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sions américaines. L’exportation consiste en cochenille, indigo, cacao, laine et peaux.

ACARA s. m. (a-ka-ra — nom brésilien). Ichthyol. Nom collectif, servant à désigner certains poissons du Brésil, L’acara-pinima est le spare rayé ; l’acara-pitamba, une espèce de dorade, etc.

ACARDE s. f. (a-kar-de — du gr. a priv., et du lat. cardo, charnière). Moll. Nom donné par quelques auteurs à un genre de mollusques gastéropodes, plus connu sous le nom d’ombrelle. V. ce mot.

— Moll. Se dit adjectiv. d’une coquille qui n’offre aucune trace de charnière.

ACARDE adj. (a-kar-de — du gr. a priv. ; kardia, cœur). Qui est privé de cœur.

ACARDIE s. f. (a-kar-dî — du gr. a priv. ; kardia, cœur). Méd. Absence de cœur. L’absence congénitale du cœur chez un sujet d’ailleurs bien conformé paraît chose inadmissible.

ACARE s. m. Zool. V. Acarides.

ACARIASIS s. f. (a-ka-ri-a-ziss — du gr. akari, petit insecte). Pathol. Nom scientifique de la gale ou des maladies analogues, occasionnées par la présence d’acarus.

ACARIÂTRE adj. (a-ka-ri-â-tre — du gr. a priv., et charis, grâce. La finale âtre, toujours prise en un sens défavorable, ne fait qu’ajouter à l’énergie du mot, qui aurait sans elle le même sens. Il se rattache au mot acariâtre une tradition anecdotique que nous donnons pour ce qu’elle vaut. Saint Acaire, évêque de Noyon, appelé en latin Acarius, passait autrefois pour avoir la puissance de guérir l’humeur des personnes aigres et querelleuses qu’on menait en pèlerinage à sa chapelle, témoin ces vers d’un ancien poëte :


    Tu serais plus hors de sens
Que ceux qu’on mène à saint Acaire.

On a induit de là que le mot acariâtre pourrait bien venir du nom de saint Acaire. M. Littré tire le mot acariâtre de l’ancien français acarier, confronter, qui viendrait lui-même de l’ancien mot care, face, visage). Qui a l’humeur querelleuse, morose ; qui aime à crier, à contrarier, à disputer : Il ressemblait à ces femmes acariâtres, qui, n’ayant pas d’autre vertu que leur laideur, sont très-disposées à faire bon marché de leurs principes. (E. Sue.) Il était assez adroit pour régner au moins sur son argent sans trop irriter une femme acariâtre. (G. Sand.) La femme d’Albert Durer n’était sans doute pas encore cette mégère acariâtre dont le grand peintre eut tant à souffrir. (Th. Gaut.) Malheur à l’homme condamné à passer sa vie avec une femme acariâtre ! (Boitard.)

— S’empl. subst. : Ne m’en parlez pas, c’est un acariâtre premier numéro ; il est grognon, maussade, jaloux, sournois. (Labiche.)

ACARIÂTRETÉ s. f. (a-ka-ri-â-tre-té). Humeur acariâtre : L’acariâtreté de son caractère le rend insupportable. Peu usité.

Antonymes. Aménité, douceur, mansuétude, sociabilité, tolérance.

ACARIDES s. m. pl. (a-ka-ri-de — du gr. akari, mite, et eidos, forme). Zool. Nom donné à un ordre d’arachnides trachéennes, connus vulgairement sous le nom de mites, dont le corps est généralement discoïde et globuleux, et ne présente pas une distinction bien précise de l’abdomen d’avec le céphalothorax. || S’emploie aussi au singulier. || Le mot acarides a pour synonymes : acares, acaridiens, acaridies, acariens, acarins, acarus : Les acariens sont, à notre sens, le dernier groupe et par conséquent le terme extrême de la série complexe des entomozoaires pourvus de pieds articulés. (Walcken.)

