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Que celui-là se livre à des plaintes amères,
Qui s’agenouille et prie au tombeau d’un ami.
A. de Musset.
. . . . J’ai besoin de revoir cette croix,
Et de m’agenouiller sous la nef solitaire
Où l’on n’entend plus rien des vains bruits de la terre.
C. Delavigne.

— Par anal. Se dit de toute personne qui se met à genoux : L’enfant fut condamné à s’agenouiller et à rester une heure dans cette position. || Se dit aussi de certains animaux : Quinte-Curce assure que Bucéphale s’agenouillait pour recevoir Alexandre. Les éléphants, les chameaux, s’agenouillent sur ordre de leur conducteur. || Se dit, par exag., en parlant de l’homme qui aime l’argent, pour marquer sa rareté ou l’estime excessive qu’on en fait : Il en est réduit à s’agenouiller devant vingt francs. C’est un ladre qui s’agenouillait devant cinq francs. Voilà notre argent qui émigre en masse ; l’an prochain, disaient les bonnes gens, on s’agenouillera devant un écu. (Brill.-Sav.) Mon Dieu ! de l’or, à tout prix ! l’or est la seule puissance devant laquelle tout le monde s’agenouille. (Balz.)

— Fig. S’incliner, se sentir plein d’une admiration profonde devant une personne ou une chose digne de respect et de vénération : S’agenouiller devant les grands écrivains. S’agenouiller devant la vertu, la science, le talent. Vous étiez si grande, si sublime que j’aurais voulu m’agenouiller devant vous. (G. Sand.)

Et comme elle est savante à tenir la quenouille,
Devant un tel mérite il faut qu’on s’agenouille.
Ponsard.
À la quenouille,
Le fort s’agenouille.


prov. rimé qui signif. que la passion maîtrise les caractères les plus énergiques, et les rend esclaves de tous les caprices d’une femme. C’est sans doute une allusion à Hercule filant aux pieds d’Omphale.

Syn. S’agenouiller, se mettre à genoux. Ces deux formes s’emploient généralement l’une pour l’autre et expriment la même idée. Toutefois, s’agenouiller semble marquer plus particulièrement un sentiment d’humilité ou d’adoration : Ménalque, s’étant aperçu qu’il s’est mis à genoux sur les jambes d’un fort petit homme, se retire confus et va s’agenouiller ailleurs. Ajoutons cependant qu’en parlant des animaux on dit plutôt s’agenouiller.

AGENOUILLOIR s. m. (a-ge-nou-illoir ; ll mll. — rad. agenouiller). Petit escabeau sur lequel on s’agenouille : L’agenouilloir d’un prie-Dieu. (Acad.)

AGENT s. m. (a-jan — du lat agens, part. prés. de agere, agir). Tout ce qui agit, opère ; force : Agent naturel. Agent surnaturel. La vapeur est devenue un des plus puissants agents que l’on connaisse. Les vents sont constamment les agents modificateurs les plus puissants de l’atmosphère. (Maury.)

. . . . . . . . . Mon âme et mon corps
Sont-ils d’un autre agent les aveugles ressorts ?
Voltaire.


|| S’emploie aussi avec un complément qui en détermine l’effet : La végétation est dans les campagnes un puissant agent d’assainissement. (Lélut.) L’octroi est un des agents les plus fictifs de la démoralisation publique. (E. de Gir.)

— Par anal. Aide, secours.

. . . . . . . À vrai dire, l’argent
Serait dans notre affaire un sûr et fort agent.
Molière.

— Fig. : La tendance de notre époque est de remplacer les agents moraux par des agents matériels. (Renan.)

Je sens en moi certain agent ;
Tout obéit dans ma machine
À ce principe intelligent.        La Fontaine.

— En parlant des personnes, se dit généralement de tout individu chargé d’une fonction active, d’une gestion, d’un mandat : Agent intègre, laborieux. Agent incapable. L’agent d’un prince. L’agent d’une compagnie. Le pouvoir exécutif n’a que des agents, et la loi seule fait des magistrats. (Royer-Coll.) Qu’eût-il pensé s’il eût vu comme son agent gagnait bien sa gratification ? (G. Sand.)

