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— Hortic. Paillasson qui protége les plantes contre le vent.

— Art milit. Appentis que les soldats fabriquent en claies on en paille, pour se garantir des injures du temps et de la rigueur du bivac : Il est accordé à ces postes le chauffage de campagne et les matériaux propres à la construction d’abrivents. (Gén. Bardin.) On fut obligé de prendre la paille des paillasses pour faire des abrivents aux soldats qui n’étaient jamais relevés du chemin couvert. (De Feuquières.)

ABRIVER v. n. ou intr. (a-bri-vé — du lat. ab, de ; ripa, rive). Aborder, venir sur la rive, approcher de la rive. Inusité.

ABROGATIF, IVE adj. (a bro-ga-tif, i-ve — du lat. abrogatus, abrogé). Qui a pour objet d’abroger : Projet abrogatif. Loi, disposition abrogative. Testament abrogatif.

ABROGATION s. f. (a-bro-ga-si-on — lat. abrogatio, même sens). Annulation, abolition, suppression d’une loi, d’un décret, d’un arrêté, etc. L’abrogation d’une loi fondamentale est souvent la cause de la ruine du prince ou du peuple, et quelquefois de tous les deux. (Guizot.)

— Absol. : L’abrogation est, à proprement parler, la mort de la loi. Une loi cesse en partie par la dérogation ; elle cesse entièrement par l’abrogation. (Gousset.) Le droit naturel ne forme pas un corps de lois que l’abrogation ou la dérogation puisse atteindre. (Portalis.) || Peut s’employer au pluriel : Il serait important de diminuer la masse énorme de nos lois par des abrogations formelles.

— Par ext. Suppression, abolition d’une coutume, d’un usage, etc. : Il n’y a point de loi qui contienne une abrogation expresse des priviléges et des honneurs que les Romains avaient accordés aux mariages et au nombre des enfants. (Montesq.) L’abrogation du népotisme, dont vous me parlez, serait d’une grande édification pour l’Église. (De Rancé.) La retraite sur le mont Sacré, l’abrogation des dettes, l’établissement du tribunat… (Vertot.) L’abrogation de ces droits locaux est l’objet des premiers articles du décret de l’Assemblée nationale du 5 novembre 1790. (H. Say.)

Encycl. Jurispr. L’abrogation est expresse ou tacite : expresse, si la loi déclare d’une manière formelle et positive que la loi antérieure est abolie ; tacite, si la loi nouvelle, sans déclarer expressément que la précédente est abolie, contient un ensemble de dispositions contraires aux anciennes. Dans les gouvernements représentatifs, le concours des Chambres et du monarque est nécessaire à l’abrogation d’une loi.

ABROGATOIRE adj. (a-bro-ga-toi-re — du lat. abrogatus, abrogé). Qui a pour but d’abroger : Clause abrogatoire.

ABROGÉ, ÉE (a-bro-jé) part. pass. du v. Abroger : Une loi est abrogée quand elle cesse de commander l’obéissance. Cette disposition est trop fondée en raison pour avoir pu être abrogée par le temps. (Balz.) La pragmatique sanction a été abrogée par le concordat. (Guizot.) Ces traités entre les trois puissances n’ont pas été abrogés par une entente cordiale. (De la Bédollière.)

ABROGEABLE adj. (a-bro-ja-ble — rad. abroger). Qui peut ou doit être abrogé : Toute loi est abrogeable par les pouvoirs qui l’ont rendue. (Legoarant.)

ABROGEANT (a-bro-jan) part. prés. du v. Abroger : Les législateurs, en abrogeant formellement certaines lois tombées en désuétude, rendent un immense service au pays.

ABROGER v. a. ou tr. (a-bro-jé — lat. abrogare, même sens. — Prend l’e muet après le g, devant les voyelles a, o : Nous abrogeâmes, il abrogea, nous abrogeons, etc.). Supprimer, annuler, abolir ; se dit surtout des lois, édits, décrets, arrêts, ordonnances, etc. Abroger une loi. Dans un État libre, il ne faut jamais souffrir qu’aucune loi tombe en désuétude, il faut l’abroger formellement ou la maintenir en vigueur. (J.-J. Rouss.)

— Par ext. Se dit des coutumes, des usages, etc. : Aucun législateur de l’antiquité n’a tenté d’abroger la servitude. (Volt.) C’est là le droit de la nature, que rien ne peut abroger. (J.-J. Rouss.) Je trouvai cet usage injuste, et je l’abrogeai pour les Français. (J.-J. Rouss.) Justinien abrogea toutes les distinctions qui restaient à cet égard. (Montesq.) Du même droit que le peuple aurait proclamé l’hérédité, il pourrait, à son gré, l’abroger. (E. de Gir.) || Effacer, rayer, faire disparaître, supprimer : Le plus grand avantage de mon système de notation était d’abroger les transpositions et les clefs. (J.-J. Rouss.)

