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ces deux mots ont entre eux une parfaite connexité de sens. Il ne reste donc plus à expliquer que la transposition de la lettre r. Or, rien n’est plus commun dans l’histoire de la formation des langues néo-latines que le déplacement de cette linguale : Turbidulus a donné trouble ; paupertas, pauvreté ; turbo, trombe ; pro est devenu pour ; tuber, truffe ; vervex, brebis. Tous les jours nous entendons, dans le langage populaire, des transpositions semblables : brelue pour berlue, berloque pour breloque, ferlaté pour frelaté, ferluquet pour freluquet, pertantaine pour prétantaine, pimpernelle pour pimprenelle. Ajoutons, pour dernière preuve, qu’on a primitivement écrit arbri pour abri, et qu’on a même dit abre pour arbre, ce qui confirme doublement l’étymologie que nous proposons). Lieu qui n’est pas exposé aux injures de l’air : Un bon abri. Chercher un abri. Trouver un abri contre le vent, contre la pluie, contre l’orage. (Acad.) Des forêts de sapins et de bouleaux lui fournissent des abris contre les neiges. (B. de St-P.) Le sauvage qui courba des branches pour se faire un abri ne fut point un architecte. (Rivarol.) Les premières sociétés humaines, avant d’élever des temples, durent songer à s’assurer un abri contre les intempéries des saisons. (Batissier.)

— Par ext. Se dit de tout ce qui garantit des injures du temps : N’ayant pour tout abri que les ailes très-molles d’une espèce de chapeau. (Piron.) Il y a sur l’Adriatique des pêcheurs qui ne connaissent pas même l’abri d’un toit. (G. Sand.)

Je veux une coiffure, en dépit de la mode,
Sous qui toute ma tête ait un abri commode.
Molière.

— Par anal. Retraite, endroit caché :

Et des hautes forêts les verdoyants abris
Chénedollé.
Et des antres riants l’abri voluptueux …
Delille.

— Fig. Refuge, protection, tout ce qui préserve de quelque mal, de quelque danger, etc. : La solitude est un abri contre les embarras du monde. (Acad.) La pauvreté volontaire est un abri contre la cupidité. (Acad.)

Sous le puissant abri de son bras despotique.
Voltaire.
On est sûr de l’abri qu’on cherche dans ses bras.
C. Delavigne.
Je demande un abri pour reposer ma tête.
Etienne.

— Agric. et hortic. Ce qui sert à abriter les végétaux artificiellement ou naturellement : Vous n’aurez de bonnes pêches qu’avec des abris et un sol convenable. (Volt.) Les bois, les montagnes, forment de puissants abris pour les champs qui les environnent. (Baudrillart.) V. plus loin Encycl.

— Bot. Se dit aussi, en parlant des bourgeons, des bulbes, etc., de tout ce qui peut leur servir d’abri contre le froid.

— Art milit. Tout ce qui sert à garantir une troupe, une armée en campagne, contre les projectiles de l’ennemi : À l’attaque d’une place forte, le génie creuse des tranchées pour y ménager aux troupes un abri. (Gén. Bardin.)

— Mar. Terre, rocher, navire, voile, etc., qui, en interceptant le vent, en paralyse la force, ou ne le laisse parvenir que très-affaibli aux objets situés derrière. || Cette rade, cette plage est un bon abri, Les vaisseaux y sont en sûreté contre la tempête. || Être à l’abri sous le vent d’une île, Être à l’ancre dans le voisinage d’une île. || Être à l’abri d’une terre, Se trouver, en parlant des vaisseaux, dans le voisinage d’une terre qui les protège contre la violence du vent.

— Navig. fluv. Abri à bateau, Hangar construit sur un lac ou un étang, pour y mettre à couvert les bateaux de pêche et les barques ou canots de promenade.

— Prov. L’homme sans abri est un oiseau sans nid. C’est-à-dire n’a pas de domicile, erre à l’aventure.

À l’abri, loc. adv. À couvert, en sûreté : Cette vigne est à l’abri. Le vent les fit entrer dans une rade où ils se trouvèrent à l’abri. (Fén.) Ce n’était que là qu’il se trouvait à l’abri et à son aise. (St-Simon.) Elle s’arrête, le saisit, l’emporte pour le mettre à l’abri. (Buff.)

Mettre quelqu’un à l’abri, Le mettre à couvert, et, familièrem., en prison.