A-t-il eu près de vous un plus soigneux agent
Pour hâter les secours et d’hommes et d’argent ?
Corneille.


|| Se prend aussi en mauvaise part : Un agent de troubles, d’intrigues. L’homme fait dire à Dieu ce qu’il pense, lui fait faire ce qu’il veut, et le change en agent de ses passions. (Boiste.) Ludovic lui-même ne lui semble plus que l’agent de son bourreau. (Saintine.)

Suis cet agent fatal de tes mauvais desseins.
Corneille.

— Le mot agent entre dans la composition d’un grand nombre de locutions substantives, pour exprimer certaines fonctions déterminées par le mot complément :

Agent de la force publique, Personne qui a mandat pour faire respecter l’ordre public et la loi, même par des moyens coercitifs, comme les gendarmes, les gardes champêtres, les gardes forestiers, etc. || Agent provocateur, Celui qui excite quelqu’un à faire quelque chose, ou, à proprement dire, celui qui, dans un moment de troubles, pousse les citoyens à la révolte pour donner lieu à une répression violente : Il ne faudrait qu’un mot de toi, prononcé devant un espion, ou extorqué par un agent provocateur, pour te faire mettre en prison. (G. Sand.)

— Fig. et dans ce dernier sens : Le besoin est l’agent provocateur du progrès. (E. Pelletan.) || Agent de police, Nom général sous lequel on comprend les sergents de ville, appariteurs, inspecteurs de police, officiers de paix, gardes de ville, etc., c’est-à-dire tous ceux qui sont préposés à la surveillance publique et au maintien du bon ordre : Il le suivit avec autant d’adresse qu’aurait pu le faire un agent de la police parisienne. (Alex. Dum.) L’antichambre était pleine de gendarmes et d’agents de police. (Alex. Dum.) Mais on donne particulièrement ce nom aux hommes de police habillés en bourgeois, et alors ce mot se prend en mauv. part : À certains cours d’ouverture, à la Sorbonne et au Collége de France, les agents de police foisonnent. À la première représentation, il y avait au parterre plus de cinquante agents de police. || Peut s’employer absolument dans ce sens : Pourquoi s’acharner à l’espion  ? Un agent n’est plus un homme, il ne doit plus en avoir les sentiments ; il est un rouage dans la machine. (Balz.) || Agent diplomatique, Fonctionnaire qu’un gouvernement envoie et accrédite près d’un autre gouvernement pour lui servir d’intermédiaire et pour protéger, en pays étranger, les sujets de la nation qu’il représente. Les agents diplomatiques français sont, en commençant par les plus élevés, les ambassadeurs, les ministres plénipotentiaires, les ministres résidents et les chargés d’affaires. Les consuls, les employés, les secrétaires d’ambassade, n’ont pas droit au titre d’agents diplomatiques. || Agent consulaire, Officier établi dans un pays et le plus souvent dans un port étranger pour y exercer une certaine juridiction sur les négociants et les marins de la nation à laquelle il appartient, et veiller particulièrement à leurs intérêts. Les agents consulaires diffèrent des ambassadeurs en ce qu’ils n’ont qu’accidentellement un caractère politique. Il en existe dans toutes les grandes places de commerce où une nation croit avoir besoin d’un représentant. C’est à Colbert que revient l’honneur de cette institution. || Agent secret, Personne de confiance chargée d’une mission secrète de la part d’un particulier, mais le plus souvent de la part d’un gouvernement : Un agent secret lui rend compte de tout ce qui se fait, se dit, se pense même à la cour. (Alex. Dum.) || Par ext., signif. aussi Espion, émissaire de la police secrète : Il faut prendre garde d’être soupçonné par cette foule d’agents secrets qui circulent dans Paris. (Scribe.) || Agent de change, Autrefois, Changeur, banquier : Ne m’as-tu pas dit que tu connaissais un agent de change qui te donnerait de l’argent à l’heure même ? (Le Sage.) Aujourd’hui, Intermédiaire entre les vendeurs et les acheteurs dans la négociation des effets de commerce, des actions de toute nature, des rentes sur l’État, des matières métalliques, etc. : Il ne faut pas croire que les jeunes agents de change n’entendent pas les affaires aussi bien que les anciens. (Scribe.) || Agent forestier, Fonctionnaire chargé de la surveillance, de la conservation des forêts de l’État ; expression générique qui embrasse les conservateurs, les inspecteurs, les sous-inspecteurs et les gardes généraux, mais non les arpenteurs et les simples gardes. || Agent voyer, Employé préposé à la construction, à l’entretien et à la police des chemins vicinaux. || Pl. des agents voyers. || Agent comptable, Employé chargé de la comptabilité d’une administration, et du maniement des fonds. || Agent d’affaires, Celui qui se charge, moyennant une rétribution, de diriger et de suivre les affaires d’intérêt des particuliers, et surtout leurs affaires contentieuses : Les agents d’affaires n’ont aucun caractère public, et l’on n’exige d’eux aucune preuve de capacité. (Bachelet.) || Agent de faillite. Nom donné, avant la loi de 1838, à celui qui gérait les affaires d’une faillite. Ils sont remplacés aujourd’hui par des syndics provisoires. V. Faillite. || Agent judiciaire du Trésor, Employé supérieur des finances, chargé de représenter le Trésor public dans les affaires judiciaires qui le concernent. || Agent municipal, sous la première république française, Officier nommé par les communes dont la population ne s’élevait pas à cinq mille âmes, pour exercer les fonctions municipales.

