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tîmes. (Balz.) Il est des vérités secondaires qui tirent leurs preuves de l’acquiescement général des esprits. (Chateaub.) Toute la morale évangélique repose sur l’acquiescement de l’homme et non sur sa volonté propre. (Ballanche.) En affirmant, il rend témoignage d’un fait interne, savoir l’acquiescement de son esprit à une notion, à une idée qui lui est actuellement présente. (Lamenn.) Le silence fait toujours un peu l’effet de l’acquiescement. (V. Hugo.) Les hommes sont associés par la loi physique et mathématique de la production avant de l’être par leur acquiescement. (Proudh.)

— Jurispr. Adhésion que donne une partie à un acte, à une procédure, ou à l’exécution d’un jugement. L’acquiescement est exprès ou tacite : exprès, lorsqu’il est fait par acte authentique ou sous seing privé, par adhésion mise à la suite d’un jugement, ou même par lettre missive ; tacite, lorsqu’il résulte du silence de la partie ou d’actes émanés d’elle excluant l’intention de se pourvoir contre une procédure ou contre un jugement.

Syn. Acquiescement, agrément, adhésion, approbation, consentement. Acquiescement est plus faible qu’approbation, et n’implique nullement l’approbation d’un avis auquel on se rend souvent par importunité : J’ai fini par lui donner mon acquiescement. L’approbation est une sorte de louange que l’on accorde : Le sénat, dont l’approbation tenait lieu de récompense. . . (Boss.) L’agrément est un consentement que l’on demande par égard, mais dont on pourrait se passer : Il ne veut rien faire sans l’agrément de son protecteur. Le consentement est un acte formel et nécessaire : On ne peut se marier sans le consentement de ses père et mère avant l’âge fixé par la loi. La ratification est une approbation donnée à ce qu’un autre a fait en notre nom : Ratification d’un traité. L’adhésion est un acte par lequel on se joint formellement à des opinions, à des doctrines, etc. : M. de Meaux avait l’adhésion des principaux prélats de France. (Volt.)

ACQUIESCENCE s. f. (a-ki-èss-san-se — rad. acquiescer). Action d’acquiescer. Inusité.

ACQUIESCER v. n. ou intr. (a-ki-èss-sé — du lat. ad, sur ; quiescere, se reposer. — Le c final du radical prend une cédille devant les voyelles a, o : Nous acquiesçons, j’acquiesçais). Déférer, céder, adhérer à ; se soumettre, se conformer à : Acquiescer aux sentiments, aux volontés d’autrui. (Acad.) L’on me dit que je puis du moins acquiescer à cette doctrine. (La Bruy.) Il est naturel d’acquiescer à la voix de sa propre conscience. (Dider.) Je n’acquiesce pas à cette domination que les femmes doivent s’arroger selon vous. (G. Sand.) Le chef fit de la tête un signe annonçant qu’il acquiesçait à leur demande. (Alex. Dum.)

— Absol. : Je suis très-aise que le P. Toquet acquiesce. (Boss.) Rien ne démontre plus visiblement la spiritualité de l’âme que la liberté d’acquiescer et de résister. (J.-J. Rouss.) Qui dispute doute ; qui acquiesce croit. (Ste-Beuv.)

— Peut s’employer avec un nom de chose pour sujet : Le vrai subjectif peut être défini : ce à quoi la raison humaine acquiesce. (Lamenn.)

— Jurispr. Adhérer à un jugement, à une décision, à un acte, c’est-à-dire les tenir pour signifiés, et promettre de s’y conformer.

Syn. Acquiescer, céder, rendre (se). On acquiesce par amour de la paix : Il ne faut pas acquiescer à l’aveugle aux sentiments de ceux qui nous entourent. (Dider.) On cède par déférence ou par nécessité : On peut céder à la force. (Blanqui.) Il faut céder à nos supérieurs. (Acad.) On se rend par faiblesse ou par conviction : Cet avis parut si sage que chacun s’y rendit. (Balz.)

Syn. Acquiescer, accéder, adhérer, consentir, souscrire. V. Accéder.

Antonymes. S’opposer, protester contre, se refuser à, regimber, résister.

ACQUIS, ISE (a-ki, i-ze) part. pass. du v. Acquérir. Qu’on a rendu sien, dont on est devenu propriétaire : Posséder, qu’est-ce ? sinon être libre d’user à son gré de la chose acquise. (H. Passy.) Ils ne voulaient pas d’un bien si misérablement acquis. (Alex. Dum.)

