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ABYSSINICO-ÉTHIOPIEN, ENNE adj. (a-biss-si-ni-ko-é-ti-o-pi-ain, è-ne — rad. Abyssinie et Éthiopie). Qui appartient, qui a rapport aux Abyssiniens et aux Éthiopiens : Cette inscription contient, outre la généalogie de Ptolémée Evergète, une seconde partie écrite en langue d’Axum, dialecte abyssinico-éthiopien, et qui est une liste de noms de peuples qu’un roi se vante d’avoir soumis. (Encycl.) || On dit aussi abyssino-éthiopien.

ABYSSINIE, vaste contrée de l’Afrique orientale, l’Éthiopie des anciens ; pays montagneux et pittoresque, mais très-fertile, arrosé par plusieurs affluents du Nil ; climat tempéré et salubre ; env. 4,000,000 h. Mines d’or et d’argent ; animaux féroces, tels que le lion, le tigre, le léopard, la panthère, l’hyène, le crocodile ; on y trouve aussi la girafe. Autrefois toute cette contrée formait un vaste empire soumis à un seul prince ; il a été depuis divisé en plusieurs États indépendants. Les principaux sont : le Tigré, cap. Antalo ; l’Ambara, cap. Gondar, résidence du souverain, et le Choa, cap. Ankober. La plupart des Abyssins suivent la religion chrétienne. Le commerce, très-peu important, se borne à l’exportation de la poudre d’or et de l’ivoire.

ABYSSINIEN, ENNE s. (a-biss-si-ni-ain, è-ne). Géogr. Habitant de l’Abyssinie : Les ethnographes croient généralement que les Abyssiniens descendent d’une race aborigène d’Afrique et de colons venus de la haute Égypte. (Encycl.) La couleur de leur peau est plus ou moins bronzée. Elle est plus claire si la mère est une Abyssinienne, et plus foncée si c’est une négresse. (Encycl.) Les Abyssiniens ont peine à s’acclimater en Égypte. (J.-J. Marcel.) Les Turcs recherchent passionnément les Abyssiniennes, à cause de leur beauté et de leur aimable caractère. (J.-J. Marcel.)

— Adj. Qui appartient à l’Abyssinie, qui a rapport à ce royaume ou à ses habitants : La nation abyssinienne. Un roi abyssinien. Les églises abyssiniennes. Les langues abyssiniennes. Les annales abyssiniennes ne donnent aucun détail sur le règne des onze usurpateurs qui occupèrent successivement le trône. (Encycl.)

— s. m. Idiome parlé par les habitants de l’Abyssinie. || Dans ces différentes acceptions, on dit indifféremment Abyssinien ou Abyssin. V. ce dernier mot.

ABYSSINIQUE adj. (a-biss-si-ni-ke). Géogr. De l’Abyssinie ; qui appartient, qui a rapport à l’Abyssinie : Les langues abyssiniques. L’idiome abyssinique. Balbi parle de la branche abyssinique dans la famille des langues sémitiques. (Legoarant.) || Pour cette forme adjective, on dit aussi abyssin et abyssinien.

ABYSSINO-ÉTHIOPIEN, ENNE adj. (a-biss-si-no-é-ti-o-pi-ain, è-ne — rad. Abyssinie et Égypte). Géogr. Qui appartient à l’Abyssinie et à l’Égypte : La langue d’Axum est un dialecte abyssino-éthiopien. (Encycl.) V. Abyssinico-éthiopien.

ABYSSIQUE adj. (a-biss-si-ke — du gr. a priv., et bussos, fond). Géol. Se dit pour désigner les dépôts qui auraient été formés, par la voie aqueuse, dans le sein de la première mer ou l’abîme : Terrains abyssiques. || Ce mot est la forme adjective de abîme.

ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT (a biss-suss-a-biss-somm-ain-vo-katt), mots latins qui signifient : L’abîme appelle l’abîme. Dans l’application, cette belle expression tirée de la Bible signifie qu’un malheur en appelle un autre, mais surtout qu’une faute conduit fatalement à une autre faute : une fois sur la pente du mal, l’homme ne peut plus s’arrêter qu’au fond de l’abîme. C’est de cette expression biblique qu’est né notre proverbe français : Un malheur ne vient jamais seul.

