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son activité, de sa vivacité, de son énergie : Sa mémoire s’affaiblissait de plus en plus. Le cœur s’affaiblit par la durée des mauvaises habitudes. (Domat.) La distance qu’il y a de l’honnête homme à l’habile homme s’affaiblit tous les jours. (La Bruy.) L’amour est une flamme qui, comme celle du feu, se communique, se multiplie sans s’affaiblir. (B. de St-P.)

Quoi ! déjà votre foi s’affaiblit et s’étonne ?
Racine.
L’éclat de ses rayons ne s’est point affaibli.
Lamartine.

Syn. Affaiblir, énerver. Le premier marque l’effet ; le second, la cause ; on affaiblit en énervant ; on est affaibli parce qu’on est énervé, les nerfs étant ce à quoi tient la force. De là vient qu’affaiblir se trouve quelquefois après énerver, dans la même phrase : L’imagination donne aux sens une activité précoce qui ne peut manquer dénerver, daffaiblir d’abord les individus, puis l’espèce même à la longue. (J.-J. Rouss.)

AFFAIBLISSANT (a-fè-bli-san) part. prés. du v. Affaiblir : Et ses jambes saffaiblissant, le vieillard se laissa aller sur un fauteuil. (Balz.) || Aller s’affaiblissant, S’affaiblir par degrés, diminuer peu à peu : Malade qui va s’affaiblissant tous les jours. Puis, à mesure que les deux hommes descendirent, le bruit alla s’affaiblissant. (Balz.)

AFFAIBLISSANT, ANTE adj. (a-fè-bli-san, an-te — rad. affaiblir). Qui est propre à affaiblir : Une nourriture affaiblissante. Un régime affaiblissant. La saignée réitérée est un remède affaiblissant. (Chomel.)

— Fig. Qui énerve, amollit, effémine : La plupart des femmes sont affaiblissantes par les attachements tendres qu’elles causent. (Nicole.)

AFFAIBLISSEMENT, s. m. (a-fè-bli-se-man — rad, affaiblir). Diminution des forces, débilitation ; état de ce qui est affaibli : L’affaiblissement du corps, de la vue, de la voix. Laffaiblissement où il se trouvait ne lui permettait pas de parler plus longtemps. (Mariv.)

— Diminution de poids, de titre, en parlant des monnaies : Laffaiblissement de certaines pièces de monnaie.

— Fig. Se dit de l’esprit, des passions, etc. : Laffaiblissement de l’esprit, de la mémoire. La vie austère produit laffaiblissement des passions. (Trév.) La grande misère de nos jours, c’est laffaiblissement intellectuel et moral des catholiques. (L. Veuillot.)

— Se dit particulièrement de la diminution des forces d’un État, d’un parti, d’une armée, etc. : La Savoie s’était réunie à la France, et contribuait, en Italie, à laffaiblissement de la puissance autrichienne. (Volt.) Il croyait voir dans laffaiblissement de la maison d’Autriche la liberté de l’Italie. (Volt.) C’est un désordre grave et un grand affaiblissement chez une nation que l’oubli et le dédain de son passé. (Guizot.) || Relâchement : Laffaiblissement de la discipline, de la foi.

AFFAINÉANTIR (S’) v. pr. (a-fé-né-an-tir — rad. fainéant). Devenir mou, lâche, fainéant : Les nations s’affainéantissent dans une longue paix.

AFFAIRE s. f. (a-fè-re — du lat. ad, à ; facere, faire ; ou de l’ital. affare). Chose à faire, tout ce qui est à faire, tout ce qui dans la vie est le sujet d’une occupation quelconque : Une affaire agréable, importante, ennuyeuse. Faire succéder les divertissements aux affaires. (Pasc.) Il n’a jamais eu dans sa vie que deux affaires, qui sont de dîner le matin et de souper le soir. (La Bruy). Les affaires nous dissipent. (Mass.) Les gens qui ont peu daffaires sont de très-grands parleurs. (Montesq.) La chasse est encore le seul amusement qui fasse diversion aux affaires. (Buff.) La liberté de la presse a été presque l’unique affaire de ma vie politique. (Chateaub.) Ceux qui n’ont point daffaires s’en font. (J. Leroux.) Il n’est point de petites affaires. (J. Leroux.) Le bonheur est laffaire de tout ce qui respire. (Legouvé.)

Cet hôtel est peuplé de gens peu sédentaires,
Qui du matin au soir courent à leurs affaires.
Collin d’Harleville.


|| Projet, dessein, entreprise, en un mot tout ce qu’on se prépare à faire : L’entreprise du canal du Languedoc a été une grande affaire. (Trév.) J’allais chez vous pour vous communiquer une affaire que j’ai en tête. (Mol.) Je ne dis pas mes affaires aux autres. (V. Hugo.)