— Par ext. Obtenu par l’étude, le travail, le mérite, ou par quelque moyen que ce soit : Les notions acquises par l’expérience sont souvent imparfaites et quelquefois douteuses. (Fén.) On méprise les richesses acquises par la flatterie. (Fén.) Les réputations mal acquises se changent en mépris. (Vauven.) Il n’y a de richesses honorables et permanentes que celles qui sont acquises et possédées par la vertu. (J. de Maistre.) Je parle des femmes qui ont une célébrité acquise par la supériorité de leurs charmes. (L. Gozl.)

Et plus le bien qu’on quitte est noble, grand, exquis,
Plus qui l’ose quitter le juge mal acquis.
Corneille.


|| Particulièrem. et dans le même sens, Qui provient de l’éducation, par oppos. à naturel. Dans ce cas, il s’empl. le plus souvent absol. : Vertus, connaissances acquises. La plupart de nos fruits ont une douceur acquise par la culture. Certaines femmes ont des grâces naturelles qui ne sont nullement acquises. Nous ne vivons plus dans un siècle où l’on examine sérieusement si Adam a eu la science infuse ou non ; ceux qui ont si longtemps agité cette question n’avaient la science ni infuse ni acquise. (Volt.) Ils joignent les vertus acquises aux talents naturels. (D’Aguess.) || Dévoué : Je vous suis acquis. Je vous suis tout acquis. Vous n’avez point d’ami plus fidèle ni de serviteur plus acquis. (Boss.) Vous direz à Son Excellence que je lui suis tout acquis. (La Font.) L’archevêque de Reims vous est fort acquis. (Mme  de Sév.)

Assurez-vous sur moi, je vous suis tout acquise.
Corneille.
. . . . . . . Pardieu, je vous suis tout acquis.
Quant aux conditions, ordonnez . . . . .
V. Hugo.


|| Admis, reconnu comme vrai : Aujourd’hui le fait est acquis et le but est atteint. (Mich. Chev.)

— Prov. Le bien mal acquis ne profite jamais, On ne peut jouir en paix du bien obtenu par des voies illégitimes. || Les Orientaux disent métaphoriquem. Le pain mal acquis remplit la bouche de gravier.

— Méd. Désignation appliquée aux maladies qui surviennent apres la naissance, et sans disposition héréditaire ni organique.

ACQUIS s. m. (a-ki — rad. acquérir). Connaissances acquises par l’expérience, par l’étude ; usage du monde : Il est certain qu’en chose pareille le naturel vaut mieux que l’acquis. (Charron.) Il était bien fait, brave, spirituel, avait de l’acquis ; savait la guerre. (Tall. des Réaux.) C’était un homme plein d’acquis, affable avec ses inférieurs. (Balz.) On trouve dans ces peintures un mélange d’acquis et d’ignorance qui dénote un art vieillissant. (Lenormant.) || On disait autrefois acquisitif. V. ce mot. || Se dit aussi des animaux : Le chien a plus d’acquis que les autres animaux. (Buff.) || Relations dans le monde, influence qu’elles procurent : Plus on a d’acquis dans le monde, moins on sait défendre ses amis. (Volt.)

ACQUISITIF, IVE adj. (a-ki-zi-tif, i-ve — du lat. acquisitivus, qui procure). Qui a rapport à l’acquisition. || Qui équivaut à une acquisition : Prescription acquisitive.

— s. m. Signifiait autrefois, Connaissances acquises par l’étude, le travail : Marguerite d’Orléans, reine de Navarre, était une princesse de très-grand esprit, tant de son naturel que de son acquisitif. (Brantôme.)

ACQUISITION s. f. (a-ki-zi-si-on — lat. acquisitio, même sens). Action d’acquérir à prix d’argent : Faire l’acquisition d’une terre, d’un cheval, etc. Peut-être monsieur le baron veut acheter une propriété. — Non, je ne désire point faire d’acquisition, en ce moment du moins. (Fr. Soulié.) Il caressait l’acquisition prochaine d’une cargaison de soie arrivant de Smyrne. (G. Sand.) L’argent est un moyen général d’acquisition, sans être un moyen de production par lui-même. (J.-B. Say.) || La chose acquise : Venez voir ma nouvelle acquisition. (Acad.)