« Je vous dirai qu’un soir Carlostadt et moi avions faim, mais une faim de moines qui n’ont pas mangé depuis vingt-quatre heures. Nous jeûnions depuis ce temps-là : nous aurions mangé une cathédrale. Où aller, sans argent, dans la ville éternelle, qui ne nous avait jamais semblé si éternelle ? Il était tard ; les couvents étaient fermés. Point de ressources. Carlostadt bâillait de faim et de sommeil ; moi, de sommeil et de faim. Passe un abbé. Les solitudes s’attirent, a dit l’Écriture : Abyssus evocat abyssum. Le vide de l’abbé heurta le nôtre ; son estomac cria : J’ai faim, et le nôtre répondit : Je n’ai pas soupé. »

Léon Gozlan.     

« Il y avait quelque chose de touchant dans cette heureuse et laborieuse médiocrité. En se sentant aimée par Minard, Zélie l’aima sincèrement, l’amour attire l’amour, c’est l’abyssus abyssum de la Bible. »     Balzac.

« Un grand penchant nous entraîne vers les ouvrages mystiques : Abyssus abyssum invocat ; notre esprit est un abîme qui se plaît dans les abîmes ! Enfants, hommes, vieillards, nous sommes toujours friands de mystères, sous quelque forme qu’ils se présentent. »

Balzac.     

— Rem. Dans l’usage que l’on fait de cette citation latine, on se sert indistinctement de vocat, evocat, invocat, qui sont trois formes différentes du verbe appeler.

ABZUG s. m. (ab-zugg). Chim. Poussière noirâtre d’acide de plomb mélangé de matières étrangères qui se forme à la surface du bain de plomb en fusion, au début de la coupellation.

AC, préfixe, remplaçant la préposition ad, dans les mots soit latins, soit dérivés du latin où cette préposition se rencontre avec un mot commençant par un c ou par un q : Tels sont accoster, accéder, accolade, accord, accrocher, acclimater, etc., mis pour adcoster, adcéder, adcolade, adcord, adcrocher, adclimater, etc.

ACABIT s. m. (a-ka-bi — bas lat. accapitum, formé de ad et capere, prise de possession, achat. Avant de revêtir son sens actuel, de bon acabit a d’abord signifié de bonne prise, de bonne possession). Qualité bonne ou mauvaise d’une chose : Ces poires sont d’un bon acabit. Ce drap est d’un mauvais acabit.

— Fig. et fam. en parlant des personnes, Caractère, habitude, manière d’être bonne ou mauvaise : Vous me demandez ce que je pense de vos cousins. Je les trouve, si l’on peut s’exprimer ainsi, de même acabit que vous, et cet acabit n’est pas le plus commun. (Mme de Maintenon.) Elle imposait beaucoup, car elle s’était entourée de quelques vieilles dévotes de son acabit, qui la soutenaient à charge de revanche. (Balz.) Mon fils ne voit avec quelque intimité que des ecclésiastiques ou de jeunes savants de même acabit. (H. Beyle.) Elle ne connaissait, en fait de femmes, que sa mère et quelques volumineuses matrones du même acabit. (G. Sand.)

…… Ta plume baptise
De noms trop doux gens de tel acabit.
J.-B. Rousseau.

— Dans le même sens, se dit aussi des choses : Il est veuf, il a des enfants, c’est vrai ; mais il sera pair de France, et par le temps qui court, trouvez donc des mariages de cet acabit. (Balz.)

ACACAHOACTLI s. m. (a-ka-ka-o-ak-tli — nom formé par onomatopée). Ornith. Espèce d’alcyon ou de martin-pêcheur qui habite le Mexique ; il ne se trouve que dans les marais, où il niche au milieu des joncs, et fait entendre un cri très-rauque : La taille de l’acacahoactli est un peu moindre que celle du canard sauvage. (Buff.) On peut apprivoiser l’acacahoactli en le nourrissant de poisson et même de chair. (Buff.)

ACACIA s. m. (a-ka-sia — étym. douteuse : du gr. akè, pointe, en raison des épines de l’acacia, ou de akakia, a privatif ; kakos, mauvais, qui est sans malice, parce que la piqûre de ses épines n’est suivie d’aucun mauvais effet). Bot. Nom d’un genre d’arbres de la famille des légumineuses : La plupart des acacias croissent soit dans la zone équatoriale, soit dans les contrées extra-tropicales de la Nouvelle-Hollande. (D’Orbigny.) Leur odorat, jeune encore, se souvenait de la senteur embaumée des acacias et des pommes roses. (R. de Beauv.) Quelques acacias en fleur, des épines roses, des plantes grimpantes s’élevaient autour de la maison. (Balz.)