Le trop d’expédients peut gâter une affaire :
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
La Fontaine.


|| Tout ce qu’on a à démêler, à discuter avec quelqu’un ; tout ce qu’on veut éclaircir, prouver ; enfin, tout ce qui intéresse directement ou indirectement : Négocier une affaire. Se charger d’une affaire. Il avait une incroyable dextérité à traiter les affaires les plus délicates. (Boss.) Il avait l’expérience des affaires du monde. (La Bruy.) Il sait trouver des expédients dans toutes les affaires. (Fléch.) Les gens les plus savants et les plus éclairés ne sont pas toujours ceux qui se conduisent le mieux dans les affaires de la vie. (J.-J. Rouss.)

Dis-lui que je n’ai point d’affaires si pressées.
Molière.
Madame, nous venons tous deux, sans vous déplaire,
Éclairicir avec vous une petite affaire.
Molière.


|| Tout ce qui se rapporte à la fortune, aux biens, aux intérêts d’un particulier : Il mourut sans avoir eu le loisir d’établir solidement ses affaires. (Boss.) Il avait appris mon emprisonnement et la déroute de mes affaires. (Le Sage.) L’homme prend soin des affaires du dehors, la femme de celles du dedans. (B. de St-P.) La Fontaine était dans la plus grande insouciance de ses affaires. (Legouvé.) Si vous avez fait ce que je vous ai mandé par ma dernière lettre, nos affaires sont dans le meilleur état du monde. (Boursault.) Je ne me mêle jamais des affaires des autres ; j’ai bien assez des miennes. (Scribe.)

Qu’est-ce ? — Nous sommes mal, monsieur, dans nos affaires.
Molière.


|| Se dit, en général, de tout ce qui tient au commerce de la vie : Aller à ses affaires. Penser à ses affaires. La plupart des gens ne se mêlent des affaires d’autrui que pour mieux faire leurs propres affaires. (St-Evrem.) Le parti le plus court, dans toutes les affaires de la vie, est celui qui ne nous laisse aucun regret. (Mme Necker.) Comme nous ne pouvions faire à Cordoue qu’une figure très-modeste, étant aussi mal dans nos affaires que nous l’étions, nous nous mîmes en chambre garnie. (Le Sage.) Causons un peu de nos affaires ; jusqu’ici, cela se présente bien. (Scribe.) Dis donc, Léon, mes affaires sont en bon train. (Scribe.) || Choses usuelles, objets servant soit à l’habillement, soit à la toilette : Vous serez habillé dans cinq minutes, toutes vos affaires sont prêtes. (A. Karr.) Mon domestique m’avait apporté quelques affaires que je voulus essayer sur-le-champ. (Balz.) Il y a cinq ou six paquets pour elle aux voitures par semaine, et les couturières, les modistes, viennent lui essayer ses affaires. (Balz.) || Tout ce qui est d’un intérêt majeur : On ne peut assez peser les mots dans les grandes affaires. (De Retz.) Dans les grandes affaires, on doit moins s’appliquer à faire naître des occasions qu’à profiter de celles qui se présentent. (La Rochef.) L’humeur fait décider les plus grandes affaires par les plus petites raisons. (Fén.) Je le savais en grandes affaires. (Vital.).|| Tout ce qui concerne les intérêts publics, tout ce qui a rapport aux événements politiques, au gouvernement, aux ministères, aux administrations etc. : Affaires publiques. Affaires d’État. Affaires politiques. (Acad.) La face des affaires changea du jour au lendemain. (Fén.) Les Romains ne désespérèrent jamais de leurs affaires. (Boss.) L’absence du chef est toujours nuisible aux affaires. (Volt.) Bientôt les affaires chancelantes forcèrent la cour de rappeler Condé en Flandres. (Volt.) Il est depuis peu conseiller d’ambassade ; il parait fin et très-propre aux affaires. (De Broglie.) Il avait une grande aptitude aux affaires d’Etat. (C. Delav.) En général, on parvient aux affaires par ce qu’on a de médiocre, et l’on y reste par ce que l’on a de supérieur. (Chateaub.) Le progrès des intérêts matériels est devenu au plus haut degré une affaire politique. (Mich. Chev.) || Ce qui se passe ou s’est passé chez un peuple : Les affaires de l’Asie étaient entièrement séparées de celles de l’Europe. (Boss.) Les Romains étaient appliqués aux affaires de la Macédoine. (Boss.)