— Par ext. Action d’acquérir par le travail, les efforts : Il songeait à des acquisitions d’honneur et de gloire. (Fléch.) C’est un des bienfaits de la civilisation de procurer à l’homme beaucoup de jouissances et de lui en rendre l’acquisition facile. (Peyrat.) || Se dit des personnes : Cette province se prépare à vivre sous vos lois, et vous regarde comme l’acquisition la plus précieuse qu’elle pût faire. (Fléch.) En un mot, chacun témoigne que j’étais une bonne acquisition pour la troupe. (Le Sage.) || Se dit aussi des qualités, des vertus : La délicatesse n’est pas une acquisition de l’âme. (Pasc.) Il était puissant par la parole comme les orateurs, riche des acquisitions de l’esprit comme les savants. (Ch. Nod.) Remplacez la perte d’un avantage ou d’un agrément par l’acquisition d’une vertu. (Boiste.) L’acquisition des idées produit les mêmes effets bons et mauvais chez les deux sexes. (H. Beyle.) || Adjonction d’une province à un État : Le monument qui immortalise le cardinal Mazarin, c’est l’acquisition de l’Alsace. (Fléch.) L’acquisition de Cuba par les États-Unis, partisans de l’annexion. (Journ.) || Conquête de l’homme sur la nature, découverte : Toutes les grandes acquisitions de l’industrie et de l’intelligence se sont faites avec une excessive lenteur et par des agrégations inaperçues. (Balz.)

Encycl. Droit. Action par laquelle on devient propriétaire d’une chose quelconque. On acquiert par succession, par donation, par testament comme par achat ou échange. La propriété s’acquiert encore par accession et par prescription. On acquiert à titre universel quand on succède à tous les droits d’une personne ; à titre particulier, quand il s’agit de choses déterminées ; à titre onéreux, lorsqu’on donne l’équivalent de ce qu’on reçoit, comme dans la vente ou l’échange ; à titre gratuit, quand on acquiert sans rien débourser, comme dans la donation.

Syn. Acquisition, achat, emplette. V. Achat.

Antonymes. Cession, vente.

ACQUISIVITÉ s. f. (a-ki-zi-vi-té — rad. acquis). Phrénol. Instinct qui porte l’homme à acquérir : L’acquisivité n’implique pas l’avarice. (Th. Thoré.) L’organe de l’acquisivité est borné en haut par l’espérance. (Th. Thoré.) Spurzheim a appelé, dans son langage un peu barbare, organe de l’acquisivité, celui que Gall avait appelé l’organe du vol. (Mignet.)

ACQUIT s. m. (a-ki — rad. acquitter). Action de s’acquitter, accomplissement : Vous devez toujours appréhender la négligence, en l’acquit de vos devoirs. (Boss.) || Quittance, décharge : Cette femme a signé l’acquit de vos dettes. (La Bruy.)

Tenez, j’avais au bas mis mon acquit d’avance.
Andrieux.

— Fig. Par acquit de conscience, pour l’acquit de sa conscience, Pour en avoir la conscience déchargée : Pilate se lava les mains par acquit de conscience. Le médecin se retira en disant qu’il ne reviendrait le lendemain que pour l’acquit de sa conscience. (G. Sand.) Leurs premiers maîtres les ont dressés par acquit de conscience. (E. About.) || Par manière d’acquit, Négligemment, et seulement parce qu’on ne peut s’en dispenser : On n’en fit qu’une commémoration fort légère et par manière d’acquit au concile de Nicée. (Volt.)

Pour acquit, Formule écrite au bas d’un mémoire, d’une facture, etc., et qui constate qu’on en a reçu le montant.

Acquit comptable, Pièce à décharge qui appuie les énonciations du registre journal, dans la comptabilité militaire. || Acquit-patent. Anc. chancell. Brevet du roi portant gratification d’une somme quelconque, et servant de décharge à celui qui devait en faire le payement.

— Financ. Quittance imprimée sur papier timbré, qui est expédiée et délivrée aux voituriers, commissionnaires ou négociants, par les commis, receveurs et contrôleurs des bureaux des impositions indirectes, des octrois et des douanes. On distingue trois sortes d’acquits : 1° l’acquit de payement, qui porte l’indication de la quantité, de la qualité et du poids de la marchandise, de la somme payée pour les droits d’entrée et de sortie, du nom de l’expéditeur et du destinataire, du lieu de la destination et de la route à suivre par le voiturier ; 2° l’acquit-à-caution, qui permet, sans payer de droits, de transporter des marchandises d’un entrepôt à un autre, sous la garantie qu’elles seront visitées au bureau de leur destination et que les droits y seront acquittés ; 3° l’acquit-à-caution de transit, qui se délivre pour l’importation ou l’exportation des marchandises affranchies du payement des droits.

— Jeu. Au billard, Donner l’acquit, Jouer le premier coup, et le plus près possible de la bande, pour rendre difficile le coup du joueur qui vient ensuite. || Se dit particulièrem. à la poule.