— On connaît une grande variété d’acacias : Acacia à trois épines. V. Févier. || Acacia de Sibérie. V. Caragan. || Acacia pudique. V. Sensitive.

Faux acacia. Cet arbre à belles fleurs blanches, très-répandu dans les jardins et les promenades, où il est connu sous le nom vulgaire, mais impropre, d’acacia, est un robinier. V. Robinier.

— Numism. Espèce de sachet long et étroit que l’on remarque à la main des consuls et des empereurs grecs, dans les médailles depuis le vie siècle.

— Poétiq. En vers, le mot acacia n’a ordinairement, comme dans la prononciation ordinaire, que trois syllabes : a-ca-cia.

Sous l’acacia léger j’aurais placé Delille.
Castel.
Ses gais refrains vous égalent en nombre
Fleurs d’acacia qu’éparpillent les vents.
Béranger.

— Cependant rien n’empêche, en poésie, de le faire de quatre syllabes :

Le pâle acacia, le pudique oranger.
Ancelot.

Encycl. Le genre acacia renferme environ trois cents espèces, la plupart croissant dans la zone équatoriale ou dans les régions intertropicales de l’Australie. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux, ordinairement épineux, à feuilles ailées, souvent réduites au pétiole élargi et aplati. Plusieurs d’entre eux se font remarquer par leur bois dur, mais rarement droit, et peu susceptible d’être employé dans l’industrie, ou par les produits qu’ils fournissent à la médecine et aux arts : tannin, cachou, gommes, sucs divers, fruits, matières colorantes, etc.

La propriété astringente est celle qui domine dans le bois et l’écorce de plusieurs espèces ; elle est due à la quantité considérable de tannin que renferment ces organes. Aussi emploie-t-on pour le tannage l’acacia d’Arabie et celui d’Adanson. Dans d’autres cas, l’astringence est assez forte pour les faire employer comme fébrifuges ; tels sont l’acacia voyageur, l’acacia ferrugineux et l’acacia à fleurs blanches. Enfin le cachou, substance éminemment astringente, est fourni par l’acacia catechu et par quelques autres végétaux de divers genres. V. Cachou.

Un autre groupe non moins intéressant est celui des acacias gommifères. L’acacia du Sénégal, ou gommier blanc, qui habite l’Arabie et l’intérieur de l’Afrique, laisse exsuder de son tronc la gomme du Sénégal, qu’on emploie en médecine comme adoucissant. Les acacias vrais, du Nil, gommifère et d’Arabie, donnent la gomme arabique, employée aux mêmes usages, et plus connue que la précédente.

Les feuilles de l’acacia Lebbek servent de savon aux habitants des îles Maurice et de la Réunion.

Les fruits d’un grand nombre d’espèces sont utilisés en économie domestique, en médecine ou dans les arts. Au Mexique, on mange ceux de l’acacia comestible ou guaxe. Les gousses de l’acacia grimpant, ou liane à bœuf, atteignent souvent la longueur d’un mètre et renferment des graines plates, arrondies et larges comme la main. Leur saveur un peu amère n’empêche pas les Américains de les manger crues ou cuites dans la cendre, et de les donner aussi à leurs bêtes à cornes, qui aiment beaucoup cette nourriture.

En faisant bouillir les gousses de l’acacia d’Arabie, cueillies avant leur maturité, on en obtient un extrait solide, brun rougeâtre, d’une saveur astringente et styptique, qu’on employait beaucoup autrefois en médecine, sous le nom de suc d’acacia.

Les fruits de l’acacia catechu fournissent du cachou, et on peut les employer pour le tannage, ainsi que les bablah, fruits de l’acacia cendré et de quelques autres espèces, qui sont aussi riches en tannin.