— Employé au pluriel, ce mot emprunte très-souvent un sens tout particulier de son complément déterminatif ou de l’adjectif qui l’accompagne ; Les affaires ecclésiastiques. Les affaires spirituelles, temporelles. Les affaires d’intérêt. Les affaires humaines ne roulent pas à l’aventure. (Vaugelas.) Les affaires de la religion ne se traitent pas comme les affaires temporelles, que l’on compose souvent en se relâchant de part et d’autre. (Boss.) On a raison d’exclure les femmes des affaires politiques et civiles. (Mme de Staël.) La Providence se mêle beaucoup moins des affaires terrestres que les dévots n’essayent de le faire croire. (E. de Gir.) Toutes les affaires d’argent s’arrangent d’une manière ou de l’autre. (Balz.) Eh bien, faites-moi le plaisir de venir dîner lundi chez moi, vous causerez plus à l’aise qu’ici des affaires littéraires. (Balz.) C’est un garçon merveilleux pour les affaires de cabinet qui demandent plus d’audace que de scrupule. (C. Delav.)

Les affaires d’argent ne sont pas terminées.
C. Delavigne.

— Marché, traité, convention, transaction commerciale, spéculation financière, etc. : Affaire avantageuse. Mauvaise affaire. Faire des affaires avec quelqu’un. Être, se mettre dans les affaires. Quitter les affaires. Se retirer des affaires. Reprendre, continuer les affaires. Il était homme délié et pratique dans les affaires. (La Bruy.) Les hommes donnent l’impulsion aux affaires, et les affaires entraînent les hommes. (Levis.) Les villageois font toutes leurs affaires au cabaret. (Brill.-Sav.) À tout autre qu’à mon fils, je serais en droit de demander des intérêts ; car, après tout, les affaires sont les affaires. (Balz.) Il partit le lendemain en annonçant qu’il allait traiter daffaires avec son père. (Balz.) Mais au diable les affaires pour ce soir ! (E. Sue.) Vous avez donc cru que je venais à votre secours pour faire une affaire, et rien de plus ? (G. Sand.) Les affaires, c’est l’argent des autres. (Alex. Dum. fils.) Il est une certaine délicatesse de conscience que les affaires ternissent irrévocablement. (Renan.)

. . .En affaire, aussi bien qu’en amour,
Agir quand il le faut vaut mieux que les discours.
Boissy.


|| Tout ce qui peut causer de la peine, de l’embarras, de l’inquiétude ; soin, souci, difficulté, danger : Il s’est fait là une mauvaise affaire. Assoupir une affaire. (Acad.) Ne vous faites point de nouvelles affaires. (Le Sage.)

Que ne m’as-tu parlé de cette triste affaire ?
Alex. Dumas.
Eh bien, vous le voyez, pour être trop sincère,
Vous voilà sur les bras une fâcheuse affaire.
Molière.


|| Circonstance, conjoncture, état des choses. La nécessité des affaires obligea Dioclétien à partager l’Orient et l’Occident entre lui et Maximilien. (Boss.) En toute affaire, ils ne songent qu’au moyen d’exercer leur langue. (La Font.) || Ce qui est le sujet d’une délibération dans une assemblée, dans un conseil, etc. : Le sénat devait proposer et diriger toutes les affaires. (Boss.) On proposa laffaire en Sorbonne. (Pasc.) || Projet qu’on trame contre quelqu’un ; machination, complot : Timocrate vint me dire en grand secret qu’il avait découvert une affaire très-dangereuse. (Fén.) C’étaient eux, en effet, qui de longue main avaient préparé cette affaire. (De Barante.) || Procès, débat ; tout ce qui appartient au contentieux, tout ce qui est du ressort des tribunaux : Affaire civile, criminelle. Affaire judiciaire. Il plaide depuis dix ans entiers une affaire juste, capitale, et où il y va de toute sa fortune. (La Bruy.) À un tribunal désintéressé, laffaire eût été douteuse. (Volt.) Le matin, il y a beaucoup daffaires, et encore plus de gens affairés au palais. (Balz.)

