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ADOUR, fleuve qui prend sa source dans les Pyrénées, arrose la vallée de Campan, passe à Bagnères-de-Bigorre, Tarbes, Aire, Saint-Sever, Dax, Bayonne, et se jette dans l’Atlantique au-dessous de cette dernière ville, après un cours de 280 kil. Principaux affluents : la Midouze, les deux Luy, le Gave de Pau, la Bidouze, la Joyeuse et la Nive.

ADOUX s. m. (a-dou — rad. doux). Techn. Chez les teinturiers, Pastel qui commence à jeter une fleur bleue, lorsqu’il a été mis dans la cuve.

ADOXA s. f. (a-do-ksa — du gr. a priv. ; doxa, gloire). Bot.. Nom scientifique de la moscatelle, donné à cette plante à cause du peu d’éclat de ses fleurs, petites et d’un jaune verdâtre.

ADOWA, ville commerçante de l’Abyssinie, dans le Tigré ; 10,000 hab.

ADOWLY s. m. V. Adholée.

ADPAO s. m. (ad-pa-o). MétroI. Mesure pour matières sèches, usitée dans l’Inde ; on l’évalue ordinairement au poids. À Bengalore, l’adpao vaut 119,804 gram. || On dit aussi adpowe.

AD PATRES loc. adv. (ad-pa-trèss — mots lat. qui signif. vers les ancêtres). Aller ad patres, mourir : Les malades qu’il traitait allaient ad patres dru comme mouches. (E. d’Auriac.) || Envoyer ad patres, Faire mourir : Nous méritions d’être envoyés ad patres, car enfin c’est nous qui avons commis ce crime. (Balz.) M. Rœderer fut relégué du conseil d’État, où tout se faisait, dans le Sénat, où tout se conservait. Il apprit sa nouvelle destination dans le Moniteur. Lorsque le premier consul le vit, il lui dit en riant : « Eh bien, nous vous avons placé parmi nos pères conscrits. — Oui, répondit gaiement M. Rœderer, vous m’avez envoyé ad patres. » (Mignet.)

Écoutez-moi, vous tous qui, d’Altaxerce,
N’connaissez pas la tragédie en vers ;
C’est, voyez-vous, un ouvrage qui perce……
L’âme d’tous ceux qui n’l’ont point à l’envers.
     Dans c’te pièce gn’a z’un père
     Qui d’abord, d’un air en d’sous,
     Vient nous dire qu’à la guerre
     Son garçon fait les cent coups,
     Et qu’un jour dans un’ mélée,
     Sans lui, du vieux roi Xerxès,
     Les enn’mis auraient d’emblée
     Envoyé l’fils ad patres.
Désaugiers, Cadet Buteux à la tragédie d’Artaxerce.

AD PERPETUAM REI MEMORIAM (ad pèr-pé-tu-amm ré-i mé-mo-ri-amm). Premiers mots des bulles doctrinales, énonçant le jugement rendu par le saint-siège sur une doctrine qui lui a été déférée, et qui signif. : À la mémoire éternelle du fait, de la chose. C’est par cette clause que commence la fameuse bulle de Clément XIV, qui supprime la compagnie de Jésus, et déclare « qu’il est à peu près impossible que, la société des jésuites subsistant, l’Église puisse jouir d’une paix véritable et permanente. »

Ces mots sont d’une assez fréquente application dans notre langue :

« M. Diafoirus, professeur de faculté, grisonnant et chauve, se rend en calèche aux autels de Cypris, où il est couronné de la blanche main d’une femme de tabellion, mère de famille, déjà trahie, mais pleine de sentiment et de littérature. Diafoirus, comblé, détache le ruban rouge qui le signale au respect du public, il y écrit la date de son bonheur, et le laisse, ad perpetuam rei memoriam, aux archives de sa charmante. »      L. Veuillot.

« Ces sentiments que j’ai profondément gravés dans mon cœur, je les écris ici et j’en signe l’expression de ma propre main, ad perpetuam rei memoriam. »      Crétineau Joly.

« Ici ce n’est pas un jésuite qui recueille les paroles d’un cardinal et qui les transmet ad perpetuam rei memoriam à sa compagnie détruite, mais à sa compagnie pour laquelle ce récit doit être une espérance de résurrection. »      Crétineau Joly.

