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du président Bégat, signé de la devise de ses ancêtres : À tous accords, cette jeune personne l’appela, dans sa réponse, Seigneur des accords, et c’est sous ce nom qu’il fit imprimer depuis tous ses autres ouvrages.

ACCORE s. f. (a-ko-re — de l’angl. ashore, sur le bord). Mar. Pièce de bois droite qui sert à la fois à placer, à soutenir et à maintenir un objet quelconque dans une position déterminée. || Se dit aussi du bord d’un banc, d’un récif, et de la partie submergée d’une côte ou d’un rocher. Ainsi, être à l’accore, aux accores ou sur les accores d’un de ces objets, c’est en être très-près : Le vent tint la corvette adossée contre ce mur de coraux sous-marins, aux accores duquel on ne trouvait point de fond. (Dum. d’Urv.) || Étançon pour étayer un vaisseau en construction ou en réparation. || Grosse poutre servant à certaines manœuvres de précision.

— Adj. Se dit d’une côte élevée fortement inclinée ou coupée verticalement à la surface de la mer : La mer Rouge offre de grands avantages à la marine à vapeur : un chenal profond et libre de tout écueil, des côtes accores. (L. Figuier.)

Homonymes. Accord, accort.

ACCORÉ, ÉE (a-ko-ré) part. pass. du v. Accorer : Navire accoré.

ACCORER v. a. ou tr. (a-ko-ré — rad. accore). Mar. Appuyer, maintenir par des accores un bâtiment en construction ou en réparation. || Poser des accores à une charpente pour la supporter et l’assujettir dans la position qu’elle doit occuper.

— Par ext. Accorer un tonneau, une malle, etc., L’assujettir en y mettant des liens, des coins, pour l’empêcher de vaciller et de se mouvoir, soit dans les chambres des vaisseaux, soit dans la cale.

ACCORNÉ, ÉE (a-kor-né) part. pass. du v. Accorner. Fortif. Qui est défendu, couvert par un ouvrage à cornes : Demi-lune accornée. V. Tenaillé.

— Blas. Se dit des animaux représentés avec des cornes d’une autre couleur que la tête. Famille Couillibœuf : d’azur, à une tête de bœuf d’argent accornée d’or.

ACCORNER v. a. ou tr. (a-kor-né — du lat. ad, à ; cornu, corne). Fortif. Élever des retranchements en forme de cornes.

ACCORT, ORTE adj. (a-kor, or-te — ital. accorto, avisé, clairvoyant ; de accorgersi, s’apercevoir. Ce mot paraît avoir passé dans notre langue sous François Ier, à la suite des guerres d’Italie. En étendant cette première acception, on a dit accort pour subtil, adroit : La plus fine, accorte et mieux disante damoiselle qu’il estoit possible. (Des Acc.) Corneille l’a aussi employé dans le même sens : Son éloquence accorte. Cette politesse qui sait plaire suppose de la pénétration, de la finesse, de la complaisance, et l’on est ainsi arrivé par une gradation naturelle à notre sens actuel). Qui est d’un esprit vif, à la fois avisé et gracieux ; d’un caractère facile et enjoué : Je vis de jeunes Grecques, vives, jolies, accortes. (Chateaub.) Le duc René était si bon, si doux, si accort, que chacun mettait en lui des espérances. (Barante.) À l’âge de seize ans, elle était devenue une belle et accorte jeune fille qui tourna bien des têtes. (Balz.) On peut être gaie, accorte et prête à servir le monde, sans se laisser offenser. (G. Sand.)

Voyant une beauté folâtrement accorte.
Régnier.

— Se dit aussi des choses, et signifie Insinuant, aimable, flatteur : Il était d’humeur accorte. (Perrault.) Germanicus était d’un esprit doux et accort. (Perrot d’Ablanc.) Le bonhomme d’ailleurs avait la mine gracieuse, accorte et avenante. (V. Hugo.) Il ne rencontra que des figures accortes et des soins prévenants. (G. Sand.)

Homonymes. Accore, accord.

ACCORTEMENT adv. (a-kor-te-man — rad. accort). Subtilement, adroitement :

Ma bouche accortement saura s’en acquitter.
Corneille.
Vous me jouez, mon frère, assez accortement.
Corneille.


|| Gracieusement : C’est un bel édifice du xvie siècle, avec des peintures en plein air dans lesquelles Vénus et la Vierge sont accortement mêlées. (V. Hugo.)