Un grand nombre d’acacias sont cultivés dans les jardins d’agrément. L’un des plus remarquables est l’acacia julibrissin ou arbre de soie, originaire de l’Orient, et que l’on cultive en plein air jusque sous le climat de Paris, de même que l’acacia à panaches. D’autres espèces, telles que l’acacia floribunda, demandent à être abritées l’hiver en orangerie, et il en est même, comme l’acacia de Farnèse, vulgairement appelé cacie, l’acacia du Nil, etc., qui ne peuvent être conservées qu’en serre chaude.

ACACIE s. f. (a-ka-si). Hortic. Nom sous lequel on désigne souvent plusieurs arbres et arbustes appartenant à la famille des acacias.

ACACIENS s. m. pl. (a-ka-si-ain). Hist. relig. Sectes d’Ariens au ive siècle. Ils avaient pour chef Acacius de Césarée.

ACADÉMICIEN s. m. (a-ka-dé-mi-si-ain — rad. académie). Chez les anciens, Celui qui professait les opinions de la secte philosophique grecque appelée Académie : Cicéron était très-attaché à la secte des académiciens. (Volt.) || Se dit aujourd’hui d’un écrivain, d’un artiste, d’un savant, qui fait partie d’une académie et particulièrement de l’Académie française : En qualité d’académicien, je condamnerais d’autorité. (Pasc.) Académicien, sénateur et pair de France, Berthollet n’existe que pour méditer et découvrir. (Cuvier.) Aux académiciens étaient octroyés de brillants priviléges. (Balz.) Ce monsieur est un académicien. (Alex. Dumas.)

— Par ext. et plus souvent par plaisanterie, Celui qui fait partie d’une société, d’une réunion quelconque : Avant peu d’années, la gastronomie aura ses académiciens, ses cours, ses professeurs et ses propositions de prix. (Brill.-Sav.)

— Adject. Qui a rapport, qui est propre à l’Académie ou aux académiciens : On compte trois sectes académiciennes.

Ta léthargique fleur n’est bonne
Qu’à ceindre un jour d’une couronne
Un front académicien.Naudet.

— En poésie, le mot académicien est généralement de six syllabes (a-ca-dé-mi-ci-en), comme on le voit dans les vers suivants :

Enfin, par son sublime organe,
Les animaux parlent si bien,
Que dans Houdard souvent un âne
Est un académicien.
J.-B. Rousseau.

Prov. littér. :

Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.

Trait satirique de Piron, dont voici l’histoire :

Piron, poëte de second ordre, mais immortel auteur de la Métromanie, avait un grand talent pour la saillie et l’épigramme, et ne laissait passer aucune occasion de lancer des brocards contre l’Académie française : « Ils sont là quarante, disait-il, qui ont de l’esprit comme quatre. » Un jour qu’il s’efforçait de percer la foule pour assister à une séance publique, il s’écria : « Il est plus difficile d’entrer ici que d’y être reçu. » Cependant, en 1750, il se mit sur les rangs pour la place laissée vacante par la mort de l’abbé Terrasson, et ne fut point nommé. Trois ans après, il obtint les suffrages de l’assemblée, mais Louis XV refusa son agrément à cette élection, et donna au poëte, pour dédommagement, une pension de mille livres. Ce fut peu de temps après que Piron envoya à l’Académie son testament avec cette épigramme :

Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.

Toute l’Académie française avait été invitée à l’enterrement de Piron ; elle pouvait sans doute se dispenser d’y assister en corps, mais on n’y vit pas un seul de ses membres. Il y avait dans un pareil procédé plus qu’une inconvenance. On fit circuler à ce sujet ce quatrain :

Des quarante, priés en vain à ton convoi,
Aucun n’en a voulu grossir le petit nombre ;
Ne t’en plains pas, Piron, c’est qu’ils avaient, ma foi,
     Encor peur de ton ombre.

On fait, en littérature, de fréquentes allusions à l’épitaphe du spirituel satirique :

« Cette fidélité à la mauvaise fortune de la démocratie fut récompensée par la perte de sa place de professeur à l’Université de Munich et de toutes ses distinctions honorifiques. Il ne sauva de la débâcle que son titre de membre de l’Académie des sciences, en sorte qu’on peut retourner pour lui le mot de Piron, et dire de Fallmerayer qu’il ne fut rien,

Hélas ! qu’académicien !
Revue de l’Instruction publique.