Encycl. Les acarides ont un corps mou et sans croûte écailleuse. Ils respirent, comme les insectes, par des trachées, présentent huit pattes à l’état adulte, mais n’en ont que trois à la naissance. Ces petits arachnides sont extrêmement répandus dans la nature ; quelques-uns sont aquatiques ; les autres, plus nombreux, vivent à la surface du sol dans des conditions diverses ; un grand nombre attaquent les substances alimentaires, telles que la farine, le fromage, etc. ; d’autres sont parasites des végétaux et des animaux. On trouve de ces dernières espèces sur les animaux de toutes les classes du règne animal, depuis les mammifères jusqu’aux polypes. « Parmi les acarides parasites, disent MM. Paul Gervais et Van Beneden, il en est qui ne vivent fixés sur les autres corps vivants que pendant leur premier âge ; quelques-uns, au contraire, ont déjà subi leur métamorphose lorsqu’ils deviennent parasites, et il en est aussi qui restent pendant toute leur vie dans cette dernière condition. » — Les principaux genres de l’ordre des acarides sont le genre lepte, dont une espèce, vulgairement désignée par le nom de rouget, et très-commune en automne dans certaines localités, envahit les jambes des personnes qui vont se promener à la campagne, et cause de vives démangeaisons ; le genre gamase, qui se rencontre souvent à terre, dans les celliers ou les caves ; le genre argas, qui montre pour le sang des animaux le même goût que les punaises ; le genre ixode, qui attaque surtout les chiens, et qu’on appelle vulgairement tique ; le genre tyroglyphe, auquel on réserve souvent en propre les noms d’acarus, de mite, de ciron, et qui renferme deux espèces principales, l’acarus des fromages de Gruyère et de Hollande ou acarus domestique, et l’acarus de la farine ; le genre psoropte, qui vit sur le corps de différents animaux et y détermine la gale ; enfin le genre sarcopte, auquel appartient l’acarus de la gale humaine ou sarcopte proprement dit. V. Gale.

ACARIMA s. m. (a-ka-ri-ma). Zool. Espèce de singe, voisin des sagouins, qui habite la Guyane, où on l’appelle vulgairement singe-lion. C’est le marikina de Buffon.

ACARNA s. m. (a-kar-na — du gr. akarna, chardon bénit). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées et de la tribu des carduacées ; les espèces qui le composent ressemblent à nos chardons, mais elles sont toutes exotiques.

ACARNANE s. (a-kar-na-ne). Géogr. Habitant de l’Acarnanie : Roger, roi de Sicile, s’instituait prince des acarnanes et des Étoliens. (Am. Tardieu.) || On dit aussi acarnanien.

ACARNANIE, prov. de la Grèce ancienne. Les habitants étaient d’habiles frondeurs, souvent en guerre avec les Étoliens. Soumise à la Macédoine l’an 225 av. J.-C., comprise dans la province d’Achaïe l’an 146, et annexée à la Roumélie par les Turcs. Les chevaux de cette province étaient très-estimés. Stratos en était la capitale. Sous les Romains, 200,000 h., auj. à peine 100,000.

ACARNANIEN, ENNE s. et adj. (a-kar-na-ni-ain, è-ne). Géogr. Qui habite l’Acarnanie, qui est propre à ce pays ou à ses habitants : Les acarnaniens ne jouèrent jamais un rôle important dans les affaires de la Grèce, quoiqu’ils y fussent toujours mêlés. (Am. Tardieu.)

ACARNE s. m. (a-kar-ne — de a priv. et du lat. caro, carnis, chair). Ichthyol. Nom vulgaire du spare pagel. V. ce mot.

ACARON s. m. (a-ka-ron). Bot. Espèce de myrte sauvage.

ACARPE adj. (a-kar-pe — du grec a priv. ; karpos, fruit). Bot. Se dit des plantes privées de fruit.

ACARPELLÉ, ÉE adj. (a-kar-pèl-lé — de a priv., et carpelle). Bot. Se dit des fleurs privées de carpelles.

ACARUS s. m. (a-ka-russ — du gr, akari, petit insecte). Zool. Nom réservé quelquefois à un genre de l’ordre des acarides, mais qui s’applique ordinairement, d’une façon générale, à tous les animaux de cet ordre. V. Acarides.

ACASÉ, ÉE (a-ka-sé) part. pass du v. Acaser. Donner en fief.

ACASEMENT s. m. (a-ka-ze-man — rad. acaser). Action d’acaser, de donner en fief.

ACASER v. a. ou tr. (a-ka-zé — du lat. casa, cabane). Anc. jurispr. Donner en fief, donner à rente.

ACASTE s. m. (a-kas-te — de Acaste, n. pr.). Zool. Genre de crustacés cirrhopodes, voisin des balanes ou glands de mer. Les acastes ont une coquille conique à six valves, surmontée d’un opercule à quatre valves. Ces crustacés habitent les mers des pays chauds et se logent dans les éponges.

