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neuf macles d’or accolées trois à trois. — 5° Des clefs, bâtons, épées, drapeaux, etc., que l’on met en croix derrière l’écu, dans les armoiries du pape, des maréchaux de France, etc. — 6° Des colliers des ordres de chevalerie dont on entoure l’écu.

ACCOLÉE s. f. (a-ko-lé). Synonyme d’accolade. Vieux.

ACCOLEMENT s. m. (a-ko-le-man — rad. accoler). Action de joindre, de réunir.

— Fig. Quelque monstrueux que fût l’accolement de la dignité de pair de France avec la qualité de conseiller de cour souveraine, l’indignation publique fut étouffée sous le poids du duc de Guise. (St-Sim.)

ACCOLER v. a. ou tr. (a-ko-lé — du lat. ad collum, au cou). Jeter les bras autour du cou de quelqu’un pour l’embrasser : À la première vue, il s’en vint m’accoler. (Montfl.) Viens çà, que je t’accole. (G. de Nerv.)

Accoler la cuisse, la botte à quelqu’un, Se disait autrefois de l’action d’embrasser la cuisse, la botte de quelqu’un, en signe de soumission profonde et d’infériorité.

— Saisir par le cou, en luttant : Allons, ferme, bon pied, bon œil ! accole ton adversaire, et d’un croc-en-jambe le renverse. (P.-L. Cour.)

— Par ext. et plaisam. Accoler une bouteille, Boire à la bouteille : Le brave homme accola la bouteille à cinq ou six reprises différentes, sous prétexte de pousser le café. (F. Guillermé.)

— Toucher, être joint, contigu à : Rentré au village, j’ai passé près de l’église ; deux sanctuaires extérieurs accolent le mur. (Chateaub.)

— Par anal. Faire figurer l’un à côté de l’autre : Notre fraternité devint si grande, que nos camarades accolèrent nos deux noms. (Balz.) À l’opinion d’un poëte accolons celle d'un prosateur. (Fourier.) || Mettre en présence, confronter : accoler des témoins.

— Réunir par une accolade : Accoler plusieurs articles dans un compte, plusieurs portées dans une partition.

— Agric. Fixer à des treilles, à des échalas ou à des espaliers les sarments de la vigne ou les branches des arbres fruitiers : On n’a pas coutume d’accoler la vigne dans le Midi. Le temps d’accoler les vignes est le mois de juin.

— Absol. : Cette manière d’accoler est préférable à la première. Le moment le plus favorable pour accoler est celui qui suit immédiatement la floraison de la vigne.

— Archit. Entrelacer autour d’une colonne les branches de palmier, de laurier, ou de feuilles de vigne.

— Charp. Joindre des pièces de bois pour les fortifier les unes par les autres.

— Art culin. Joindre ensemble deux lapereaux, deux poulets, etc., pour les servir en accolade.

— Blas. Joindre par les côtés : Accoler les écussons de France et de Navarre. || Entourer l’écu du collier d’un ordre.

S’accoler, v. pr. S’embrasser mutuellement en se jetant les bras autour du cou : Ils s’accolèrent avec grande amitié. (Acad.) || S’entrelacer : Autour des colonnes du baldaquin de Saint-Pierre, à Rome, on voit des rinceaux de pampres ou d’autres feuillages s’accoler à leur fût. (Quatrem. de Quincy.) Le houblon, le lierre et le chèvrefeuille s’accolent d’eux-mêmes. (Morogues.) || Se réunir, se joindre de manière à ne former qu’un tout : J’ai dit tout à l’heure que notre article s’était quelquefois accolé au substantif pour former avec lui un seul mot. (J.-B. Jullien.)

— Par anal. Être ajouté, être joint à : Ces charmantes femmes y regardaient à deux fois avant de risquer que de semblables épithètes s’accolassent à leurs noms. (Fr. Soulié.) || Fréquenter : S’accoler à une femme. Se prend en mauvaise part.

ACCOLTI (Benoît), jurisconsulte et historien, né à Arezzo, en 1415, mort en 1466. Son principal ouvrage a pour titre : De Bello a Christianis contra Barbaros gesto pro Christi sepulchro (trad. en fr., 1620). C’est un récit médiocre de la première croisade, ou l’on prétend cependant que Le Tasse a puisé pour la composition de son poëme. — Son fils, Bernard Accolti, jouit d’une grande vogue, comme poëte et improvisateur, au temps de Léon X.