À l’abri de loc. prép. Hors d’atteinte de : Se mettre à l’abri du mauvais temps. (Acad.) Les montagnes mettent cette côte à l’abri des vents brûlants du Midi. (Fén). Pauvre petite tourterelle des bois, je te bâtirai un nid où tu dormiras à l’abri du froid et de l’orage. (Lamenn.)

Tel en un secret vallon,
Sur le bord d’une onde pure,
Croît à l’abri de l’aquilon
Un jeune lis, l’amour de la nature.
Racine.

— Signifie aussi À couvert sous, derrière : Être à l’abri d’un bois, d’une muraille. (Acad.)

Les Troyens se sauvaient à l’abri de leurs tours.
Boileau.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage.
La Fontaine.
Ses soldats, à ses pieds étendus et mourants,
Le mettaient à l’abri de leurs corps expirants.
Racine.

— Fig. Être à l’abri de, N’être pas exposé à ; être garanti contre : Être à l’abri du danger, de la persécution. (Acad.) Le vrai sage n’est pas plus qu’un autre à l’abri des passions. (J.-J. Rouss.) Il leur faisait apprendre un métier utile et solide, qui put les mettre à l’abri de l’indigence. (D’Alemb.) Il était à l’abri de toute destitution par l’inamovibilité judiciaire. (Balz.)

Mettons-nous à l’abri des injures du temps.
Boileau.
Nous sommes dans ces lieux à l’abri des visites.
Regnard.
À l’abri du danger, son âme encor tremblante
Veut jouir de ces lieux et de son épouvante,
Delille


|| Grâce à, à la faveur de par le moyen de : Ils vivent en paix, à l’abri de ces lois simples et claires. (Fén.)

Vous dormez à l’abri de ces noms révérés.
Boileau.
… Un galant de qui tout le métier
Est d’aller, à l’abri d’une perruque blonde,
De ses froides douceurs fatiguer tout le monde.
Boileau.
L’un et l’autre dès lors vécut à l’aventure,
Des présents qu’à l’abri de la magistrature
Le mari quelquefois des plaideurs extorquait.
Boileau.

Encycl. Agric. On appelle abris, en agriculture et en horticulture, tout ce qui a pour objet de protéger les végétaux contre l’action du froid, de la chaleur, d’une humidité extrême ou contre les effets d’une évaporation excessive. Les abris se divisent en naturels et en artificiels. Les montagnes, collines, forêts, constituent des abris naturels. Les clôtures, murailles, haies sèches, haies vives, palissades, les serres, bâches, châssis, cloches, couvertures, paillassons, sont des abris artificiels. Les abris artificiels contre le froid ont pour objet, les uns, tels que les serres, cloches, etc., de s’opposer aux effets de l’abaissement général de la température atmosphérique ; les autres, tels que les bâches, les paillassons, etc., d’empêcher les effets du rayonnement nocturne. Les abris artificiels permettent aux horticulteurs d’acclimater des végétaux étrangers, d’obtenir des productions précoces ou tardives, d’améliorer la qualité et d’augmenter le volume des fruits.

Syn. À l’abri, à couvert. Ces deux expressions signifient Être en sûreté contre quelque chose qui attaque. On est à l’abri derrière une muraille, une haie ; à couvert sous une tente ou dans une maison. Des assiégés sont à l’abri du canon derrière les murs de la place, et à couvert des obusiers dans les casemates. Quand on est à l’abri, on a devant ou derrière soi un rempart ; quand on est à couvert, on a sur soi une couverture, un toit ou un vêtement qui enveloppe. Vous vous mettez à l’abri contre ce qui vient de côté, à couvert contre ce qui tombe ; à l’abri du vent, d’une inondation, des boulets ; à couvert de la pluie, de la grêle, des bombes. Les vaisseaux sont à l’abri dans une rade, les poussins sont à couvert sous l’aile de leur mère.

ABRIAL (André-Joseph, comte), magistrat et jurisconsulte, né à Annonay, en 1750, mort à Paris en 1828. Commissaire de la république près le tribunal de cassation, chargé en 1799 de l’organisation de la république parthénopéenne, il entra au ministère de la justice après le 18 brumaire, prit part à la rédaction du Code civil et fut comblé d’honneurs par Napoléon. Il n’en fut pas moins un des premiers à voter, comme sénateur, pour la déchéance, et fut nommé pair de France par Louis XVIII.