Monseigneur…… — Tout d’abord j’interromps cette phrase.
Le mot de monseigneur demande trop d’emphase
Pour gens faits comme moi : je l’abroge
Boursault.

— Fig. Anéantir, détruire entièrement : Le travail, en s’organisant, a pour mission d’abroger le gouvernement. (Proudhon.)

S’abroger, v. pr. Être abrogé, cesser d’être en vigueur : Cette coutume s’ est abrogée d’elle-même par désuétude. (Acad.) Les mauvaises lois s’abrogent d’elles-mêmes. (Boiste.)

Syn. Abroger, abolir, annuler, casser, infirmer, révoquer. V. Abolir.

ABROHANI s. m. (a-bro-a-ni). Comm. Espèce de mousseline blanche qui vient des Indes orientales.

ABROK s. m. (a-brok). Grande couverture bleue et blanche dont se drapent les femmes mauresques : De temps en temps elle ouvrait son abrok pour nous montrer une tête charmante. (Alex. Dum.)

ABROMA s. m. (a-bro-ma — du gr. a priv. ; broma, nourriture). Bot. Genre de plantes qui ne renferme que trois espèces indigènes des régions intertropicales de l’anc. continent : L’écorce des abromas est filandreuse, et sert dans l’Inde à faire des cordages. (D’Orbigny.)

ABRONIA s. f. (a-bro-ni-a — du gr. abros, délicat, élégant). Bot. Genre de plantes de la famille des nyctaginées, dont on ne connaît bien qu’une seule espèce, l’abronia umbellata : Les abronias sont des plantes herbacées, vivaces, indigènes de la Californie. (D’Orbigny.)

Encycl. L’abronia à ombelles est une plante vivace, à tiges grêles, rampantes ou grimpantes. Ses fleurs, d’un beau rose lilacé, se succèdent depuis juillet jusqu’en novembre ; elles rappellent un peu celles de la valériane et exhalent une odeur de vanille. Cette plante croit dans les sables meubles de la Californie, et on la cultive comme annuelle dans nos jardins, à cause de la beauté de ses fleurs. Elle vient dans tous les sols et se propage facilement de graines semées en pleine terre, au mois de mai.

ABROSTOLE s. m. (a-bros-to-le — du gr. abros, élégant ; stolè, vêtement). Entom. Genre d’insectes lépidoptères, famille des nocturnes, tribu des plusides. V. Plusie.

Encycl. Le genre abrostole renferme trois espèces d’Europe. La plus commune est l’abrostole triplasie, dont les ailes sont d’un brun luisant, à reflets violacés. Elle se montre en été. Sa chenille vit sur la grande ortie.

ABROTANELLE s. f. (a-bro-ta-nè-le — du gr. abrotonon, aurone). Bot. Genre de plantes de la famille des composées, qui habite les îles Malouines.

ABROTANOÏDE s. f. (a-bro-ta-no-i-de — du gr. abrotonon, aurone). Polyp. Espèce de madrépore qui ressemble à l’aurone, et qui vit sur les rochers, au fond de la mer.

ABROTANUM (a-bro-ta-nome). Bot. Nom latin de l’aurone.

ABROTONE s. f. (a-bro-to-ne — du gr. abrotonon, aurone). Bot. Nom donné vulgairement à l’aurone, et à quelques plantes qui lui ressemblent, comme les armoises, les santolines, etc.

ABROTONOÏDE adj. (a-bro-to-no-i-de — d’abrotone, et du gr. eidos, forme). Bot. Qui ressemble à l’abrotone.

ABROU s. m. (a-brou). Bot. Petit haricot délicat cultivé dans la Papouasie.

ABROUTI, IE adj. (a-brou-ti — de a priv., et fr. brout). Ébourgeonné et mal venu. Se dit des bois dont les premières pousses ont été mangées, broutées par le bétail : Il faut receper ce bois, ce bourgeon, parce qu’il a été abrouti. (Baudrill.)

ABROUTISSEMENT s. m. (a-brou-ti-se-man — rad. abrouti). État d’un bois qui a été brouté par les bestiaux ou le gibier : Ces arbres, souvent gâtés par l’abroutissement du bétail, ne s’élèvent pas. (Buff.) Les arbres qui ont éprouvé deux ou trois fois l’abroutissement ne peuvent que périr. (Baudrill.) Le délit d’abroutissement est prévu par la loi. (Baudrill.)