« Béranger n’est pas de l’Académie française, il s’est dit qu’il ne fallait pas en être. C’est une singularité dont il se flatte, et dont il se vanterait presque, si tout le monde ne savait pas qu’il ne tient qu’à lui d’être un des premiers des quarante. Mais il ne veut pas qu’on puisse « accoler jamais d’autre titre à son nom que celui de chansonnier. » Il ne fut rien, pas même académicien, c’est une épitaphe qu’il s’est appliquée à l’avance. »

          Sainte-Beuve, Causeries du lundi.

Quelquefois la tournure, le sens, la marche de la phrase amène, dans la citation, un autre mot que académicien. Cette substitution a lieu quand on passe du général au particulier, comme dans l’exemple suivant :

« Le roi ouvrit ses bras au vicomte de Montflanquin et le tint longtemps sur son cœur. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ses yeux étaient mouillés de larmes. — Nous ne ferons rien pour vous, lui dit-il enfin avec bonté ; puisque vous l’exigez, vous ne serez rien, pas même pair de France. Seulement, quoi que vous demandiez, soit pour vos proches, soit pour vos amis, vous l’obtiendrez, noble jeune homme, de notre royale gratitude. »

        Jules Sandeau, Sacs et Parchemins.

ACADÉMICIENNE s. f. (a-ka-dé-mi-si-ène — rad. académie). Ce féminin a été fait pour Mme Deshoulières, à qui l’Académie d’Arles avait envoyé des lettres d’académicienne : Il y a en Italie des académiciennes. (Acad.) L’académie de peinture a nommé quelques femmes académiciennes. Une femme ne doit être académicienne qu’en épousant un académicien. (Mme E. de Gir.)

ACADÉMICITÉ s. f. (a-ka-dé-mi-si-té — rad. académie). Titre, qualité d’académicien. Mot burlesque qu’a employé Galiani : Présentez, écrit-il, mes félicitations à l’abbé Arnaud sur son académicité.

ACADÉMIE. Nom donné par les Athéniens à une promenade plantée de platanes et d’oliviers, qui avait été d’abord un gymnase, et dont l’emplacement avait été légué à la république par un contemporain de Thésée, nommé Académus. Elle était située sur les bords du Céphise, aux portes d’Athènes. Platon, qui possédait une maison de campagne dans les environs, y venait chaque jour expliquer sa doctrine à ses disciples. De là le nom d’Académie donné à son école et à sa doctrine, et dans la suite à toute société organisée de savants, de poëtes ou d’artistes. Les variations que subit la doctrine platonicienne ont fait distinguer l’ancienne académie, où Speusippe, Xénocrate et Polémon continuèrent l’enseignement de Platon, de la moyenne, dont Arcésilas fut le fondateur, et de la nouvelle, fondée par Carnéade. De nos jours un Athénien, propriétaire d’un emplacement qu’il prétendait être celui de l’Académie, l’a mis en loterie sous le nom pompeux d’Académie de Platon, et a fait vendre des billets dans toute l’Europe.


ACADÉMIE s. f. (a-ka-dé-mi — Pour l’origine, V. l’article ci-dessus). Société scientifique, littéraire ou artistique, et particulièrement l’Académie française : Les académies sont des sociétés comiques où l’on garde le sérieux. (Mme de Linange.) Je veux établir chez vous une académie de beaux esprits. (Mol.) De toutes les académies du royaume et du monde, c’est assurément l’Académie de musique qui fait le plus de bruit. (J.-J. Rouss.) Je postulerai fort et ferme une place dans votre académie. (Volt.) L’établissement de l’Académie française suffirait seule pour immortaliser le nom de Richelieu. (Parny.) La dissertation sur le Cid, quoique injuste dans plusieurs parties, commença dignement la carrière de l’Académie. (A. Guiraud.) L’Académie des sciences morales et politiques est le lieu de déportation pour les esprits graves ; une fois là ils se tiennent tranquilles. (Balz.) Il est d’usage de vivre longtemps à l’Académie. (Ste-Beuve.) Étienne eut cela de piquant dans sa vie d’être reçu deux fois à l’Académie française. (Ste-Beuve.)

— Division de l’Université de France, dirigée par un recteur : Il y a aujourd’hui vingt-six académies universitaires. Les académies de Rouen, de Bordeaux, de Strasbourg. Un officier, un membre, un inspecteur de l’Académie de Paris.