Syn. Acquit, quittance, reçu. L’acquit est la décharge complète d’un engagement : Mettez votre acquit au bas de ce billet. (Acad.) La quittance n’est ordinairement qu’une décharge incomplète : Quittance du dernier terme. Le mot acquit est surtout commercial, et s’applique aux mémoires, factures ou billets ; quittance s’emploie dans les transactions ordinaires de la vie : Quittance de fournitures, de loyers. Reçu a le même sens, à peu près, que quittance, avec une acception un peu moins étendue : On donne une quittance générale après avoir délivré des reçus partiels.

ACQUIT-À-CAUTION s. m. || Pl. des acquits-à-caution. || V. l’article précédent.

ACQUIT-PATENT s. m. Anc. chancell. || Pl. des acquits-patents. V. Acquit.

ACQUITTABLE adj. (a-ki-ta-ble — rad. acquitter). Qui est susceptible d’être acquitté. Se dit des personnes et des choses : Un accusé acquittable. Une dette acquittable.

ACQUITTANT (a-ki-tan) part. prés. du v. Acquitter.

ACQUITTÉ, ÉE (a-ki-té) part. pass. du v. Acquitter. Payé, soldé : Billet acquitté. Mes lettres de change seront acquittées. (Balz.)

— Par ext. Déclaré non coupable : Nous comparûmes au tribunal de l’inquisition, mais nous fûmes acquittés. (Chateaub.) Ma jeunesse et mon air de sincérité me gagnèrent l’esprit des juges ; je fus promptement acquittée. (G. Sand.) || Substantiv. dans ce sens : L’acquitté a droit d’attaquer ses dénonciateurs en dommages et intérêts.

— Fig. Dégagé de toute reconnaissance : Je serais encore obligée de compter sur votre modestie et votre désintéressement pour me croire acquittée avec vous. (G. Sand.)

— Syn. Acquitté, quitte. On s’est acquitté quand on a payé tout ce que l’on doit pour le moment ; on est quitte quand on ne doit plus rien du tout : On a beau s’être acquitté journellement de ses devoirs, on n’est jamais quitte. (Guizot.)

ACQUITTEMENT s. m. (a-ki-te-man — rad. acquitter). Action d’acquitter, de payer, de rembourser ce que l’on doit : L’entier acquittement des dettes d’une succession. (Acad.) L’acquisition de la propriété, par héritage ou par contrat, est assujettie à l’acquittement d’un droit. (Mignet.)

— Par ext. : Ses emplois, ses dignités, ses richesses ne lui paraissaient qu’une dette dont l’acquittement exigeait le sacrifice de sa vie entière. (De Nivernois.)

— Jurispr. Renvoi d’un individu reconnu non coupable : Les acquittements sont devenus plus fréquents depuis l’institution du jury. L’acquittement est prononcé par le président après que le jury a déclaré l’accusé non coupable. L’acquittement des accusés a été prononcé. (Acad.)

— Syn. Acquittement, absolution. V. Absolution.

ACQUITTER v. a. ou tr. (a-ki-té — bas lat. acquitare, même sens). Solder, payer : Acquitter les droits de succession, les droits d’octroi. Le roi se charge même d’acquitter les dettes de ses prédécesseurs. (D’Aguess.) Elle acquittait ce qu’elle devait avec une exactitude surprenante. (Boss.) Je viens vous prier de vouloir bien acquitter une petite note de deux mille sequins, qui vous sera présentée à la fin du mois. (G. Sand.) Elle était bien sûre que chaque dette qu’elle acquittait ferait naître d’autres dettes semblables. (G. Sand.) || Reconnaître, au moyen de la formule ordinaire d’acquit, qu’une facture, un billet à ordre, une lettre de change, etc., ont été payés : Le tailleur m’acquitte sa note, son mémoire. || Rendre quitte, libérer : Cet homme bienfaisant a acquitté tous ses débiteurs. Il a acquitté entièrement son fils. Il doit encore sur sa charge, mais il ne tardera pas à l’acquitter complètement. || Fig. dans ce dernier sens : Le juste paye ce qu’il ne doit pas et acquitte les pécheurs de ce qu’ils doivent. (Boss.) La reconnaissance n’acquitte pas d’un grand bienfait, elle n’en peut payer que les intérêts. (Beauch.)