ABROXYDE adj. (a-bro-ksi-de — du gr. abroxos, qui est à sec). Néol. Qui est inaltérable à l’eau et à la transpiration ; imperméable : Chapeau abroxyde.

ABRUPT, UPTE adj. (a-bru-pte, aux deux genres — lat. abruptus, même sens). Se dit d’un terrain, d’un rocher à pente rapide et comme rompu : Le flanc abrupt de la vallée. (Saulcy.) La cime en était grise, fendue de toutes parts, abrupte, inabordable. (Balz.) Ils se trouvèrent au milieu d’une grotte assez spacieuse, creusée naturellement au milieu des roches dont la partie supérieure s’élevait en masses abruptes au milieu du taillis. (E. Sue.) Nous arrivâmes par un chemin en zigzag très-roide et très-abrupt, au pont d’Alcantara. (Th. Gaut.)

— Fig. Rude, qui n’a pas été adouci par l’instruction, l’éducation, en parlant du caractère, des manières, des habitudes, etc. : C’était un homme d’une nature vierge et abrupte, avec des sens neufs et purs. (E. Sue.) || Se dit aussi des personnes : L’un de ces deux personnages, abrupt, énergique, à manières larges et saccadées, à parole brève et rude, représentait bien la république. (Balz.)

— Qui est sans suite, sans liaison, heurté, coupé, haché, en parlant du style : Un style abrupt. On a trouvé le style de la Vie de Sénèque haché, abrupt, incorrect. (Diderot.) Ce discours d’un Otaïtien me paraît véhément ; mais, à travers je ne sais quoi d’abrupt et de sauvage, il me semble y retrouver des idées et des tournures européennes. (Diderot.) L’effet du style de Vergniaud résulte d’un cliquetis brillant de figures abruptes et serrées. (Ch. Nodier.) || Se dit enfin de tout ce qui se produit brusquement et sans préparation, sans ménagement, etc. : La satire contemporaine est pour les vérités abruptes et inopinées ce qu’est le jonc pour la tempête. Il joue, il murmure et siffle quand elle vient ; il se courbe ou se brise quand elle passe. (Ch. Nodier.)

Gramm. Quelques écrivains, consultant plutôt la prononciation que l’orthographe, n’admettent qu’une seule forme, abrupte, pour le masculin comme pour le féminin : Ils montaient un sentier abrupte dans les vignes. (H. de Lacretelle.) Des rochers abruptes. (V. Hugo.) Ses flancs abruptes, creusés de vallons, de ravines, de lits de torrents, sont revêtus du haut en bas de châtaigniers d’un vert sombre. (Lamartine.) L’analogie exige qu’on écrive abrupt au masculin. N’écrit-on pas exact, suspect, circonspect, direct, etc. ? L’Académie, du reste, n’autorise que cette forme.

Synonymes simples. Agreste, âpre, inculte, raboteux, revêche, rude, rustique, sauvage.

Antonymes. Douce (pente), insensible (pente), plat, uni. — Affable, aimable, bienveillant, civil, complaisant, cordial, courtois, éduqué, gracieux, poli, riant, sociable.

ABRUPTEMENT adv. (a-brup-te-man — rad. abrupt). D’une manière abrupte ; bizarrement, inégalement, irrégulièrement : La Suisse y forme comme le faîte d’une immense terrasse domptée par le Mont-Blanc, point culminant de l’Europe, et dont les pentes s’abaissent graduellement vers les plaines, et abruptement vers celles de la Lombardie. (A. Guibert.)

— Fig. Inopinément, sans préparation, sans ménagement ; se dit du style, du discours, etc. : Elle commença à lui dire abruptement : Ô déloyal ! (Théod. Valentinian.) Les autres petits poëmes veulent être abruptement commencés, comme des odes lyriques, etc. (Ronsard.)

ABRUPTION s. f. (ab-rup-si-on — rad. abrupt). Chir. Fracture transversale d’un os, avec surfaces inégales et rugueuses.

— Rhét. Figure qui consiste à supprimer les transitions, pour donner au style plus de vivacité, plus d’animation.

ABRUPTIPENNÉ, ÉE adj. (a-brup-ti-pènn-né). Bot. Se dit d’une feuille pennée qui n’a pas de foliole impaire terminale, et dont le pétiole commun n’est pas terminé par une vrille : Feuille abruptipennée.

ABRUPTO. V. Ex abrupto.