ACCORTESSE s. f. (a-kor-tè-se — de l’ital. accortezza). Douceur complaisante, humeur enjouée. Ce mot paraît être la première forme de accortise.

ACCORTISE s. f. (a-kor-ti-ze — rad. accort). Humeur gracieuse, enjouée, facile : Les souplesses d’Orry et son accortise l’avaient attaché et lié avec M. de Luxembourg et ses amis. (St-Sim.) L’accortise italienne calma la vivacité française. (Volt.)

ACCOSTABLE adj. (a-koss-ta-ble — rad. accoster). Qui est facile à aborder, à approcher : Un bâtiment, une plage accostable.

— Par ext. Qui a l’abord facile, en parlant des personnes : Cet homme est si souvent de mauvaise humeur, qu’il n’est pas accostable. (Acad.) Si le maire était noble de son chef, nous le trouverions accostable. (P.-L. Cour.)

— Se dit quelquefois des choses : L’ayant trouvé bien conditionné et de conversation fort accostable.

Les plats. . . . . . . . . .
N’avaient ni le maintien ni la grâce accostable.
Régnier

ACCOSTANT (a-koss-tan) part. prés. du v. Accoster : Était-ce là ce vieux ivrogne, trébuchant dans les escaliers du théâtre, accostant les gens pour les assommer de son affreux bavardage ? (G. Sand.)

ACCOSTANT, ANTE adj. (a-koss-tan, an-te — rad. accoster). Qui aborde facilement les gens, qui lie volontiers conversation : Cet homme était poli et accostant. (St-Sim.)

ACCOSTE ! ACCOSTEZ ! (a-koss-te, a-koss- té) impér. du v. Accoster. Mar. Ordre à un canot de se rendre à bord si le commandement lui en est fait par un bâtiment, ou de se rendre au lieu de débarquement le plus voisin, si le commandement lui vient de terre. || S’empl. aussi substantiv. : Commander l’accoste.

ACCOSTÉ, ÉE (a-koss-té) part. pass. du v. Accoster. Abordé : À peine m’aviez-vous quitté que je fus accosté du vieux curé de Vougeot. (Piron.) D’Artagnan se voyait déjà accosté par un messager de la jeune fille, qui lui remettait quelques billets de rendez-vous, une chaîne d’or ou un diamant. (Alex. Dum.) Il fut accosté de gens qui paraissaient lui porter grande estime. (G. Sand.) || Accompagné : J’ai fait ce voyage, accosté d’un brave notaire de province qui a son officine dans je ne sais quelle petite ville du Midi. (V. Hugo.)

— Par anal. Se dit des choses : Cette nef est accostée d’un cloître gothique.(V. Hugo.) Une belle église du xive siècle accostée d’une haute tour carrée. (V. Hugo.) Les assiettes étaient accostées d’un verre à pied d’une jolie forme. (E. Sue.) || Fam. : Enfin, un quartier de veau, accosté de deux salades d’hiver. (E. Sue.)

— Mar. Se dit d’une embarcation, d’un bâtiment, à côté et le long duquel se place un autre bâtiment : Embarcation accostée par une autre.

— Blas. Se dit de toute pièce de longueur, comme le pal, la bande, la barre, qui a des pièces secondaires à ses côtés, placées dans la même direction. Il est syn. de Côtoyé. Famille Nerestang de Gadagne : d’azur, à trois bandes d’or, accostées de trois étoiles d’argent, les étoiles posées entre la première et la seconde bande. || On dit accoté et côtoyé.

ACCOSTER v. a. ou tr. (a-koss-té — du lat. ad, à, et costa, côte). Aborder quelqu’un, s’en approcher pour lier conversation avec lui : Aussitôt il m’accoste et me dit à voix basse… (Dufresny.) Nous revînmes lentement, accompagnés encore de quelques amis de la famille qui nous accostaient de rue en rue. (Lamart.) Il lui avait pris fantaisie en arrivant de m’accoster comme un ami. (G. Sand.) Il accoste quelques promeneurs sur le boulevard, dans le jardin des Tuileries. (Audiffret.) || Se dit des femmes de mauvaise vie qui abordent un inconnu dans la rue : Cette femme accoste les passants. || Se trouver côte à côte, être placé à côté de quelqu’un : Derrière le carrosse un valet de pied gigantesque accostait un chasseur aux moustaches formidables. (E. Sue.) || Accompagner : Pour rendre individuel le nom de race, on l’accosta d’un nom d’alliance, d’un nom de patronage, d’un nom de profession. (Ch. Nod.)