Agents du clergé. Se disait autrefois d’ecclésiastiques choisis par des provinces ecclésiastiques pour avoir soin des affaires du clergé.

— Philos : Opposé de patient. Ainsi l’on-dit l’agent et le patient, pour désigner la cause qui opère et le sujet sur lequel elle opère.

— Physiq. Nom sous lequel on désigne certaines forces de la nature, comme le calorique, l’électricité, le magnétisme, etc.

— Chim. Tout corps qui, d’une manière quelconque, donne le moyen d’opérer la séparation des parties constituantes d’un composé : La chaleur est un agent d’analyse. || Par ext., Tout corps qui produit ou détermine un effet chimique quelconque : Le chlore, le gaz acide sulfureux et le charbon sont d’énergiques agents décolorants. L’acide phénique est un des agents antiseptiques les plus précieux.

— Méd. Toute substance qui peut avoir une influence ou déterminer un effet quelconque : Agent anesthésique. Agent hygiénique. Agent morbifique. Agent thérapeutique. || Agent provocateur, Dans l’anc. médecine, Ce qui causait, produisait une maladie.

— Econ. polit. Agents naturels, Forces mises à la disposition de l’homme par la nature, comme la terre, la mer, les cours d’eau, etc. || Agents personnels, Toutes personnes qui mettent en œuvre les agents naturels. || Agents de la production, Tout ce qui concourt à la formation d’un produit. || Agents de la circulation, La monnaie et les papiers de crédit qui la représentent.

— Gramm. Le mot agent est mascul., même avec un corrélatif féminin : L’eau est l’agent principal de la végétation. Vous aurez dans cette femme un très-bon agent. (Acad.) Cependant les auteurs anciens n’hésitaient pas à donner les deux genres à ce mot : Il attribue le gouvernement de ce monde à une pure intelligence, laquelle sépare, comme cause et première agente, les substances, etc. (Amyot.) Nature, laquelle est principale agente en cecy. (Amb. Paré.)

Et vous, son émissaire et son honnête agente,
C’est un vilain métier que celui d’intrigante.
Regnard.

Quelques-uns de nos écrivains modernes les ont imités : Dans ce phénomène, la nature a été la principale agente. (Littré.) Vous en avez peut-être entendu parler comme d’une agente matrimoniale. (Balz.) L’Académie paraît avoir voulu trancher la difficulté en donnant le genre féminin à ce mot, mais seulement lorsqu’il est pris en mauv. part : Je découvris que, dans cette intrigue, elle était la principale agente. (Acad.) Cette restriction justifie la phrase de Balzac, mais elle condamne celle de M. Littré.

Encycl. Econ. polit. Les agents naturels, considérés au point de vue économique, sont de plusieurs sortes : les uns fournissent la matière de la production ; ex. : la terre cultivable, les mines, les carrières, etc. ; les autres fournissent simplement une force qui vient seconder celle de l’homme, et pour ainsi dire collaborer avec lui ; telles sont la pesanteur des corps, l’électricité, la lumière, la chaleur, la force des cours d’eau, du vent, etc. Parmi les agents naturels de l’industrie, les uns sont susceptibles de devenir une propriété, les autres ne le sont pas. Ainsi la terre cultivable, les mines, peuvent être appropriées ; il n’en est pas de même du vent. Le service des agents naturels non appropriés est toujours gratuit : le service de ceux qui sont appropriés est grevé de certaines redevances au profit de ceux qui les possèdent. Du reste, l’appropriation peut être avantageuse à tous, en ce que l’homme est poussé par un intérêt à augmenter la puissance des agents qu’il s’est appropriés et dont il fait payer l’usage.