ADPHALANGINE s. f. (ad-fa-Ian-ji-ne — lat. ad, auprès, et franç. phalangine). Anat. Phalangine accessoire.

AD QUEM loc. adv. (ad-kuèmm — mots lat. qui signif. pour lequel). Jurispr. S’emploie pour exprimer le jour jusqu’auquel on compte : Le jour ad quem.

ADRA, ville maritime d’Espagne, sur la Méditerranée ; 10,000 hab. Mines de plomb, les plus riches de l’Europe, qui occupent près de mille ouvriers. L’anc. Abdère des Romains.

ADRAGANT, ADRAGANTE ou ADRAGANTHE adj. et s. f. (a-dra-gan — du gr. tragos, bouc ; akantha, épine). Gomme qui sort spontanément en filets ou bandelettes des tiges et des rameaux de plusieurs espèces d’astragales : La gomme adragante est très-adoucissante. (Encycl.) C’est un amidon, qui est presque gomme adragante. (L. Figuier.)

— Selon l’Académie, on dit aussi gomme d’adragant. V. Tragacanthe, qui est une altération d’adragant, et qui a conservé l’orthographe étymologique.

Encycl. La gomme adragant se présente sous forme de petits fragments rubanés, de couleur blanche. Insoluble dans l’alcool, soluble dans l’eau bouillante, elle se gonfle dans l’eau froide et y forme un mucilage visqueux et épais. On l’a employée en médecine comme analeptique. Les pharmaciens s’en servent pour donner de la consistance aux médicaments, faire des pastilles, des loochs ; les confiseurs pour préparer des crèmes, des gelées. Elle entre dans la composition des tablettes de couleurs destinées à peindre la miniature et l’aquarelle, et sert pour apprêter les cuirs et les tissus.

ADRAGANTINE s. f. (a-dra-gan-ti-ne — rad. adragant). Chim. Principe immédiat de la gomme adragante ; il existe aussi dans la gomme qui découle de la plupart de nos arbres fruitiers. || On écrit aussi et mieux adraganthine.

ADRAMITES s. m. pl. (a-dra-mi-te — lat. Adramitæ). Géogr. anc. Ancien peuple de l’Arabie Heureuse, sur la côte méridionale de la mer Rouge.

ADRANA, auj. Eder, riv. d’Allemagne. C’est sur ses bords, que l’an xv de notre ère, Germanicus battit les Germains.

ADRASTE s. m. (a-dra-ste — nom pr.). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères ; famille des sternoxes. On le trouve aux environs de Paris.

ADRASTE, roi d’Argos, accueillit Polynice, chassé de Thèbes par son frère Etéocle, et entreprit pour le rétablir la guerre dite des Sept-Chefs. Ces chefs épuisèrent leurs efforts devant Thèbes, périrent tous, à l’exception d’Adraste, et furent vengés plus tard par leurs fils, les Epigones, qui prirent Thèbes et la dévastèrent.

ADRASTE d’Aphrodisias, en Carie, philosophe péripatéticien et mathématicien distingué, dont il ne nous reste que des fragments, vivait vers le commencement du iie siècle de notre ère. Il avait aussi écrit sur l’astronomie. — Un autre Adraste, également philosophe péripatéticien, né à Philippes, ville de Macédoine, florissait de 360 à 317 av. J.-C. On lui attribue un traité de musique en trois livres : Harmonicorum libri tres, que d’autres croient l’œuvre de Manuel Bryenne.

ADRASTÉE s. f. (a-dra-sté — n. pr.). Bot. Petit arbrisseau de la Nouvelle-Hollande.

ADRASTÉE (du gr. a priv. ; dran, fuir). Un des noms de Némésis, déesse de la vengeance, du remords, auquel il était impossible d’échapper.

ADRASTIENS adj. et s. m. pl (a-dra-sti-ain — rad. Adraste, n. pr.). Antiq. gr. Jeux pythiens institués à Delphes en l’honneur d’Apollon : Jeux adrastiens. Les adrastiens.

AD REM loc. adv. (ad-rèmm). Mots lat. qui signif. à la chose, nettement, catégoriquement, sans détour, sans ambiguïté : Répondre ad rem. || Adjectiv. Approprié à la question, à la circonstance : Ce raisonnement parut si fort, si lumineux, si ad rem ; que veux-tu ? J’entraînai l’assemblée ; jamais orateur n’eut un succès aussi complet. (P.-L. Cour.)