— Absol. : Il était impossible de causer cinq minutes dans cette auberge, avec ces importuns qui vont, qui viennent, qui saluent, qui accostent. (Alex. Dum.)

— Mar. S’approcher aussi près que possible : Accoster un navire, un quai, une terre. || Absol. : Le canot du commandant accosta à tribord. (E. Sue.)

S’accoster, v. pr. S’aborder, s’approcher mutuellement : Nous nous sommes accostés dans la rue. Quelle innombrable quantité d’embarcations de toutes sortes qui vont, viennent, s’accostent ou se croisent ! (E. Sue.) Au bas de la route les mouettes s’accostaient gracieusement sur les roches à fleur d’eau. (V. Hugo.) || Par ellipse. S’accoster d’une injure, S’accoster en se disant une injure.

Les marquis avinés, se croisant dans la fange,
S’accostaient d’une injure ou d’un refrain banal.
A. de Musset.

— Par ext. Être joint, être accompagné, en parlant des choses : L’archivolte byzantine si austère, l’archivolte néo-romaine, si élégante, s’accostent et s’accouplent dans cette église. (V. Hugo.)

— Avec la prép. de. S’approcher :

Je m’accostai d’un homme à lourde mine,
Qui sur sa plume a fondé sa cuisine.
Voltaire.


|| Prendre pour compagnon, hanter, fréquenter habituellement : Il ne sait de quelles gens vous vous accostez. (Acad.)

Accostez-vous de fidèles critiques ;
Fouillez, puisez dans les sources antiques.
J.-B. Rousseau.

Syn. Accoster, aborder, joindre. V. Aborder.

ACCOT s. m. (a-ko — rad. accoter). Hortic. Adossement de fumier autour d’une couche nouvellement plantée, dans le but d’empêcher le froid d’y pénétrer. Il diffère du réchaud par la nature du fumier qu’on emploie : L’accot se fait avec du fumier vieux ou consommé, qui doit seulement conserver la chaleur d’une couche nouvelle. Le réchaud étant au contraire appliqué aux couches anciennes et refroidies, pour les réchauffer, nécessite l’emploi du fumier neuf.

ACCOTANT (a-ko-tan) part. prés. du v. Accoter : Il se remit à manger son pain et son fromage, en accotant son épaule sur le montant de la fenêtre. (Balz.) Ma bonne demoiselle, lui dit-il, en s’accotant contre le parapet du petit pont, vous pouvez rendre un grand office à madame. (G. Sand.)

ACCOTAR s. m. (a-ko-tar). Mar. Clef ou coin que l’on chasse à coups de masse entre les varangues, afin de mieux lier et de rendre solidaires les fonds d’un bâtiment.

ACCOTÉ, ÉE (a-ko-té) part. pass. du v. Accoter. Appuyé : Une chaise accotée contre le mur. Le plus jeune, accoté contre le mur, attaque les cordes de son violon d’un air fier et dédaigneux. (Th. Gaut.) Les quatre marmots restaient les uns debout, les autres accotés contre le lit ou la huche. (Balz.)

— Fig. Appuyé, protégé : Il reste immuable, accoté des événements qui calent et assujettissent son esprit. (Chateaub.)

— Mar. Incliné sur le côté. Se dit d’un navire qui, pliant sous le vent, s’incline et court le risque de chavirer.

— Blas. V. Accosté.

ACCOTEMENT s. m. (a-ko-te-man — rad. accoter). Ponts et chauss. Espace compris entre la chaussée et le fossé, entre le ruisseau et la maison : Les blessés eux-mêmes, assis sur l’accotement de la route, partagèrent cet enthousiasme. (Balz.) Il est défendu, sous peine d’amende, de déposer des matériaux ou des immondices sur les accotements des routes. (Code pén.)

— Chem. de fer. Espace entre les faces extérieures des rails extrêmes et le bord extérieur du chemin.

— Horlog. Frottement vicieux d’une pièce contre une autre.

ACCOTE-POT s. m. (a-ko-te-po — de accoter et pot). Hortic. Portion de cercle de fer qu’on met au pied d’un pot pour l’empêcher de tomber.

ACCOTER v. a. ou tr. (a-ko-té — lat. ad, à, et costa, côte, côté). Appuyer de côté, soutenir à l’aide d’une cale : Force lui fut d’avaler sa bouchée et d’accoter proprement sa bouteille dans l’angle du fiacre, afin que le vin ne s’en échappat point. (Alex. Dum.)