ABRICOT s. m. (a-bri-ko — étym. douteuse : quelques-uns font venir ce mot de l’espagnol albaricoque, ou du portugais albricoque, dérivés de l’arabe al birkouk. Celui-ci vient du bas grec, lequel est tiré du lat. prœcoquum, nom que les Romains donnaient à l’abricot à cause de sa précocité (prœcox, précoce). Johnson et le P. Labbe le font dériver directement du mot abri, parce que l’abricotier doit être placé à l’abri du vent, contre des murs exposés au midi). Fruit de l’abricotier : Abricot d’espalier, de plein vent. Abricots confits au sucre. Abricots à l’eau-de-vie. L’abricot est un des fruits les plus agréables qu’on serve sur nos tables. (Encycl.) L’abricot n’est qu’une espèce de prune. (J.-J. Rouss.) Les abricots dorés, les pêches veloutées et les coings cotonneux exhalaient les plus doux parfums. (B. de St-P.) Les abricots à l’eau-de-vie constituent un article important pour l’industrie française. (Arthur Mangin.)

L’abricot parfumé sortit de l’Arménie.
Rosset.
L’abricot dont l’Euphrate enrichit nos climats.
Michaud.
Le prunier de Damas, l’abricot d’Arménie.
Delille.

— Employé comme complém., il se met ordinairement au pluriel : Compote d’abricots. Marmelade d’abricots. Confiture d’abricots. Conserve d’abricots. Beignets d’abricots. Pâte d’abricots. Crème d’abricots. Clermont-Ferrand est renommé pour ses pâtes d’abricots. (Encycl.) Des noyaux d’abricots. (Belèze.)

— Se prend adjectiv., en parlant d’une couleur tirant sur le jaune ; dans ce cas, il est invariable : Une robe, un ruban, une écharpe abricot. (Acad.) Sa culotte en casimir de couleur abricot, sans aucune fraîcheur, annonçait un long usage. (Balz.) Il l’a habillé avec une toque noire, une collerette et une jaquette abricot. (Balz.)

ABRICOT-ALBERGE s. m. (a-bri-ko-al-bèr-je — de abricot et alberge.) Variété d’abricot : La chair de l’abricot-alberge est d’un goût vineux, légèrement amer. (Encycl.) Les amandes des abricots-alberges sont grosses et amères. (Encycl.)

— Se dit aussi quelquefois de l’arbre qui porte ce fruit.

ABRICOTÉ, ÉE (a-bri-ko-té) part. pass. du v. Abricoter.

— Prune abricotée, Variété de prune qui ressemble à la reine-claude, mais qui est plus grosse et plus allongée ; sa peau est d’un vert blanchâtre, tachée de rouge du côté du soleil. || S’empl. substantiv. : L’abricotée est une variété de prune à gros fruit dont la chair est ferme, musquée, excellente. (Encycl.) || C’est aussi le nom d’une variété de pêche : L’abricotée a un peu le goût de l’abricot. (Encycl.)

ABRICOTÉ s. m. (a-bri-ko-té — rad. abricot). Bonbon fait d’un morceau d’abricot entouré de sucre.

ABRICOTER v. a. ou tr. (a-bri-ko-té — rad. abricot). Hortic. Greffer un abricotier sur un autre arbre : Abricoter un prunier.

ABRICOTIER s. m. (a-bri-ko-tié — rad. abricot). Arbre fruitier du genre prunier, de la famille des rosacées : L’abricotier est un des premiers arbres qui fleurissent dans un jardin, dont il fait l’ornement par la beauté de ses fleurs et de ses fruits. (Encycl.) Un petit espalier couvert de cinq abricotiers et de dix pêchers fait tout mon fruitier. (Rollin.) Je suis bien fâché que vous ne soyez point encore habitué à Auteuil, où mes abricotiers vous appellent. (Boil.)

De ses toits teints de pourpre, il touche en souriant
Le frêle abricotier, l’amandier qui sommeille,
Le pêcher frissonnant sous sa robe vermeille.
De Latouche.

