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cependant, vous êtes venue à moi dès que vous en avez eu l’occasion. J’ai compris qu’il y avait un mystère dans votre conduite et que, si vous veniez à ma rencontre, c’était sans doute pour me rendre quelque grand service. Je ne voulais vous interroger que lorsque je vous connaîtrais mieux, mais les circonstances et mon impatience vont plus vite que ma pensée ; je ne puis demeurer plus longtemps dans le doute, expliquez-moi pourquoi vous êtes ici.

Violette raconta naïvement la scène de l’atelier.

— J’ai pensé qu’on voulait sacrifier une victime, « ajouta-t-elle, » la jeter les yeux bandés dans un abîme, et je suis venue pour lui crier : Casse-cou ! Je ne suis qu’une petite ouvrière, mais, qu’importe ? quand une voiture arrive sur vous, si quelqu’un vous crie : Gare ! on se sauve sans s’inquiéter si celui qui vous a prévenu est pauvre ou riche. Voilà pourquoi je suis ici.

— Pour cela, sans me connaitre ?

— Oui.

— C’est étrange !

— Pourquoi ? Je suis libre, je fais ce que je veux, mon bonheur est d’obéir à la voix secrète qui me crie : Va là, quelqu’un souffre. Je ne suis pas toujours raisonnable, c’est mon défaut, mon luxe.

À ces mots, dits avec la gaieté simple que Violette