— Agric. Adosser du fumier tout autour d’une couche qui vient d’être semée ou plantée.

— Mar. V. n. ou intr. S’incliner, se renverser sur le côté. Se dit d’un navire que la force du vent couche sur le côté.

S’accoter, v. pr. S’appuyer de côté : S’accoter sur une chaise. Plus curieux qu’intéressé, son guide s’accota sur le mur à hauteur d’appui qui servait à clore la cour de la maison. (Balz.) Il vint s’accoter auprès de nous sur le bord de la chaussée. (Viardot.)

— Horlog. Se dit de pièces qui frottent les unes contre les autres.

Syn. Accoter, appuyer. Appuyer a plus de rapport à la chose qui soutient : Pourquoi s’appuyer sur un autre, quand on est assez fort pour se soutenir soi-même ? (Girard.) Accoter en a davantage à la chose qui est soutenue : Les airs penchés du petit-maître lui donnent une attitude habituelle, qui fait qu’il ne se place jamais qu’il ne s’accote. (Girard.)

ACCOTOIR s. m. (a-ko-toir — rad. accoter). Ce qui sert à s’appuyer de côté : Les accotoirs d’une stalle d’église, d’un fauteuil, d’un carrosse. Les accotoirs d’un confessionnal.

— Mar. Étançon servant à étayer les navires en construction ou en réparation. Synon. d’accore.

— Techn. Planche dressée pour servir d’égouttoir dans les fabriques de papier. || Partie inférieure et cintrée de la caisse des voitures.

ACCOUARDI, IE (a-kou-ar-di) part. pass. du v. Accouardir.

ACCOUARDIR v. a. ou tr. (a-kou-ar-dir — rad. couard). Rendre couard : La mollesse accouardit. S’empl. pronominalem. : Ils se sont accouardis dans le repos. Vieux mot du xiiie siècle.

S’accouardir, v. pr. Devenir couard.

ACCOUCHANT (a-kou-chan) part. prés. du v. Accoucher :

Et la pauvre Emilie est morte en accouchant.
Corneille.

ACCOUCHÉ, ÉE (a-kou-ché) part. pass. du v. Accoucher : Cette dame a été accouchée par le professeur Dubois. Les acteurs voulaient donner un ballet, mais l’événement imprévu de l’actrice accouchée les en empêchait. (Le Sage.) Mme  de La Tour, à son exemple, y planta un arbre dès qu’elle fut accouchée de Virginie. (B. de St-P.)

— Gramm. Ce participe prend l’auxil. être quand on veut indiquer l’état : Cette femme est accouchée depuis huit jours. Il prend l’auxil. avoir lorsqu’on veut exprimer l’action : Cette femme a accouché avec courage. Il serait très incorrect de dire : Elle a accouché d’hier ; il faut dire : Elle est accouchée d’hier.

ACCOUCHÉE s. f. (a-kou-ché — rad. coucher). Femme qui vient d’accoucher : Après les trente ou quarante jours de purification, l’accouchée se dispose à revenir à sa cabane. (Chateaub.) L’accouchée qui veut que je lui fasse un cadeau ! (Scribe.)

— Prov. Elle est parée comme une accouchée, elle est soigneusement parée. Allusion aux soins et même à la coquetterie que l’on met à parer la chambre et le lit d’une femme nouvellement accouchée, à laquelle chacun s’empresse d’aller rendre visite pour la féliciter de l’heureux événement. || Faire l’accouchée, Se tenir au lit par mollesse et sans nécessité. || Le caquet de l’accouchée, Conversation frivole, ainsi nommée à cause du babil intarissable auquel se livrent ordinairement les femmes qui rendent visite à l’accouchée.

ACCOUCHEMENT s. m. (a-kou-che-man — rad. accoucher). Enfantement, action de mettre au monde : Accouchement facile ; accouchement laborieux. Vous avez traité votre accouchement comme celui de la femme d’un colonel suisse. (Mme  de Sév.) On a, par une note de Colbert, le détail circonstancié des deux premiers accouchements de mademoiselle de la Vallière. (Ste-Beuve.) — La jeune duchesse de La Rochefoucauld-Liancourt étant accouchée pour la première fois, eut un accouchement très-laborieux. Sa vie fut plusieurs fois en danger. Lorsqu’elle fut délivrée et qu’on lui eut appris qu’elle avait un fils, elle s’écria : « Tant mieux, au moins il n’accouchera pas. »

— Action d’aider une femme à accoucher : On croit que les Égyptiens étudièrent les premiers l’art des accouchements. (Encycl.)

