le moindre désir qui l’effleure de l’aile
Met un voile de pourpre à la sainte pudeur.
A. de Musset.

— Par anal. Avoir des ailes, Être leste, agite, vif dans ses mouvements : Quand elle me donnait un ordre, j’avais des ailes. (G. Sand.) || La peur donne des ailes, La peur précipite la course : Si la peur vous donne des ailes pour vous sauver, l’espérance lui en donnera de plus fortes pour vous atteindre. (Vaugel.) || On dit, dans le même sens : La peur lui met des ailes aux talons. || Fournir, donner des ailes, Donner une rapidité telle qu’il semblerait qu’on a des ailes :

Je te tiendrai rendu si j’en ai des nouvelles,
L’amour pour le trouver me fournira des ailes.
Corneille.
Chacun s’empresse, à ces tristes nouvelles,
Même aux plus lents l’ardeur donne des ailes.
Malfilatre.


|| S’emploie d’une manière analogue dans les phrases suivantes : Un peu lente à marcher, tout d’un coup, quand il le fallait, elle se retrouvait des ailes. (Ste-Beuve.) La comtesse avait trouvé des ailes, et s’était comme envolée. (Balz.) Je voudrais avoir des ailes, aller à Nemours, et vérifier ses assertions. (Balz.) || Avoir des ailes, Arriver, se propager très-promptement : Le mal a des ailes, et le bien