ADRESSANT (a-drè-san) part. prés. du v. Adresser : Une fille adressant un compliment à son père.

ADRESSANT, ANTE adj. (a-dré-san, an-te — rad. adresser). Qui s’adresse, qui est adressé. Il est vieux.

ADRESSE s. f. (a-drè-se — rad. adresser). Indication, désignation du domicile d’une personne, du lieu où l’on veut aller ou envoyer : Adresse sûre, exacte. Fausse adresse, Donner, laisser son adresse. Cette lettre n’est pas à votre adresse. Mais comment avez-vous connu mon adresse ? (Balz.) À Sèvres, le postillon qui vous a menée a dit votre adresse au mien. (Balz.) || Suscription que l’on met sur une lettre pour la faire arriver à destination : Écrire lisiblement une adresse. Je lus mon nom et mon prénom, tracés d’une main élégante sur l’adresse. (G. Sand.)

J’en connais l’écriture, elle est de Bélisaire,
Et le défaut d’adresse en marque le secret.
Rotrou.

Envoyer, porter une lettre, un paquet, un objet quelconque à son adresse, Les faire tenir aux personnes à qui ils sont adressés : Je présume qu’en envoyant les choses de messager en messager, elles arrivent à la fin à leur adresse. (Volt.) Sa Majesté sait que cette lettre n’a pas encore été envoyée à son adresse. (Alex. Dum.) Écris sous ma dictée une autre lettre, mon page attendra et les portera toutes deux à leur adresse. (G. Sand.)

Bureau d’adresses, Établissement public où chacun peut aller chercher les adresses, les renseignements dont il a besoin. || Fig. et fam. C’est un vrai bureau d’adresses, Se dit d’une maison, d’une société où se débitent toutes les nouvelles du jour. || On le dit aussi d’une personne qui est à l’affût des nouvelles pour les répandre, les colporter : Cette femme est un véritable bureau d’adresses. || Prendre quelqu’un pour son bureau d’adresses, Lui donner des commissions indiscrètes, lui demander des renseignements avec importunité.

À l’adresse, Dirigé sur, destiné à : Un ennemi ! s’écria Mercédès avec un regard de courroux à l’adresse de son cousin. (Alex. Dum.) || Fig. et fam. Cela est à l’adresse, va à l’adresse d’un tel, Se dit d’une malice dirigée contre une personne que l’on désigne, sans la nommer cependant. || Le trait est allé, est arrivé à son adresse, Il a été senti, compris. || On le dit aussi des compliments, des éloges adressés indirectement : Êtes-vous bien sûr que les louanges iront à leur adresse ? (Brill.-Sav.)

— Polit. Discours, allocution ayant pour objet une demande, une adhésion, une félicitation, etc. présentée par un corps constitué, par une réunion de citoyens : L’adresse de la Chambre des députés a donné lieu à de vifs débats. Richard Cromwell n’emporta que deux grandes malles remplies des adresses qu’on lui avait présentées pendant son petit règne. (Chateaub.)

Encycl. Dans le langage politique ; l’adresse est un discours dans lequel un corps constitué exprime au souverain ses sentiments et ses vœux. Dans un sens plus restreint, c’est la réponse que, dans les monarchies constitutionnelles, les chambres législatives font, à l’ouverture de chaque session, au discours de la couronne. L’usage des adresses est originaire d’Angleterre ; il a passé dans les mœurs de la plupart des États constitutionnels. En France, sous le gouvernement parlementaire, de 1815 à 1848, la discussion de l’adresse avait une grande importance. C’est dans une de ces adresses que la Chambre des députés flétrit ceux de ses membres qui avaient fait visite au comte de Chambord à Belgrave-Square, qu’elle rejeta le traité conclu avec les Anglais pour le droit de visite, qu’elle empêcha une expédition projetée contre Madagascar. L’adresse des deux cent vingt et un, au roi Charles X, ainsi nommée parce qu’elle fut votée par une majorité de 221 membres contre 181 opposants, fait époque dans notre histoire parlementaire. Mal accueillie par le roi, qu’elle invitait à se prononcer entre les ministres et la majorité, elle amena la dissolution de la Chambre et bientôt la révolution de Juillet. « La révolution de 1830, dit M. de Cormenin, date chronologiquement de juillet, mais elle était renfermée dans l’adresse des deux cent vingt et un. » La révolution de Février fut également le résultat d’une discussion de l’adresse. Supprimée après cette révolution, l’adresse a été rétablie en 1861. Le droit d’interpellation n’existant pas dans la constitution qui nous régit actuellement, la discussion de l’adresse est la seule occasion offerte à l’opposition de réclamer le couronnement de l’édifice ; c’est la seule issue ouverte à l’esprit de liberté : de là l’intérêt qui s’y attache dans le pays et la place étendue qu’elle occupe dans les débats de notre Corps législatif. À ce point de vue des revendications libérales, la discussion de l’adresse de cette année (janvier 1864) paraît devoir marquer dans notre histoire.