— Fig. Remplir, accomplir, en parlant d’un devoir, d’un engagement, d’une obligation : Acquitter sa promesse, sa parole. J’aurais acquitté mon devoir en t’indiquant le chemin dans ce bas monde. (Mme  Camp.) || Payer une dette de reconnaissance : Rien ne saurait m’acquitter envers vous. La vanité, par son indiscrétion, acquitte la reconnaissance. (Boiste.)

Xipharès, en un mot, devenant votre époux,
Me venge de Pharnace et m’acquitte envers vous.
Racine.


|| Acquitter sa conscience, Agir suivant le dictamen de la conscience.

— Jurispr. Déclarer quelqu’un innocent de l’accusation portée contre lui : La cour vient de l’acquitter. || Se dit des choses : Le censeur condamne ce que le magistrat acquitterait. (Chateaub.)

— Absol. : Les tribunaux de police n’acquittent ni n’absolvent ; ils renvoient de la plainte.

S’acquitter, v. pr. Se libérer d’une dette, se rendre quitte : Je m’acquitte par là de ce que je vous dois. (Mol.) Il s’acquitta envers lui et malgré lui des avances qu’il en avait reçues. (G. Sand.)

D’une dette d’honneur dans le jour on s’acquitte.
C. Delavigne.

— Absol. Qui s’acquitte s’enrichit.

— Fig. Satisfaire à ; accomplir, remplir : Je lui ai une obligation dont il faut que je m’acquitte avant toutes choses. (Mol.) Il y de la grandeur à s’acquitter constamment des mêmes devoirs. (Fléch.) Le trop grand empressement qu’on a de s’acquitter d’une obligation est une espèce d’ingratitude. (La Rochef.) Il n’y a rien qui plaise plus à Dieu que les âmes qui sont tendres à s’acquitter de leurs devoirs. (Rancé.) || Témoigner sa reconnaissance d’un service : Sire, je dois beaucoup à Votre Majesté, mais je pense m’acquitter en lui donnant Colbert. (Mazarin.) Souffrez que je lui rende ici ce qu’il m’a prêté et que je m’acquitte de la vie que je lui dois. (Mot.) Il avait de si grandes obligations à cet excellent homme, qu’il était avide de trouver un moyen de s’acquitter. (G. Sand.)

Hélas ! de tant d’amour et de tant de bienfaits,
Mon père, quel moyen de m’acquitter jamais ?
Racine.

— Exécuter, venir à bout d’une chose : Mon Dieu, mademoiselle, vous vous en êtes acquittée à merveille. (Mol.) On doit être bien aise de sen acquitter comme vous faites. (Mme  de Sév.) Le marché fut accepté, et l’exécuteur s’acquitta de la seconde commission avec autant de scrupule que de la première. (Duclos.) Je voulus remontrer à la dame que, n’ayant jamais rempli le métier d’intendant, je craignais de ne pas bien men acquitter. (Le Sage.) Lorsqu’il les débitait à son père, il sen acquittait de si bonne gràce que le marquis en pleurait de joie. (Le Sage.) Il lui demanda la permission de l’embrasser, ce dont il s’acquitta avec assurance. (G. Sand.)

Et n’ai-je pris sur moi le soin de tout l’État
Que pour m’en acquitter par un assassinat ?
Racine.

— T. de jeu : Regagner ce qu’on a perdu sur parole : S’acquitter d’un seul coup.

Syn. Acquitter, s’acquitter, payer. L’obligation que vous avez acquittée n’a plus de valeur ; l’obligation dont vous vous êtes acquitté ne vous pèse plus. On paye une dette en donnant une somme en retour de ce qu’on a reçu ; on acquitte une dette en s’acquittant ou en acquittant un devoir, une obligation.

ACRA s. m. (a-kra). Idiome parlé dans la Nigritie.

ACRANIE, s. f. (a-kra-ni — du gr. a priv. ; kranion, crâne). Térat. Absence totale ou partielle du crâne.

ACRANIEN, ENNE adj. (a-kra-ni-ain, è-ne — rad. acranie). Qui est dépourvu de crâne.

ACRANTE s. m. (a-kran-te — du gr. akrantos, mutilé). Erpét. Genre de lacertiens ou lézards, famille des pléodontes. Il ne comprend qu’une seule espèce, l’acranto vert d’Azara.

ACRANTHÈRE s. m. (a-kran-tè-re — du gr. akron, sommet ; anthèros, fleuri). Bot. Genre de plantes rubiacées, voisin des mussendes. On n’en connaît qu’une espèce, indigène à l’île de Ceylan.

ACRASIE s. f. (a-kra-si — du gr. a priv. ; krasis, modération). Toute espèce d’intempérance. Ce mot se prend souvent pour acratie.