ACCOLURE s. f. (a-ko-lu-re — rad. accoler). Agric. et hortic. Lien de paille, d’osier, etc., dont on se sert pour relever et attacher les vignes aux échalas, les branches des arbres fruitiers en espaliers, etc. : L’accolure se place au troisième ou au quatrième nœud, au-dessus du dernier raisin du bourgeon le plus élevé.

— Techn. Assemblage des premières mises de bûches d’un train à flotter. || Ligature dans la reliure d’un livre.

ACCOMBANT, ANTE adj. (ak-kon-ban, an-te — du lat. accumbere, se coucher sur). Bot. Se dit d’une partie de la plante qui est couchée sur une autre : La radicule est accombante quand elle est couchée sur le bord des cotylédons. (Duméril.)

ACCOMMODABLE adj. (a-ko-mo-da-ble — rad. accommoder). Qui peut s’arranger, s’accommoder : C’est une affaire accommodable. Les difficultés en matière de religion ne sont guère accommodables. (Trév.) Mon appétit est accommodable indifféremment à toutes choses. (Montaig.)

ACCOMMODAGE s. m. (a-ko-mo-da-je — rad. accommoder). Apprêt des viandes : Quand on porte de la viande au cabaret, il en faut payer l’accommodage. (Trév.) || Façon donnée par le coiffeur aux cheveux : L’accommodage d’une perruque. Ce sens est vieux.

ACCOMMODANT (a-ko-mo-dan) part. prés. du v. Accommoder.

ACCOMMODANT, ANTE adj. (a-ko-mo-dan, an-te — rad. accommoder). Conciliant, complaisant, d’un commerce facile, sociable : Le baron n’est pas accommodant ; je ne sais pas trop comment vous tirer de là. (Al. Duval.) J’aurai là-dessus l’opinion que vous voudrez. — C’est être aussi par trop accommodant. (G. Sand.) || Se dit aussi des choses dans le même sens : L’autre est un esprit doux, patient, accommodant. (Bourdal.) Y eut-il jamais un esprit plus facile, plus accommodant ? (Fléch.) Vous aimez mieux un doute accommodant qu’une sûreté trop gênante. (Mass.) Qu’ils soient d’humeur accommodante. (La Fontaine.) Vous avez entrepris de décider les cas de conscience d’une manière favorable et accommodante. (Pasc.) || Avec qui l’on traite aisément ; facile, coulant en affaires : Ce marchand est fort accommodant. (Acad.)

— Substantiv. :

. . . . . . Ne soyons pas si difficiles ;
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles.
La Fontaine.

ACCOMMODATION s. f. (a-ko-mo-da-si-on — rad. accommoder). Action d’accommoder ou de s’accommoder. || Conciliation d’un texte avec un autre.

— Jurispr. Même sens qu’accommodement. V. ce mot.

Encycl. Physiol. On donne le nom d’accommodation de l’œil aux changements qui s’y opèrent pour rendre la vision distincte à des distances diverses. Si l’œil n’était qu’une chambre obscure comme une autre, les objets ne seraient visibles que dans une position déterminée ; mais les milieux de l’œil ont la propriété de se modifier, en s’adaptant les uns aux autres, de telle sorte que l’image vienne toujours se dessiner exactement sur la rétine. Bien des hypothèses ont été émises sur cette activité particulière de l’œil : les uns ont dit que l’axe du cristallin s’allongeait et se raccourcissait ; d’autres que la convexité de la cornée variait ; d’autres que le cristallin se déplaçait par le cercle et les parois ciliaires ; quelques-uns enfin que la forme de l’œil se modifiait sous l’influence compressive des muscles.

— Philos. et théol. On se sert souvent en philosophie et en théologie du mot accommodation pour désigner un système d’interprétation des doctrines philosophiques et religieuses, d’après lequel on suppose que les anciens philosophes et les fondateurs des anciennes religions, qui étaient presque toujours aussi les législateurs des peuples, s’accommodèrent constamment, dans certaines limites, aux connaissances, aux opinions, aux sentiments et aux mœurs de leur temps. Les théologiens rationalistes n’hésitent pas faire jouer un grand rôle à l’accommodation dans les lois de Moïse, dans les écrits des prophètes et même dans l’enseignement de Jésus-Christ et de ses apôtres.