Anecdotes. J.-B. Rousseau venait de montrer à Voltaire cette ode pompeuse qui a pour titre :

à la postérité !

« — Qu’en pensez-vous ? lui dit-il, avec un certain mouvement d’orgueil.

— Je crois qu’elle n’ira pas à son adresse, répondit Voltaire en hochant la tête. »

Un cavalier maladroit avait heurté rudement un passant. Comme celui-ci murmurait un peu haut, le cavalier, se croyant insulté, tira une carte de sa poche et la présentant à son adversaire : « Voici mon adresse, dit-il. Eh, monsieur, reprit l’autre vivement, que ferais-je de votre adresse ? gardez-la pour mieux conduire votre cheval. »

ADRESSE s. f. (a-drè-se — rad. adresser). Dextérité, habileté dans les exercices du corps : Manier un cheval avec adresse. Cet ouvrier apporte beaucoup d’adresse dans son état. L’adresse n’est qu’une juste dispensation des forces que l’on a. (Montesq.) Les courses de bague faisaient paraître avec éclat son adresse à tous les exercices. (Volt.) Les balles, les raquettes, le cerceau, la corde sont des jeux qui exigent une certaine adresse et qui fortifient les enfants. (Mme Campan.) Sa libéralité donnait des ailes aux plus paresseux, et de l’adresse aux plus gauches. (G. Sand.)

— Fig. Ruse, finesse, habileté, dextérité d’esprit : Pour réussir à la cour, il faut plus d’adresse que de bonne foi. (Trév.) Métophis avait eu l’adresse de sortir de prison. (Fén.) Quelle adresse à s’attirer la confiance des partis (Fléch.) Elle conquit la Suède par force et par adresse. (Volt.) Les ministres eurent l’adresse de faire une paix particulière avec la Hollande. (Volt.) Elle usa de toute son adresse pour établir chez elle son poëte. (Balz.)

Certes, ma sœur, le conte est fait avec adresse.
Corneille.
Le ciel punit ma faute, et confond votre adresse.
Racine.
Quand on a de l’adresse, on ne peut avoir tort.
Desmaris.
Pour la gagner, j’avais joué d’adresse,
Andrieux.


|| S’emploie dans le même sens au pluriel : C’est encore ici une des plus subtiles adresses de votre politique. (Pasc.) Les Romains subjuguèrent les Gaulois plus encore par les adresses de l’art militaire que par leur valeur. (Boss.) Les hommes sont fort pénétrants sur les petites adresses qu’on emploie pour se louer. (Vauven.) Elle avait les finesses, les adresses et les grâces de la société. (Ste-Beuve.)

Il faudra que mon homme ait de grandes adresses,
Si message ou poulet de sa part peut entrer.
Molière.
Vous savez sa coutume, et sous quelles tendresses
Sa haine sait cacher ses trompeuses adresses.
Racine.

Tour d’adresse, Tour, escamotage, etc., que l’on fait avec les mains : Cet escamoteur est admirable par ses tours d’adresse. Ce prestidigitateur étonne par ses tours d’adresse. Le mulâtre s’en allait causer avec les domestiques blancs de l’habitation, qu’il récréait par ses tours d’adresse. ( Rog. de Beauv.) || Fig. Finesse d’esprit : Il lui a joué un tour d’adresse incroyable.

— Littér. Adresses de style, Finesses, tournures délicates dans la manière d’écrire : Fontenelle est surtout remarquable par ses adresses de style. (Raym.)

— Peint. Adresse de pinceau, Touche tellement sûre qu’elle n’oblige pas l’artiste à revenir sur ce qu’il a fait. || Plur. Certaines touches faciles et légères qui produisent des effets inattendus. || Dans la sculpture et la gravure, on dit, par anal. : Adresse de ciseau, adresse de burin.