— Hortic. Abricotier-alberge. Arbre qui produit les abricots-alberges. || Abricotier de Sibérie, Arbuste haut d’environ 2 mètres, à jolies fleurs rouges. Il est commun sur les pentes escarpées du versant méridional des montagnes de la Daourie, et on le cultive dans les jardins d’agrément, à cause de la beauté de ses fleurs. || Abricotier de St-Domingue, Un des noms vulgaires de la mammée américaine, grand arbre qui croît aux Antilles, d’où il a été transporté et naturalisé à Cayenne. Son bois, blanchâtre, mou et filandreux, est peu estimé. On retire de ses fleurs par la distillation, une liqueur assez renommée, appelée la créole. Son fruit, qui ne ressemble guère à l’abricot que par la couleur de sa chair, est très-recherché des naturels et des colons, qui le mangent de différentes manières.

Encycl. On pense que cet arbre est originaire de l’Arménie, comme semble l’indiquer son nom latin armeniaca. Il croît naturellement en Perse et dans les régions voisines, s’est introduit à Rome, de là dans le midi de la France, et plus tard dans le nord.

L’abricotier est un arbre peu élevé, à rameaux étalés ou redressés, couverts de feuilles ovales, arrondies, un peu cordiformes ; ses fleurs, blanches et assez grandes, paraissent de bonne heure et avant les feuilles. Son fruit est gros, jaune rougeâtre, à chair sucrée et aromatique.

Cultivé quelquefois comme arbre d’ornement, l’abricotier est surtout recherché pour ses fruits, qu’on mange crus, ou dont on fait des confitures et des pâtes très-estimées. On le cultive en grand dans plusieurs localités, notamment aux environs de Paris, de Clermont-Ferrand, d’Agen et des principales villes du midi de la France. Il a produit un grand nombre de variétés ; l’abricot-pêche est celui que l’on estime le plus pour être mangé cru ; les abricots gros commun et royal sont, au contraire, les plus recherchés pour la confection des pâtes, conserves et confitures.

On cultive l’abricotier de deux manières : en plein vent, dans le centre et le midi de la France ; en espalier, au nord de Paris. Ce n’est pas qu’à des latitudes plus septentrionales ses fruits ne puissent mûrir ; mais les fleurs, qui sont très-précoces, sont fréquemment détruites par les gelées printanières. La culture de l’abricotier cesse alors d’être avantageuse ; car, en espalier, il donne des fruits moins savoureux qu’en plein vent. Comme la plupart des arbres fruitiers, l’abricotier peut être à basse tige ou à haute tige.

L’abricotier préfère les terrains calcaires de consistance moyenne. On propage ses diverses variétés par la greffe, soit sur la variété commune, soit sur le prunier ou l’amandier. Plusieurs se multiplient aussi par semis, principalement l’abricotier et l’abricot-pêche ; les sujets francs de pied sont plus vigoureux et vivent plus longtemps que les sujets greffés. Le bois de l’abricotier n’est pas susceptible d’un assez beau poli pour être employé en ébénisterie ; on ne l’utilise guère que pour les ouvrages de tour.

ABRICOTIN, INE adj. (a-bri-ko-tain, ti-ne — diminut. d’abricot). — Au féminin, il se dit d’une variété de prune qui ressemble à l’abricot : Prune abricotine. || On dit aussi substantivement l’abricotine.

— Au masculin, il ne s’empl. que substantiv. et sert à désigner une espèce d’abricot ; il se dit aussi de l’arbre qui porte ce fruit : L’abricotin ou abricot précoce vient sous le climat de Paris. (Belèze.)

ABRICOTIS s. m. (a-bri-ko-ti — rad. abricot). Nom donné par les confiseurs à une préparation de l’abricot.

ABRICOT-PÊCHE s. m. (a-bri-ko-pè-che). Espèce d’abricot qui se rapproche de la pêche : L’abricot-pêche est le plus gros des abricots. (Encycl.) On peut cultiver dans les jardins de Pétersbourg des cerises, des abricots, des abricots-pêches. (B. de St-P.) || Se dit aussi de l’arbre qui porte ce fruit : L’abricot-pêche est préféré à tous les autres pour l’espalier. (Belèze.)

ABRIER v. a. ou tr. (a-bri-é — rad. abri. Mettre à l’abri du vent. Prend deux i de suite aux deux prem. pers : pl. de l’imp. de l’ind. et du prés. du subj.). Mar. Mettre à l’abri du vent : Un rocher élevé, un bloc de glace, un ilôt, peuvent abrier un bâtiment. (Baron de Bonnefoux.)

— S’empl. aussi pronominal. : Les voiles des divers mâts d’un bâtiment s’abrient entre elles, en partie ou en totalité, quand on court grand largue, ou vent arrière, ou qu’on est masqué. (Baron de Bonnefoux.)