— Par anal. Travail, acte qui demande un grand effort : Il coupait un cheveu en quatre… C’était un accouchement pour lui de se déterminer. (St-Sim.) Faire des enfants, ce n’est que de la peine ; faire des hommes voilà le grand accouchement. (J. de Maistre.)

— Fig. Se dit en parlant des productions de l’esprit : L’accouchement d’une pareille idée n’a pas dû lui coûter beaucoup de peine. (Raym.) Je commence, dit le poëte ; le cerveau porte long-temps. — Votre accouchement sera laborieux, dit un des assistants en l’interrompant. (Balz.)

Encycl. Méd. Le mot accouchement exprime une fonction naturelle par laquelle l’organe utérin se débarrasse du produit de la conception, au terme du développement du fœtus. L’époque de l’accouchement à terme est loin d’être semblable dans toutes les espèces. Elle ne présente pas dans chaque espèce une fixité absolue. Dans l’espèce humaine, elle varie entre deux cent soixante et deux cent quatre-vingts jours ; l’expérience même a démontré qu’un accouchement régulier pouvait avoir lieu entre six et sept mois, et qu’il pouvait être retardé jusqu’au trois centième jour ; aussi les codes modernes, d’accord en cela avec la législation romaine, ouvrent-ils la succession aux enfants nés à dix mois après la mort du mari de la mère. L’accouchement est dit tardif quand il s’opère après le deux cent quatre-vingtième jour, prématuré quand il a lieu avant le deux cent soixantième et après le cent quatre-vingtième ; car, s’il a lieu avant le cent quatre-vingtième, il prend le nom d’avortement. L’accouchement qui s’accomplit sans difficulté et par les seules forces de la nature, s’appelle naturel ou spontané ; il prend le nom de laborieux, quand il s’accompagne de phénomènes irréguliers résultant soit de la conformation de la mère, soit de la position de l’enfant, soit de toute autre circonstance, et exigeant les secours de l’art. L’accouchement laborieux prend plus spécialement le nom d’artificiel quand il oblige de recourir à la main armée des instruments. L’accouchement naturel ou spontané est le plus fréquent. La statistique montre que sur quatre-vingt-trois accouchements, un seul réclame l’intervention de la médecine opératoire. Lorsque le terme de la grossesse est arrivé, l’utérus entre en contraction pour expulser le fœtus ; les contractions utérines sont accompagnées de douleurs auxquelles on a donné le nom de travail. On applique encore à l’acte même de la parturition ce nom de travail, « mot bien trouvé, dit l’Encyclopédie nouvelle, car dans notre espèce cet acte est une véritable fatigue et souvent une maladie grave. » Les phénomènes de l’accouchement peuvent être rapportés à deux temps principaux. Le premier temps se termine à la dilatation complète de l’orifice utérin ; dans le second temps, les membranes qui enveloppent le fœtus s’engagent dans l’orifice dilaté, à travers lequel elles forment une saillie appelée poche des eaux, puis elles se rompent brusquement, et le liquide qu’elles contenaient s’échappe au dehors ; enfin l’enfant descend dans l’excavation du bassin, et, pressé par les contractions de plus en plus énergiques de l’utérus, arrive à la lumière. On coupe le cordon qui l’unissait à sa mère, et par ses cris, produit et signe d’une fonction nouvelle, la respiration pulmonaire, il commence aussitôt à manifester son existence indépendante. Dix, vingt, trente minutes, plus ou moins, après la sortie de l’enfant, quelques contractions nouvelles déterminent l’expulsion des annexes fœtales, vulgairement connues sous le nom d’arrière-faix ou délivre ; cette dernière scène a reçu le nom de délivrance. Une des conditions nécessaires à l’accouchement naturel, c’est que le fœtus se présente par l’une de ses deux extrémités, c’est-à-dire soit par le vertex, soit par le pelvis. Il faut que l’art intervienne activement quand le toucher fait reconnaître la présentation des bras, des épaules et du tronc. On appelle accouchement prématuré artificiel, celui que l’accoucheur croit devoir provoquer après le septième mois, dans le but de prévenir les graves dangers auxquels la grossesse abandonnée à elle-même et les conditions prévues