Ce que je veux savoir, c’est le fond de l’affaire.
Etienne.
Voulez-vous de l’affaire accepter l’arbitrage ?
C. Delavigne.


|| Chose qui concerne, qui regarde : C’est à laffaire de l’éternité qu’on doit songer avant tout. La vérité morale est une affaire d’intelligence et non de goût. (Vacherot.) La philosophie est une affaire d’âme, comme la poésie et la religion. (Jouffroy.) Ce n’est pas affaire de curiosité, mais de morale politique. (Tax. Delord.) || La chose en question, l’objet dont il s’agit : Vous avez pris laffaire du biais qu’il la fallait prendre. (Mol.) Enfants, laffaire est entendue. (Fr. de Neufch.) Je vois nettement où laffaire va. (St-Evrem.) || Spécialité, génie, talent particulier : C’était laffaire de Molière de jouer les médecins. (Trév.) || Chose qui est agréable, qui convient parfaitement : Ceci fait mon affaire, est mon affaire. La politique n’est point mon affaire. (Volt.) Dès qu’il s’agit de complot et d’intrigue, c’est bien mieux votre affaire que la mienne. (Empis.)

C’eût été justement l’affaire :
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
La Fontaine.
. . . . Le moindre ducaton
Serait bien mieux mon affaire.
La Fontaine.


|| Il se dit dans le même sens des personnes : Voilà trois mois que je cherche une bonne cuisinière ; enfin, j’ai trouvé mon affaire. Léonor n’était point du tout votre affaire. (C. d’Harlev.)

. . . Ah ! monsieur, si feu mon pauvre père
Était encor vivant, c’était bien votre affaire.
Racine.


|| Engagement militaire, combat : Affaire glorieuse. Affaire sanglante. Laffaire de Denain fut un coup d’État. (Acad.) Le courage déployé par les Polonais dans cette affaire a produit ici une impression extraordinaire. (Journ.) Il fut choisi pour vous porter l’heureuse nouvelle de laffaire où il s’est distingué. (P.-L. Cour.) La plupart du temps, le corps d’armée reste étranger aux affaires d’avant-postes. (Gén. Bardin.) || Dispute, duel, combat singulier : Je viens d’empêcher deux honnêtes Parisiens d’avoir ensemble une affaire sérieuse, et peut-être de se casser la tête. (Andrieux.) Il ne sera pas huit jours dans la ville sans avoir quelque affaire avec les officiers de la garnison. (A. Duval.) Laffaire ne peut s’arranger que de la manière que je viens d’indiquer : je choisis le pistolet ; je suis l’offensé. (Balz.) Songez que vous ne devez pas souffrir que laffaire s’arrange, à moins qu’il ne se rétracte en présence de témoins nombreux et importants. (Balz.)

Voulez-vous qu’avec lui je me fasse une affaire ?
Molière.
. . . . . À ta première affaire
…Ton cœur a battu plus fort qu’à l’ordinaire.
C. Delavigne.


|| Liaison intime, intrigue amoureuse, commerce de galanterie : Affaire de cœur. Affaire d’amour. Une affaire d’amour ne tient au cœur que très-faiblement. (Le Sage.) Il n’y a qu’un engagement solide, ou ce qu’on appelle une affaire suivie, qui perde une femme. (Desmahis.) Allons, mon bon petit ange, raconte-moi les moindres événements de cette affaire de cœur. (Balz.) En affaires de cœur, les Russes sont les plus douces bétes féroces qu’il y ait sur la terre. (Custine.)

— Employé d’une manière vague, il est souvent synonyme du mot chose, pris lui-même dans un sens indéfini : Ah ! qu’une femme demoiselle est une étrange affaire ! (Mol.) Don Juan réduit l’amour à n’être qu’une affaire ordinaire. (H. Beyle.)

Tous ces raisonnements ne font rien à l’affaire.
Molière.
Ce jeune homme a poussé l’affaire un peu trop loin.
La Chaussée.

— T. d’argot. Vol à commettre ou expédition quelconque de malfaiteurs ; coup à faire : Monter une affaire.

— Dans un sens mystiq. L’affaire du salut, Le soin qu’un catholique doit prendre de lui-même par rapport à son âme et en vue de la vie future : Un homme de bien, à chaque heure, à chaque moment, a toujours ses affaires faites ; il a toujours son âme en ses mains, prêt à la rendre au premier signal. (Boss.) Pie IX a déclaré qu’il abandonnerait toute politique pour ne plus s’occuper que de l’affaire de son salut. (***.)