— Hortic. Protéger contre le vent. || On dit mieux abriter.

ABRIL (Pierre-Simon), grammairien espagnol, né vers 1530 près de Tolède, professa pendant 24 ans les humanités et la philosophie à l’Université de Saragosse, et contribua beaucoup à répandre en Espagne le goût des langues anciennes. Ses principaux ouvrages sont : Latini idiomatis docendi ac discendi Methodus ; De Lingua latina vel de Arte grammatica libri IV ; une Grammaire grecque ; des traductions espagnoles de la Politique d’Aristote, des Fables d’Ésope, des Comédies de Térence, des Lettres familières de Cicéron, du premier Discours de Cicéron contre Verrès, etc.

ABRITANT (a-bri-tan) part  prés. du v. Abriter : Une montagne abritant une maison.

ABRITÉ, ÉE (a-bri-té) part. pass. du v. Abriter : Cette maison est bien abritée. Ces navires sont parfaitement abrités. Le germe du plus haut palmier est d’abord abrité par l’Arabe sous un vase d’argile. (Chateaub.) Il avisa au loin un homme et une femme qui s’avançaient, abrités par un parapluie. (E. Sue.) Les soldats, abrités par de bons retranchements, étaient dans une position difficile à forcer. (Thiers.) || Défendu, protégé contre : Sous ces arcades de feuillage, nous étions abrités de la chaleur durant tout le jour. (B. de St-P.) Ils descendirent dans un petit vallon abrité des vents.(B. de St-P.) Me voici à Cannes, sur ce riant rivage si doucement abrité du vent du nord. (Em. Durier.)

… Le long des buissons abrités de la bise,
Je garde les troupeaux………………
Lamartine.

— Fig. : En Angleterre, la vie privée est plus close, plus abritée, mieux encadrée dans son ensemble. (Ste-Beuve.) La femme doit vivre retirée, cachée, abritée. (J. Simon.)

ABRI-TENTE s. m. (a-bri-tan-te — de abri et tente). Nouvelle espèce de tente en usage dans les camps français : Un abri-tente. || Pl. des abris-tentes.

ABRITER v. a. ou tr. (a-bri-té — rad. abri). Mettre à l’abri : Cette montagne nous abrite. Le plus petit végétal abrite ces amants. (B. de St-P.)

Les chênes m’abritaient du soleil et du vent.
Lamartine.
… De l’eau du ciel, des coups de la tempête,
Quelque portail d’église abritera ma tête.
C. Delavigne.

— Par ext. Couvrir, recouvrir : La nature a pris soin des animaux ; elle les a remparés de cuirs épais, de longs poils, de plumages qui les abritent contre les atteintes du dehors. (B. de St-P.) Ce rocher abritera mes os. (G. Sand.)

— Fig. Confier, mettre sous la protection de :

Je ne viens pas traîner dans vos riants asiles
Les regrets du passé, les songes du futur ;
J’y viens vivre, et, couché sous vos berceaux fertiles,
Abriter mon repos obscur.


|| Renfermer, donner asile à : Si les couvents peuvent abriter des mysticismes sincères, ils peuvent cacher des fanatismes atroces. (G. Sand.)

S’abriter, v. pr. Se mettre à l’abri : Beaucoup de vos frères manquent de pain pour soutenir leur vie, de vêtements pour couvrir leurs membres nus, d’un toit pour s’abriter. (Lamennais.) Hier tu dormais dans sa chaumière, aujourd’hui tu t’abrites sous la voûte du couvent. (G. Sand.) || Se dit aussi en parlant des choses, des animaux, des plantes : La grande aigrette se tient habituellement sur les eaux stagnantes et sur les rivières, où elle s’abrite dans les joncs. (Buff.) La fleur du pissenlit a un moyen bien particulier de s’abriter de la chaleur. (B. de St-P.)

— Fig. Chercher un refuge, une défense, une protection contre : L’anarchie survient, et force le peuple à s’abriter dans la domination d’un seul. (Chateaub.) Le présent ne peut s’abriter sous aucun temple. (G. Sand.)

— Réciproq. Se secourir : Unissez-vous les uns aux autres ; appuyez-vous et abritez-vous mutuellement. (Lamenn.)

ABRIVENT s. m. (a-bri-van — de abri et vent). Tout ce qui sert à mettre à l’abri du vent.