ACCOMMODÉ, ÉE (a-ko-mo-dé) part. pass. du v. Accommoder. Arrangé, ajusté, approprié, conformé : Cette pièce a été refaite et accommodée au goût du public. Ce sont des pensées ou réflexions familières, instructives, accommodées au simple peuple. (La Bruy.) Il faut, monsieur, que l’air soit accommodé aux paroles. (Mol.) Le nomade gagne de proche en proche toutes les fois qu’il trouve un sol accommodé à son genre de vie. (Renan.)

— Peut se construire avec la prép. de et alors signifie Pourvu de : Les magasins pleins, les particuliers accommodés de toutes choses. (Sarasin.) Quoique peu accommodé des biens de la fortune, Socrate se tint dans les termes d’un désintéressement parfait. (Fén.)

— Absol. Riche, aisé : J’ai découvert sous main qu’elles ne sont pas fort accommodées. (Mol.) Le seigneur Anselme est un gentilhomme noble, doux, posé et fort accommodé. (Mol.) Mon père était des premiers et des plus accommodés de son village. (Scarr.) Ce sens a vieilli.

Si l’homme accommodé n’aide le malheureux,
    Ils s’en trouveront mal tous deux.
Perrault.

— Peigné, coiffé, attifé : Être bien accommodé.

— Ironiq. Se dit d’un homme dont les vêtements sont en mauvais état, en désordre : Il est tout couvert de boue ; le voilà bien accommodé. (Acad.)

Accommodé de toutes pièces, Maltraité autant que possible : Le pauvre Grégorio fut accommodé de toutes pièces. (Le Sage.)

— Reçu, traité : On est bien accommodé chez lui. (Acad.)

— Terminé à l’amiable : La querelle de vos parents et de Julie vient d’être accommodée. (Mol.)

— Cuis. : Apprêté, assaisonné : Le vendredi on ajoutait à cette distribution du riz accommodé au miel et au raisiné. (Chateaub.) Pour toi les petits pois devraient pousser tout accommodés au beurre. (Balz.) Il fut fort étonné le premier jour qu’il fut obligé de se coucher sans souper, lui qui s’attendait, comme on dit, à voir les alouettes toutes rôties et les perdrix tout accommodées aux choux. (A. Karr.)

— S’est dit pour Raccommodé :

Votre chaise à présent doit être accommodée.
Regnard.

ACCOMMODEMENT s. m. (a-ko-mo-de-man — rad. accommoder). Transaction, conciliation, arrangement à l’amiable d’un différend, d’une querelle, d’un procès : Combien de fois, par des accommodements raisonnables, n’a-t-il pas arrêté le cours de ces divisions ! (Fléch.) Pour ne pas rebrouiller les choses qui allaient à un bon accommodement, la femme promet de parler et de se taire à propos. (St-Evrem.) Si Berthe avait connu le monde, elle aurait su que la menace est toujours une preuve du désir qu’on a d’entrer en accommodement. (P. Féval.)

Ce doux début s’accorde avec mon jugement,
Et présage déjà quelque accommodement.
Molière.

— Par ext. Moyens, expédients que l’on imagine pour concilier les esprits, terminer une affaire : Il y aurait pour cette affaire des accommodements, s’ils étaient raisonnables. (Acad.)

— Fig. Moyens, expédients que l’on emploie pour faire taire des scrupules : Il n’y a pas d’accommodements avec la conscience. (J. Sim.)

Le ciel défend, de vrai, certains contentements,
Mais on trouve avec lui des accommodements.
Molière.

C’est un homme d’accommodement, Avec lequel il est facile de s’arranger, de terminer les différends.

— S’est dit autrefois pour Arrangement, réparation, restauration : Il faudra bien des accommodements dans cette maison. (Acad.)

— Prov. Un mauvais accommodement vaut mieux qu’un bon procès, Il vaut encore mieux s’arranger à l’amiable avec la partie adverse, que de gagner un procès souvent très-long et toujours coûteux.