ACASTE, fils de Pélias, fut un des Argonautes. Ses sœurs, d’après le conseil de Médée, ayant tué leur père et fait bouillir ses membres dans l’espoir de le rajeunir, Acaste lui rendit les derniers devoirs et chassa Jason et Médée.

ACASTIDE s. m. (a-kass-ti-de). Descendant d’Acaste, roi de Thessalie, et l’un des Argonautes.

ACATALECTE adj. (a-ka-ta-lèk-te — du gr. a. priv. ; katalèktikos, qui termine). Prosod. anc. Se dit d’un vers qui n’est pas tronqué au bout, qui n’a pas une syllabe de moins comme le vers catalecte : Dans toutes les strophes et les antistrophes, on trouve un vers technique trimètre complet ou acatalecte. (Vauvil.) || On dit aussi acatalectique.

ACATALEPSIE s. f. (a-ka-ta-lèp-sî — du gr. a priv. ; katalèpsis, compréhension). Anc. philos. Impossibilité de comprendre, doute, négation de toute certitude. Les anciens donnaient ce nom au scepticisme universel, dont la secte des pyrrhoniens faisait profession. Ces philosophes prétendaient que nos sens nous trompent nécessairement sur la véritable nature des choses. Arcésilas est, dit-on, le premier qui soutint l’acatalepsie.

— Pathol. Affection cérébrale qui ôte la faculté de concevoir, qui ne permet pas de suivre un raisonnement, de mettre de la suite dans ses idées.

ACATALEPTIQUE adj. (a-ka-ta-lèp-ti-ke — rad. acatalepsie) Partisan du doute philosophique, sceptique : Les principes acataleptiques.

— Méd. Atteint de la maladie appelée acatalepsie.

ACATAPOSE s. m. (a-ka-ta-po-ze — du gr. a priv. ; kataposis, action d’avaler). Méd. Difficulté, impossibilité d’avaler.

ACATASTATIQUE adj. (a-ka-tas-ta-ti-ke — du gr. a priv. ; katastatikos, stable). Méd. S’appliquait autrefois aux fièvres dont les périodes n’offrent rien de régulier. Il se disait aussi des urines qui changent à chaque instant d’aspect.

ACATÉCHILI s. m. (a-ka-té-chi-li). Ornith. Oiseau du Mexique, semblable au tarin. V. Achatechitli.

ACATHISTE s. m. (a-ka-tiss-te — du gr. a priv. ; kathistèmi, je me tiens debout). Liturg. Fête que l’Église grecque célébrait le samedi de la quatrième semaine de carême, en l’honneur de la Vierge, et dont l’office de la nuit se récitait tout entier debout. || Hymne que l’on chantait à cette fête.

ACATHOLIQUE adj. (a-ka-to-li-ke — du gr. a priv. ; katholikos, catholique, universel). Néol. Se dit de ceux qui, reconnaissant la divinité de Jésus-Christ, repoussent l’autorité du pape et la suprématie de l’Église romaine.

ACATIA s. f. (a-ka-si-a — du gr. akation, nacelle pointue). Antiq. gr. Chaussure que portaient les femmes, amsi nommée à cause de sa forme.

ACATIUM s. m. (a-ka-si-omm ; mot lat.) Antiq. rom. Petit bâtiment qui allait à la rame et à la voile.

ACATONIS s. m. (a-ka-to-niss). Géogr. Nom d’une peuplade de la Nouvelle-Angleterre.

ACATYRES s. m. pl. (a-ka-tir). Géogr. Nom d’une horde de barbares qui, avec les Huns, envahirent l’empire romain.

ACAULE adj. (a-ko-le — du gr. a priv. ; kaulos, tige). Bot. Se dit des plantes qui n’ont pas de tige apparente, comme le silène acaule, la centaurée acaule.

Encycl. Il est assez rare que des plantes annuelles soient acaules ; la tige est alors réduite au collet, ou à une sorte de plateau sur lequel les feuilles sont rapprochées en rosette. Les plantes vivaces, dites acaules, ont généralement une tige souterraine ou rhizome qui émet des pédoncules ou des pédicelles que l’on appelle improprement radicaux, parce que l’on confondait autrefois les rhizomes avec les racines. Il arrive fréquemment, dans les plantes dites acaules, que la tige aérienne, presque nulle chez certains échantillons, atteint une certaine hauteur chez d’autres. Un grand nombre de plantes bulbeuses sont considérées comme acaules, leurs tiges florifères, qui ne présentent en général d’autres feuilles que les feuilles florales ou bractées, étant regardées comme des pédoncules, et la tige se trouvant réduite au plateau qui donne insertion aux écailles du bulbe. D’autres plantes bulbeuses émettent de véritables tiges feuillées, comme le lis blanc, la couronne impériale, etc.