ABRUS s. m. (a-bruss — du gr. abros, élégant). Bot. Genre de plantes de la famille des légumineuses, sous-ordre des papilionacées, tribu des phaséolées. Il est propre à la zone équatoriale, et on en connaît aujourd’hui cinq espèces. Les racines de ces plantes ont une saveur douceâtre et les mêmes propriétés que les racines de réglisse ; aussi l’espèce la plus commune, l’abrus precatorius, est-elle connue aux Antilles sous le nom de liane à réglisse : Les graines des abrus servent à faire des colliers, des chapelets, etc., et sont en général d’un beau rouge de corail. (D’Orbigny.) || On dit aussi quelquefois abre.

ABRUTI, IE (a-bru-ti) part. pass. du v. Abrutir. Rendu semblable à une bête brute ; devenu stupide : Une populace de gueux abrutis. (Volt.) Claude était comme abruti. (Diderot.) Les généraux russes traitent leurs soldats comme des serfs abrutis. (Cormenin.)

— Fig. Entièrement plongé dans, dégradé : Le genre humain abruti ne pouvait plus s’élever aux choses intellectuelles. (Boss.) Venceslas, abruti par les débauches de la table, laissait l’empire dans l’anarchie. (Volt.) Qu’est-ce qu’un pays où les nobles sont sans discipline, le roi un zéro, le peuple abruti par l’esclavage ? (Volt.). || Se dit aussi des choses dans le même sens : Un cœur abruti dans les plus honteuses délices. (Mass.)

— Stupéfait, abasourdi, hébété : C’est vrai, je suis tout abruti de ce qui vient de se passer. (G. Sand.)

— Substantiv. Se dit des personnes qui sont devenues stupides, des hébétés : C’est un abruti. Ce sont des abrutis. En bas, c’est-à-dire au parterre, que trouve-t-on ? Des abrutis qui vous glacent. (G. Sand.)

ABRUTIR v. a. ou tr. (a-bru-tir — rad. brute). Rendre semblable à la brute ; rendre inepte, stupide ; abêtir : La religion musulmane a tous les moyens d’abrutir les peuples. (Dider.) L’excès du vin dégrade l’homme, et l’abrutit à la longue. (J.-J. Rouss.) Le gouvernement turc a déprimé les Grecs et abruti les Égyptiens. (Volt.) C’est ainsi qu’on abrutit parmi nous les enfants. (B. de St-P.) C’était un pauvre sire, un homme déconsidéré que la misère avait avili, et que l’oisiveté abrutissait (G. Sand.) || Affaiblir, dégrader, en parlant de l’esprit et des facultés morales : La solitude abrutit les esprits faibles. (Acad.) Ils auraient abruti l’esprit de monseigneur. (Volt.) Ces exercices, en fortifiant le corps, n’abrutissent point l’esprit. (J.-J. Rouss.) Il vint à bout d’abrutir mon caractère aimant et vif. (J.-J. Rouss.) || Pervertir : Dieu n’a donné à personne le droit de faire du travail un joug dégradant et oppresseur, un moyen d’affamer l’âme et d’abrutir la conscience. (Montalemb.)

— Par ext. Confondre quelqu’un, le mettre hors de lui, l’étourdir, l’abasourdir : Mais vous l’abrutissez par votre vivacité. (E. Sue.)

Vous l’avez accablé, contredit, abruti.
Gresset.
Loin de l’encourager, vous l’effrayez sans cesse,
Et vous l’abrutissez dès que vous lui parlez.
Gresset.

S’abrutir, v. pr. Devenir comme une bête brute ; devenir stupide : Cet homme s’abrutit. (Acad.) À mesure qu’il s’est abruti, il a tâché de se persuader que l’homme était semblable à la bête. (Mass.) L’homme aime mieux s’abrutir à bon marché, que de s’ennoblir à grands frais. (G. Sand.) L’ouvrier nourri de laitage et de farineux s’énerve et s’abrutit. (About.) || En parlant des choses de l’esprit, de l’âme, des facultés intellectuelles et morales, S’altérer, s’affaiblir, se dégrader : Les esprits faibles s’abrutissent dans la solitude. (Danet.)

Car par l’oisiveté l’innocence se mine
Notre âme s’abrutit, notre corps s’effémine.
Dusartas.

Se laisser abrutir, Permettre, souffrir que l’on soit abruti : Les hommes sont libres, et ne doivent pas se laisser abrutir par les préjugés. (E. Sue.)

Syn. Abrutir, hébéter. Hébéter, c’est ôter à l’esprit tout aiguillon : L’oisiveté hébète. Abrutir, c’est rendre incapable de rien comprendre et de rien sentir : L’ivrognerie finit par abrutir.

ABRUTISSANT (a-bru-ti-san) part. prés. du v. Abrutir : Des préjugés abrutissant le peuple. Une méthode abrutissant les esprits. Les débauches corrompent le corps en abrutissant l’esprit. (Fén.)