— Peint. Manière dont les draperies et les ajustements sont choisis, assortis et disposés : Les couleurs se sont-elles rangées d’elles-mêmes pour former ces accommodements de draperies, ces distributions de lumière ? (Fén.)

— Fin. Se dit de l’arrangement que tout prévenu de contravention en matière de douanes et octrois peut faire avec l’administration, avant jugement, sur toutes les peines et réparations qu’entraîne la poursuite des infractions.

Prov. littér. Il est avec le ciel des accommodements, Allusion à un vers célèbre du Tartufe, de Molière, dans la fameuse scène où Orgon, caché sous une table, apprend à connaître la profonde perversité de l’hypocrite :

elmire.
Mais comment consentir à ce que vous voulez,
Sans offenser le ciel, dont toujours vous parlez ?
tartufe.
Je vous puis dissiper ces craintes ridicules,
Madame, et je sais l’art de lever les scrupules.
Le ciel défend, de vrai, certains contentements ;
Mais on trouve avec lui des accommodements.
Selon divers besoins, il est une science
D'étendre les liens de notre conscience,
Et de rectifier le mal de l’action
Avec la pureté de notre intention.

Ce vers, un peu accommodé, a enrichi la langue d’une de ses expressions les plus pittoresques :

« On peut être sensualiste avec les bons pères jésuites, sceptique avec l’évêque d’Avranches, spiritualiste avec Bossuet, mystique avec Liguori, sans cesser pour cela d’être catholique :

Il est avec le ciel des accommodements. »
Lanfrey.

« Tartufe l’a dit :

        Il est avec le ciel des accommodements,


il en est aussi pour les gardes avec les braconniers ; on partage le butin, ou bien on reçoit tant par nuit de sommeil, tant par pièce de gibier. Les contrebandiers espagnols n’agissent pas autrement ; ils s’arrangent avec les douaniers ; tout le monde est content, moins Sa Majesté Catholique, moins son ministre des finances, moins les porteurs de coupons, qui comptaient sur un semestre. »

Elzéar Blaze.          

« L’avocat ne donne jamais de reçu pour ses honoraires, par cette simple raison que les règlements de son ordre lui défendent expressément d’intenter une action en justice pour être payé. Il parle, donc il est réglé. Mais comme il est toujours des accommodements avec le ciel, il trouve un moyen terme de ne pas désobliger le client dans un embarras momentané. L’avoué fait avance de la somme, qu’il joint ensuite à l’état des frais. »

Gustave Chadeuil.          

Quelquefois on particularise l’idée et alors le mot ciel devient l’objet d’une variante :

« Les faits les plus connus sont défigurés, les personnages travestis, les rôles déplacés. De par l’autorité privée du romancier, la reine, si connue par sa laideur, est brillante de beauté : il est avec l’histoire des accommodements. »          G. Vaporeau.

« Peut-être est-ce un peu tard pour avoir des billets, fit Desloges ; j’ai entendu dire que la salle était louée huit jours à l’avance. — Il est avec le Gymnase des accommodements, reprit Maurice ; nous saurons bien trouver une loge, dussions-nous y entrer comme Jupiter chez Danaé. »        Moléri.

Syn. Accommodement, raccommodement. Ces deux mots expriment une réconciliation entre des personnes ; mais raccommodement marque un retour, un rapprochement qui a lieu entre des personnes précédemment unies par des liens de parenté ou d’amitié : Un raccommodement entre le père et le fils. Partout des brus et des belles-mères, des maris et des femmes, des ruptures, des divorces et de mauvais raccommodements. (La Bruy.) L’accommodement se fait entre des personnes qui sont en procès entre elles, et qui, avant cela, pouvaient être étrangères, et alors indifférentes les unes aux autres. Après un raccommodement, on redevient amis ; après un accommodement, on cesse d’être en contestation.

ACCOMMODER v. a. ou tr. (a-ko-mo-dé — lat. accommodare, même sens). Rendre commode, rendre plus propre à un usage donné : Accommoder sa maison, sa bibliothèque, son jardin. Vous avez bien accommodé votre cabinet. (Acad.)