ACAVE s. m. (a-ka-ve). Moll. Sous-genre établi dans le grand genre hélice ou escargot, et dont le type est l’hélice chagrinée (helix aspersa), commune dans les jardins et les vignes. Il renferme les espèces dont la coquille est globuleuse et ombiliquée. V. Hélice.

ACCABLANT (a-kâ-blan) part. prés. du v. Accabler.

Ma rivale, accablant mon amant de bienfaits,
Opposait un empire à mes faibles attraits.
Racine.

ACCABLANT, ANTE adj. (a-kà-blan, an-te). Qui accable, qui fait ployer sous le poids : À ces mots, Idoménée parut comme un homme qu’on soulage d’un fardeau accablant. (Fén.)

— Par exag. Extrême : Quand il arriva, la chaleur était accablante. (Rog. de Beauv.) || Climat accablant, Climat où règne une chaleur accablante : Ses membres secs et nerveux annonçaient une vigueur peu commune dans un climat accablant. (E. Sue.)

— Fig. Qui jette dans l’âme la tristesse, l’effroi, le désespoir : Une idée accablante et terrible s’offre à moi. (La Harpe.) Un criminel à qui on lit la sentence n’a jamais été plus saisi et plus troublé que je le fus à cette nouvelle accablante. (Le Sage.) Les joies du monde sont insensées, parce qu’elles s’élèvent sur le néant ; ses douleurs sont accablantes, parce qu’elles sont inconsolables et désespérées. (Lamenn.) Foi céleste, tu soulèves tes poids accablants qui pèsent sur le cœur de l’homme. (Chateaub.)

Ah ! penser accablant où mon cœur s’abandonne !
Campistron.

— Par anal. Qui énerve les facultés intellectuelles, qui abrutit : Il s’agissait d’émanciper la jeunesse, de l’affranchir des méthodes serviles et accablantes, et de ramener les esprits aux voies naturelles. (Ste-Beuve.) || Qui fatigue, qui surcharge : Le nombre des matériaux nécessaires devient toujours plus accablant pour le géographe. (Fonten.) || Incommode, importun, fâcheux : Un homme accablant. Visites accablantes. Rien de plus accablant que tous ces petits-maîtres. (Col. d’Harlev.) || Mortifiant, écrasant : On l’a laissé sortir, mais il est resté dans la pièce voisine pour m’écouter, afin de se ménager une rentrée accablante pour mon amour-propre. (G. Sand.) Elle m’a traité avec un mépris accablant. (G. Sand.) || Qui rend toute excuse, toute justification impossible : Les remarques sont jugées accablantes pour M. de Cambrai. (Boss.) Il dressa un mémoire accablant contre le grand vizir. (Volt.) P.-L. Courier a beaucoup cité et toujours avec un sens, une force, une sûreté d’application accablante pour les puissances qu’il voulait abattre. (A. Carrel.)

Ces foudroyants regards, ces accablants reproches.
Corneille.
Mais qu’il est accablant de parler de sa honte !
Voltaire.

ACCABLÉ, ÉE (a-kâ-blé) part. pass. du v. Accabler. Qui succombe sous le faix : Cet homme paraît accablé sous le poids de son fardeau. || Se dit aussi des choses : La vigne était accablée sous son fruit. (Fén.)

— Par ext. Vaincu : Longtemps sa valeur le soutint contre la multitude de ses ennemis ; mais enfin il fut accablé. (Fén.) Il semble devoir être accablé par le nombre des ennemis. (Volt.)

                L’Orient accablé
Ne peut plus soutenir leur effort redoublé.
Racine.


|| Harassé, exténué : Je me trouve dans mon lit, accablé de fatigue, et trempé de sueurs. (J.-J. Rouss.)

— Fig. : Il était accablé sous le poids de ses infirmités. (Fén.) Son vieux père, accablé sous le fardeau des ans, se livrait au sommeil. (Volt.) J’y vois un homme accablé sous le poids de sa misère. (J.-B. Rouss.) Je me sentais accablé sous le poids de tant de bontés multipliées. (Dider.) Sans doute la mort a des douceurs pour celui qui est accablé des rigueurs de la vie. (B. de St-P.)

Accablé du fardeau d’une tristesse extrême.
Gresset.
D’un noir chagrin mon cœur languissait accablé ;
Je regardais le ciel et j’étais consolé.
Michaud.