Affaire d’honneur, Duel, combat singulier. || Affaires du temps, Événements publics dont les esprits se préoccupent : Que dites-vous des affaires du temps ? Je viens de chez M. de Pomponne ; je l’ai entendu raisonner sur les affaires du temps ; il trouve que toutes ces grandes montagnes s’aplanissent. (Mme de Sév.) || Une affaire d’or, une affaire magnifique, etc. Une opération très-avantageuse, un marché où il y a beaucoup à gagner : Il a fait là une fort belle affaire, une superbe affaire. C’est une affaire d’or, je vous en avertis. (Desmahis.) Le temps se passe, et tu nous feras manquer une affaire d’or. (M. Masson.) || Être en affaire avec quelqu’un, Être en relations commerciales, industrielles, etc., avec quelqu’un ; traiter au moment même avec lui : Je suis en affaire avec lui pour l’achat de sa maison. Je suis en affaires avec l’abbé. (Mme de Sév.) || Parler affaires, Parier de choses sérieuses, des choses qui sont le but principal d’une entrevue, d’une conversation, d’une conférence : Je crois, Charles, que vous avez plus envie de dormir que de parler affaires. (Fr. Soulié.)

Avoir affaire, Être très-occupé, ou être appelé ailleurs par quelque chose à faire, pour une affaire : Il a affaire, il ne peut quitter. (Boss.) Malheureusement, j’ai affaire, et il faut que je m’en aille dans cinq minutes. (G. Sand.) || Avoir affaire à quelqu’un, Avoir à lui parler, avoir à traiter, à négocier avec lui : Il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif. (La Bruy.) L’homme à qui nous avons affaire n’est pas des plus fins de ce monde. (Mol.) Oh ! l’étrange chose que davoir affaire à des bêtes ! (Mol.) Il croyait encore avoir affaire à un enfant irréfléchi et craintif. (G. Sand.) Quand vous sentirez la grâce vous appeler au tribunal de la pénitence, nayez affaire quà un bon prêtre. (G. Sand.) Vous avez affaire à forte partie ; M. de L*** est littérateur jusqu’au bout des ongles. (Th. Leclercq.) Le plan de Dumouriez était de séparer autant que possible la Prusse de l’Autriche, pour navoir affaire quà un ennemi à la fois. (Lamart.) || Se dit aussi par manière de menace : Il verra à qui il a affaire. Il aura affaire à moi. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. C’est à moi qu’il aura affaire. || Avoir affaire avec quelqu’un, suppose Concours d’affaires, differend, discussion, contestation : Il faut éviter davoir affaire avec des fripons. Les médecins qui l’ont tué n’ont songé qu’à leur réputation… Heureux qui na point affaire avec ces messieurs-là ! (Volt.) || Dans le même sens, on trouve aussi avoir affaire à suivi d’un infinitif : Notable exemple de la forcenée curiosité de notre nature, s’amusant à se préoccuper des choses futures, comme si elle navait pas assez affaire à diriger les choses présentes ! (Montaig.) || Cette même locution se construit aussi avec la prép. de : Quai-je affaire de me fatiguer des pensées de la mort, pour la recevoir constamment ? Je mourrai peut-être sans y penser. (Nicole.) || Avoir affaire de quelqu’un, Avoir besoin de lui : Jai affaire de vous, ne vous éloignez pas. (Acad.) Quavons-nous affaire dun nouvel auteur, qui se pare des imaginations des Grecs, et donne au monde leurs lumières pour les siennes ? (St-Evrem.) || Se dit aussi dans le même sens avec un nom de chose pour complément :

Qu’ai-je affaire du trône et de la main d’un roi ?
Corneille.
Rendez-moi mon argent, j’en puis avoir affaire.
La Fontaine.


|| Avoir affaire à une femme, Entretenir avec elle un commerce de galanterie. || Avoir affaire ailleurs, Avoir d’autres soucis, se proposer un autre but : Or, nous qui cherchons ici à former non un grammairien ou logicien, mais un gentilhomme, laissons-les abuser de leur loisir : nous avons affaire ailleurs. (Montaig.) || J’ai bien affaire de telle personne ou de telle chose ! Je m’en soucie peu, je n’en attends aucun service, etc. : J’avais bien affaire de sa visite ! J’ai bien affaire de homme-là ! (Acad.) La république a bien affaire de gens qui ne dépensent rien ! (La Font.) || Avoir son affaire, Avoir ce qui convient, réussir : Il a été content, il a eu son affaire. || Ironiquem., dans ce sens, Recevoir correction, châtiment, leçon : Que vous vouliez ou non, elle aura son affaire. (La Font.) || Se dit aussi d’une personne mortellement blessée ou malade : Il n’y a plus rien à espérer : il a son affaire. || Dans un sens familier, Être tout à fait ivre : Je buvais une absinthe ; après quoi, javais mon affaire, là, dans le solide. (Monselet.)

C’est une affaire, la chose est grave et mérite qu’on y réfléchisse : Attaquer cette place, c’est une affaire. || Ce n’est pas une affaire, C’est une chose de peu d’importance : S’il faut être pendu, ce n’est pas une affaire.