— Législ. Les agents de change nommés et assermentés ont seuls le droit de négocier les effets publics et autres susceptibles d’être cotés ; de faire pour le compte d’autrui les négociations de lettres de change ou de billets, et de toutes sortes de papiers commerçables, et d’en constater le cours. Ils peuvent faire, concurremment avec les courtiers de marchandises, les négociations et le courtage des ventes ou achats de matières métalliques. Ils ont seuls le droit d’en constater le cours. Les agents de change doivent tenir des livres, et coter sur un carnet chacune de leurs opérations ; mais ils doivent le secret à leurs clients, à moins qu’ils ne soient autorisés à les nommer soit par eux-mêmes, soit par la nature des négociations. Leurs droits sont d’un huitième à un quart pour cent pour chaque opération. Nul ne peut être nommé agent de change s’il ne jouit des droits de citoyen français et s’il a fait faillite sans avoir été réhabilité. Un agent de change ne peut, sous peine de destitution et d’amende, faire aucune opération de commerce ou de banque pour son compte, ni s’intéresser directement ou indirectement dans aucune entreprise commerciale. Destitué, il ne peut être réintégré ; en cas de faillite, il est poursuivi judiciairement comme banqueroutier. L’institution des agents de change remonte à l’année 1572, époque à laquelle Charles IX créa par un édit des courtiers de change, deniers et marchandises. Cet édit fut confirmé par Henri IV en 1595. Sous Louis XIV, ces officiers furent portés à cent seize, et prirent le titre de conseillers du roi, agents de banque, de change, commerce et finance. Supprimés en 1791 par un décret de l’Assemblée nationale, les agents de change furent rétablis par une loi du 28 ventôse an IX (19 mars 1801). Leur nombre varie selon l’importance des villes où ils sont institués. Il est aujourd’hui fixé à soixante pour la Bourse de Paris ; chacun d’eux fournit un cautionnement de 125,000 fr. Notre législation a fait de la fonction d’agent de change un monopole condamné par la science économique ; il est telle charge qui vaut plusieurs millions, et qui ne peut être exploitée que par des sociétés de capitalistes ; d’où les quarts, les huitièmes d’agents de change. Bien plus, ce monopole est devenu vénal et constitue en fait une propriété transmissible, grâce à la faculté accordée par la loi du 28 avril 1816 aux agents de change, à leurs veuves et héritiers, de présenter des successeurs. — La profession d’agent de change est libre aux États-Unis.

AGÉOMÉTRIE s. f. (a-jé-o-mé-tri — du gr. a priv. ; , terre ; metron, mesure). Ignorance de la géométrie.

AGE QUOD AGIS (a-jé kod a-jiss). Mots lat. qui signif. Fais ce que tu fais, c’est-à-dire fais ce que tu as à faire pour le moment et pas autre chose ; sois entièrement à ce que tu fais. Beaucoup de nos proverbes français se rapportent à cet axiome latin ; par exemple : « On ne peut pas être en même temps à la cave et au grenier. — Quand on chasse deux lièvres, on risque de n’en prendre aucun. » En un mot, pour qu’une chose soit bien faite, il faut y donner toute son attention. Ces mots, placés sur les murs d’une cour de collége, peuvent se traduire ainsi : « Joue quand tu es en récréation ; étudie quand tu es dans la salle d’étude. »

Ce proverbe se cite toujours sous sa forme latine :

« Elles ne me reconnaissent pas, mais moi je les reconnais, et cette fois c’est moi qui arracherai le masque ! Mon nez de carton, je te bénis, car tu me donnes sur ces deux sirènes le pouvoir qu’un magicien reçoit de son talisman. Age quod agis : nous sommes à table, mangeons ; mais je leur ménage au dessert une scène plus dramatique qu’une charade ; car, en conscience, je ne puis pas souffrir que ce pauvre Aristide épouse une habituée des bals de l’Opéra. »       Charles de Bernard.