ABRUTISSANT, ANTE adj. v. (a-bru-ti-san, an-te — rad. abrutir). Qui est propre à abrutir, qui abrutit ; et, par extens., Qui énerve l’esprit, qui l’appesantit : Un genre de vie abrutissant. Un travail abrutissant. Une occupation abrutissante. (Acad.) Les plaisirs abrutissants de la table. (Mass.) Qu’on ne se fasse point illusion sur les conséquences nécessairement abrutissantes du travail corporel et de la fatigue. (Sismondi.) Il sortit par miracle de l’abrutissante apathie où l’esclavage plonge ordinairement la créature. (E. Sue.)

ABRUTISSEMENT s. m. (a-bru-ti-se-man — rad. abrutir). État d’une personne abrutie ; altération de l’intelligence ; dégradation : L’abrutissement est le résultat de l’abus des forces physiques. (Sismondi.) Il est un degré d’abrutissement qui ôte la vie à l’âme. (J.-J. Rouss.) Qu’on lui fasse un tableau frappant et vrai des horreurs de la débauche, de son stupide abrutissement. (J.-J. Rouss.) L’abrutissement du mari justifie l’audace de la femme. (Volt.) Ces cruels Spartiates les tenaient sous l’abrutissement de la superstition. (Diderot.) On était déjà loin du cynisme et de l’abrutissement d’idées de l’empire. (Lamart.) Les guerres du xviiie siècle ont empêché l’abrutissement du paysan italien. (Beyle.) Il s’en fallait de beaucoup que leurs jours s’écoulassent dans l’abrutissement, leurs nuits dans l’orgie. (G. Sand.) || Stupeur : Sa mort m’a laissé dans un désespoir qui va jusqu’à l’abrutissement. (Volt.)

— S’emploie au pluriel : Ma mère n’était pas dévote dans le mauvais sens du mot ; elle n’avait aucune de ces terreurs, de ces puérilités, de ces asservissements de l’âme, de ces abrutissements de la pensée qui composent la dévotion chez quelques femmes. (Lamart.)

ABRUTISSEUR s. m. (a-bru-ti-seur — rad. abrutir). Celui qui abrutit : Les abrutisseurs des peuples. (Volt.)

— S’emploie comme adjectif et est synonyme d’Abrutissant : Joug abrutisseur. Je voudrais que les Turcs fussent chassés du pays des Périclès et des Platon ; il est vrai qu’ils ne sont pas persécuteurs, mais ils sont abrutisseurs. (Vol.)

ABRUZZES (les), contrée de l’Italie méridionale baignées par l’Adriatique. C’est là que les Apennins présentent leurs plus hauts sommets. 1,000,000 hab. Les Abruzzes se divisent en Abruzze citérieure et Abruzze ultérieure. Cette dernière se subdivise elle-même en Abruzze ultérieure lre et Abruzze ultérieure 2e. Les Abruzzes sont comme le rempart du royaume de Naples, et, pendant les guerres de la République, nos armées y furent souvent maltraitées. En 1798, le brave général Hilarion y fut tué ; mais il fut vengé l’année suivante par le général Duhesme, qui vainquit les peuples soulevés des Abruzzes à San-Severo, où périrent plus de 3,000 rebelles.

ABS prép. lat. marquant séparation, extraction, et qui entre comme préfixe dans un certain nombre de mots français auxquels elle communique son sens primitif. Ex. : s’abstenir, de abs et tenir, latin abs, tenere, se tenir loin, éloigné de ; abstraire, de abs et traire, latin abs, trahere, séparer de. Quelques-uns de ces mots ne s’emploient pas dans leur forme simple ; tels sont absterger, abstrus, abstinence, etc. En effet, terger, trus, tenence, ne se disent pas.

ABSALON, fils de David. « Il n’y avait pas, dit l’Écriture, entre tous les enfants d’Israël, un homme aussi beau qu’Absalon : depuis la plante des pieds jusqu’à la tête, il était sans défaut. » Mais l’orgueil ne tarda pas à l’enivrer ; il afficha un luxe royal, gagna l’affection du peuple, assassina son frère Amnon et conspira contre son père, qui fut obligé de s’enfuir à pied de Jérusalem. L’armée du jeune prince et celle de David, commandée par Joab, se rencontrèrent dans le bois d’Ephraïm. Les rebelles furent taillés en pièces, et vingt mille hommes restèrent sur le champ de bataille. Absalon, monté sur une mule, chercha son salut dans la fuite ; mais en passant sous un chêne touffu, son énorme chevelure s’embar-