Syn. Adresse, art, dextérité, entregent, habileté, industrie, savoir-faire. L’habileté se dit de la facilité, du tact qu’on apporte dans la conduite et dans la direction d’une affaire ou d’un travail : Je trouvai cette idée digne d’un homme qui nous a donné des preuves de son habileté. (Buff.) L’art suppose de l’étude : Le général des ennemis a plus d’art, de justesse et de suite que le nôtre. (Fén.) L’industrie suppose de l’invention dans les moyens : Je n’avais de ressource que dans mon industrie. (Fén.) Le savoir-faire n’est que de l’habitude : Être riche par son savoir-faire. (La Bruy.) L’adresse suppose de la justesse dans les mouvements : L’adresse est une juste disposition des forces que l’on a. (Montesq.) La dextérité indique de l’habileté dans les travaux de la main : Cyrus s’avance gravement, et, tenant la coupe, il la présente avec une grâce et une dextérité merveilleuses. (Roll.) L’entregent est le savoir-vivre : Je n’avais pas laissé, malgré mon peu d’entregent, de faire dans cette maison quelques connaissances. (J.-J. Rouss.)

Antonymes. Gaucherie, impéritie, ineptie, inhabileté, lourderie, maladresse, malhabileté.

Anecdotes. Un ami de Lamotte donna, en présence du poëte, des coups de canne à un individu. Il en résulta un procès, et Lamotte, appelé comme témoin, se tira d’affaire avec beaucoup d’adresse : « J’ai la vue très-basse, dit-il, je n’ai pas vu donner les coups de canne, je n’ai fait que les entendre. »

Quelques jeunes officiers de Pyrrhus ayant dit dans un repas beaucoup de mal de ce prince, celui-ci les fit venir en sa présence et leur demanda si ce qu’on lui avait rapporté était vrai : « Oui, seigneur, répondit l’un d’eux, et nous en aurions dit bien davantage si le vin ne nous eût manqué. » Cette réponse adroite fit sourire le prince et sauva les coupables.

Un filou des plus adroits, qui, pour le moment, était à la recherche d’un chapeau, sortait d’une église au milieu de la foule. Il aperçoit devant lui un particulier tenant sous le bras un castor des plus fins, et il le tire prestement. Le bourgeois sent que son chapeau s’échappe et il se met à crier : « On prend mon chapeau ! … » Alors le filou, mettant sur sa tête le couvre-chef qu’il vient de dérober et l’enfonçant avec les deux mains : « Je défie, dit-il, qu’on prenne le mien. » Et chacun de le laisser passer sans le moindre soupçon.

Une somme considérable venait d’être dérobée à un riche planteur des Barbades. Voici la ruse adroite qu’il employa pour découvrir le coupable. Il assemble ses nègres : « Mes amis, leur dit-il, le Grand-Serpent m’est apparu pendant la nuit, il m’a dit que le voleur aurait dans ce moment même une plume de perroquet sur le nez. » Le coupable porta immédiatement la main sur son visage. « C’est toi qui m’as volé, lut dit le maître, le Grand-Serpent vient de m’en instruire. » Et il se fit rendre son argent.

Le comte de R… ne voulait à son service aucune personne mariée ; cependant son intendant avait transgressé ses ordres, et était marié secrètement depuis quelques années. Le comte en fut instruit ; mais comme il tenait beaucoup à cet homme, il feignit de l’ignorer. Un jour le comte, que l’on croyait parti pour la campagne, rentra subitement et trouva son intendant entouré de trois jeunes enfants. « Quels sont ces enfants ? dit-il brusquement en fronçant le sourcil. — Monsieur, ce sont les neveux de mon frère. » Le comte ne put retenir un sourire à cette adroite réponse ; mais reprenant son sérieux : « À la bonne heure ! » dit-il.

Un Gascon, forcé d’aller presque nu-pieds, imagina cet adroit expédient pour se procurer des chaussures. Il va chez un cordonnier et se fait prendre mesure d’une paire de bottes, en recommandant qu’on les apporte à jour et à heure fixes. Il se rend ensuite chez un autre cordonnier, auquel il fait la même demande de fourniture et la même recommandation, en ayant soin seulement d’indiquer une heure différente. Le premier cordonnier arrive et notre Gascon essaye ses bottes. Mais