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pas ; elle récita les prières du soir pendant ce temps ; mais ses lèvres s’agitaient par habitude, son esprit ne s’arrêtait sur rien.

La modiste rentra bientôt annonçant que tout était prêt. Elle n’aida pas sa maîtresse à se déshabiller ; mademoiselle de Cournon n’était pas beaucoup moins farouche que le matin.

Il y a de fortes constitutions sur lesquelles les orages de la vie n’ont point de prise ; elles peuvent être heureuses ou souffrir, leur teint n’est pas moins rose et leur sommeil moins tranquille. Violette était ainsi faite ; aussi, malgré les agitations de la journée, lorsqu’elle eut enfoncé sa tête blonde dans son oreiller, dormit-elle comme une enfant.

Lydie, au contraire, était agitée. Dès que sa lumière fut éteinte, la lune éclaira distinctement les meubles de sa chambre ; elle entendit tout ce qui se passa dans l’hôtel : les voisins se retirer, madame de Courmon regagner son appartement, puis les domestiques se coucher. Quelques instants après, le comte rentra. Ensuite, un grand silence montra que tout le monde reposait. Elle ferma les yeux et retrouva ses compagnes, ou les religieuses ou ses nouveaux parents, ou bien le gentil visage de Violette et elle souriait. Une voix lui répétait sans cesse : Mariage. Elle revoyait tous les hommes qu’elle avait rencontrés en faisant le trajet du