AGÉRASIE s. f. (a-jé-ra-zî — du gr. a priv. ; geras, vieux). Méd. Vieillesse verte et vigoureuse, exempte des infirmités ordinaires à cet âge.

AGÉRATE s. m. (a-jé-ra-te — du gr. a priv. ; geras, geratos, vieux). Bot. Genre de plantes de la famille des composées, tribu des eupatoriées, et dont l’espèce la plus remarquable est l’agérate du Mexique, cultivée dans nos jardins d’agrément pour ses belles fleurs bleues, qui se succèdent durant toute l’année.

AGÉRATÉ, ÉE adj. (a-jé-ra-té — rad. agérate). Bot. Qui ressemble à l’agérate. Syn. de agératoïde. || s. f. pl. Groupe de plantes de la famille des composées et de la tribu des eupatoriées, ayant pour type le genre agérate.

AGÉRATOÏDE adj. (a-jé-ra-to-i-de — de agérate, et du gr. eidos, ressemblance). Bot. Syn. de agératé.

AGÉRATOIRE s. m. (a-jé-ra-tou-are). Bot. Syn. peu usité de agérate.

AGÉSANDRE, statuaire rhodien d’une époque incertaine, exécuta avec ses deux fils, Athénodore et Polydore, le fameux groupe du Laocoon, décrit par Pline, et retrouvé en 1506, dans les ruines des bains de Titus, à Rome, par Félix de Frédis.

AGÉSILAS Ier, roi de Sparte, vivait vers 820 av. J.-C. On ne sait rien de sa vie.

AGÉSILAS II, roi de Sparte et l’un des grands capitaines de l’antiquité, régna de 398 à 361 av. J.-C. Le fait culminant de sa vie militaire est une brillante expédition en Asie contre les Perses (395). Après avoir ravagé la Phrygie, la Carie et la Lydie, vaincu en divers combats les satrapes d’Artaxerce et glacé les Perses d’effroi, il se préparait à pénétrer au cœur de l’immense empire, lorsqu’il fut rappelé au secours de Sparte, menacée par Thèbes, Argos, Corinthe et Athènes, dont il accourut écraser les forces à Coronée (394). Dans la suite, il fut vaincu par Épaminondas à la bataille de Mantinée. Du moins on regarde comme probable qu’il commandait dans cette journée l’armée lacédémonienne, bien que Xénophon n’en fasse pas mention. Il mourut dans une tempête, au retour d’une expédition en Égypte. Pendant sa longue carrière, il avait eu successivement pour collègues quatre rois (on sait qu’à Sparte le trône était toujours occupé simultanément par deux rois).

Agésilas, tragédie de Corneille, en cinq actes et en vers, représentée en 1667. Cet ouvrage est un des plus faibles de l’auteur. Le grand homme vieillissait ; depuis 1630, il donnait au théâtre une pièce presque tous les ans ; mais il n’avait plus cette imagination féconde, cette énergie de pensées et de style qui caractérisent ses premiers chefs-d’œuvre. Ajoutons que le roi de Sparte,

     Général en idée, et monarque en peinture,


n’était pas un sujet de tragédie bien brillant. Toutefois, l’Agésilas contient encore quelques parties remarquables. Cette pièce est écrite en vers libres et croisés, comme devait l’être, un an plus tard, l’Amphitryon de Molière.

Une épigramme de Boileau, que, sans manquer à ses devoirs de critique, le sévère Aristarque aurait bien pu épargner à la vieillesse du grand poëte, a discrédité, pour toujours Agésilas :

J’ai vu l’Agésilas,
Hélas !

Mais Boileau était partisan de Racine et prêtait son appui à la réputation naissante du nouveau poëte qui, en effet, la même année, obtenait son premier succès dans Andromaque. C’étaient deux astres, dont l’un se levait quand l’autre était à son couchant.

AGESTRATE s. f. (a-jè-stra-te — du gr. agestratos, général d’armée). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des lamellicornes, originaire de Java et de la Chine, et remarquable par un chaperon d’un rouge éclatant, d’où son nom.

AGEUSTIE s. f. (a-geu-stî, g dur — du gr. a priv. ; geusis, goût). Méd. Absence de goût, diminution de la faculté de percevoir les saveurs. || On écrit aussi agheustie et agueustie.