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À la fin du dîner, le comte annonça que le mari de Lydie était trouvé. Il ajouta quelques mots sur ce qu’il apportait ; mademoiselle de Cournon n’était plus une enfant, et son tuteur jugeait au moins nécessaire de l’avertir de l’emploi qu’on faisait de sa fortune. Elle ne fit qu’approuver en remerciant, peu lui importait l’argent. À la nouvelle que son cousin venait de lui apprendre, elle ressentit une vive émotion. Un trouble indéfinissable s’empara d’elle. Cet homme qui, dans son idée, personnifiait toute sa vie, elle allait le voir, le connaître, il avait un nom enfin et n’était plus une pensée seulement.

Le comte partit, comme tous les jours, pour se rendre au club. Quelques minutes après, arrivèrent les éternels voisins de Victoire, qui venaient chaque soir faire leur whist. Vieux rentiers, moins riches et aussi ridicules que les de Cournon. L’homme, un ancien militaire aux longues moustaches grises verdissant à l’extrémité, aux cheveux roux verdissant également, sourit à l’aspect du jeune visage de Lydie. La femme, sèche et pâle comme une figure de cire trop longtemps conservée, leva ses yeux et ses bésicles et les rebaissa tout aussitôt. Cette femme avait toujours été laide et vertueuse ; mais, comme la grand’mère de Béranger, elle regrettait le temps perdu et ne pouvait supporter la vue d’une jeune fille. On essaya d’enseigner le jeu à Lydie pour se ser-