— Fig. et par anal. Comblé, surchargé : Il fut accablé de prévenances, de caresses. Apprenez du moindre avocat qu’il faut paraître accablé d’affaires. (La Bruy.) Cette femme était accablée d’un grand nombre d’incommodités très-cruelles. (Fonten.) Accablé de travail, sevré de plaisirs et fatigué du monde, il tomba bientôt dans le plus affreux marasme. (Balz.) Mirabeau, dans sa jeunesse, fut accablé de dettes et de besoins. (Villem.)

Il vit chargé de gloire, accablé de douleurs.
Racine.

|| Affaibli : Pardonnez-vous à un homme qui a été accablé de maladies et d’une tragédie ? (Volt.) || Réduit au silence : Tâche de les convaincre par une multitude de preuves dont ils soient accablés. (Bourdal.) || Terrifié, anéanti : Elle joignit les mains et se renversa sur le dos de son fauteuil, accablée par ce terrible pronostic. (Balz.) Une autre pierre gravée présente encore Achille jouant de la lyre ; mais cette fois il est accablé par la douleur et la perte de Briséis. (Val. Parisot.)

. . . . J’allais, accablé de cet assassinat,
Pleurer Britannicus, César, et tout l’État.
Racine.

— Absol. : Je viens d’apprendre cette fâcheuse nouvelle ; vous me voyez tout accablé.

Antonymes. Allègre, épanoui, gaillard, rayonnant.

ACCABLEMENT s. m. (a-kà-ble-man — rad. accabler). Affaissement physique, résultant d’une trop grande fatigue, de quelque effort ou de quelque souffrance : Quand il dort, c’est d’accablement. (Mme  de Sév.) Je me sentis même une assez grande difficulté de respirer, enfin des pesanteurs et un accablement total. (Mariv.)

— Fig. Prostration morale, à la suite de peines, de chagrins, de malheurs : Je n’ai pas de ces heures d’accablement qui vont jusqu’à l’âme. (Voiture.) Elle était dans cet état de tristesse et d’accablement où, à force de malheurs, on n’en craint plus aucun. (Mme  de Tencin.) La religieuse entra et me surprit dans cet accablement de cœur et d’esprit. (Mariv.) Nous supportons plus facilement l’accablement du malheur que l’ivresse du succès. (Petiet.)

Vous qui n’avez jamais de sourire moqueur
Pour les accablements dont une âme est troublée.
V. Hugo.


|| Misère, dénûment : On croit cette imposition prématurée dans l’accablement où sont les peuples. (Boss.)

— Fig. et par anal. Entassement, surcharge : Quel accablement d’affaires ! Quel poids, quel accablement que celui que donne un royaume ! (La Bruy.) Que deviennent les lois, leur texte, et le prodigieux accablement de leurs commentaires. (La Bruy.)

— Pathol. État de faiblesse apparente, résultant de la prostration des forces vitales.

Syn. Accablement, abattement, affaissement, anéantissement, épuisement, langueur, prostration. V. Abattement.

Épithètes. Naturel, passager, court, long, lourd, pesant, total, complet, profond, triste, douloureux, cruel, morne, sombre, mortel.

ACCABLER v. a. ou tr. (a-kâ-blé — étym. douteuse : du lat. cabulus, bélier, machine à lancer de grosses pierres pour renverser, d’où s’est forme le bas-lat. accabulare, écraser, renverser avec des pierres ; suivant d’autres, du vieux mot fr. chaable, même sens que cabulus ; enfin, quelques-uns le font dériver du celt. cablu, qui signifie opprimer. Ce qui donne une certaine probabilité à l’étym. fr., c’est notre mot chablis, en usage dans la technologie des eaux et forêts pour désigner les arbres abattus par le vent). Écraser : Les Sabins accablèrent Tarpéia sous leurs boucliers. La maison en tombant accabla ceux qui s’y trouvaient. (Acad.) || Faire plier, surcharger, excéder les forces : Il portait, un fardeau qui l’accablait. (Acad.).

— Par ext. : Le travail, le sommeil l’accable. Lorsque le poids de la vieillesse vient vous accabler, vous devez plus que jamais songer à la mort. (Pasc.) Quand la fortune nous décharge du travail, la nature nous accable du temps. (Mme  de Puizieux.) La fièvre tomba vers neuf heures du matin, après m’avoir accablé pendant dix-sept heures. (Chateaub.)