— Par ext. Ajuster, disposer : L’on fut trois jours à accommoder ma parure ; ma robe était toute chamarrée de diamants, avec des houppes incarnat blanc et noir. (La Gr. Mademoiselle.) || Coiffer, attifer : Après s’être fait accommoder il se promène. (Diderot.) Pendant ce temps, le perruquier va et vient d’un côté et d’autre dans la boutique, et prépare tout ce qui lui est nécessaire pour accommoder sa pratique. (Scribe.) La marquise est à sa toilette, ses femmes l’accommodent. (Th. Gaut. ) || Bien servir, bien traiter, et à bon marché : Cet aubergiste accommode bien ses hôtes. (Acad.)

— Fig. Approprier aux idées, aux préjugés, aux intérêts d’une époque ; concilier deux choses contraires : accommoder ses devoirs avec ses intérêts. Les courtisans savent accommoder leur goût, leur humeur, leurs discours, à ce qui plaît au prince. (Acad.) Vous nous reprocherez peut-être un jour d’avoir accommodé la sainte vérité de votre Évangile aux Indulgences et aux adoucissements de notre siècle. (Mass.) Il y a certains intérêts délicats, et certaines ambitions spirituelles que les dévots ne savent que trop accommoder avec la vertu. (Fléch.) Son ambition le porta aux Indes, quand il pouvait accommoder la gloire et le repos. (St-Evrem.) || Conformer, proportionner : Accommoder sa dépense à son revenu. La maison de ses pères qu’il avait accommodée peu à peu à sa fortune présente. (Boil.) On accommode la règle aux personnes, loin de juger les personnes par la règle. (Mass.) || Arranger, disposer : On accommode l’histoire à peu près comme les viandes dans une cuisine. (St-Réal.) Il m’a pris un éblouissement, un je ne sais quoi, qui accommode fort mal mes idées. (Volt.)

— Ironiq. Maltraiter soit en paroles, soit en actions : Accommoder quelqu’un d’importance. (Acad.) Ah ! Si vous aviez vu comme je l’ai accommodé. (Mol.) On ne saurait aller nulle part, où l’on ne vous entende accommoder de toutes pièces. (Mol.) Apostrophant la personne qui m’avait accommodé de cette manière, elle lui donna mille malédictions. (Le Sage.)

— Terminer à l’amiable : Les arbitres bien souvent, au lieu d’accommoder les parties, accommodent leurs affaires. En allant un jour pour accommoder deux gentilshommes qui prétendaient une même fille, Requelaure les mit d’accord en la prenant pour lui. (Tallem. des Réaux.) Il faut qu’un arbitre, choisi par les parties, vous accommode. (Fén.) Il accommodait les différends que la discorde, la jalousie ou les mauvais conseils font naître parmi les habitants de la campagne. (Fléch.) Fénelon accommodait les procès à ses dépens et ramenait ainsi la paix dans les familles. (Maury.)

— S’empl. absol. dans ce dernier sens : Au moyen d’une honnête faillite, ce négociant accommode, pour payer dans quelques années la moitié des millions qu’il a volés. (Fourier.) Voulant accélérer leur vente, ils perdent un dixième et gagnent pourtant quatre dixièmes, puisqu’ils accommodent à moitié de perte. (Fourier.)

— Arranger, agréer, convenir : Ils ont leurs richesses à un titre onéreux qui ne nous accommoderait pas. (La Bruy.) Les hommes ne jugent des vices et des vertus que par ce qui les choque ou les accommode. (Fén.) Tout ce qui est trop simple n’ accommode point les hommes. (Fonten.)

Vous voilà tous pourvus ; n’est-il point quelque fille
Qui pût accommoder le pauvre Mascarille ?
Molière.

— Traiter d’une affaire avec quelqu’un d’une manière qui lui soit avantageuse, à des conditions acceptables : Si vous voulez m’accommoder de cette maison, de cette terre, je l’achèterai. (Trév.) Je vous accommoderai de ma maison, si vous voulez l’acheter. (Acad.) Un marchand l’alla trouver, et lui demanda si, pour de l’argent, il le voulait accommoder de quelque bête de somme. (La Font.) Si vous avez quelque manuscrit persan, vous me ferez plaisir de m’en accommoder. (Montesq.)

— Absol. dans ce dernier sens : Si cette étoffe vous convient, je pourrai vous accommoder. (Raym.)