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chanteuses et de pianistes, quelques bourgeoises même avides de respirer cet air qui leur est défendu s’aventuraient dans son salon.

Les grands noms de l’aristocratie et de la littérature s’y rencontraient aussi. On y trouvait des peintres célèbres, des sculpteurs, des journalistes, des auteurs, des musiciens, des diplomates, des financiers, des piliers de la Bourse, puis une meute de nullités ; enfin il y avait un peu de tout. Quelqu’un prétendait y avoir aperçu même un ecclésiastique.

On y parlait politique, on y faisait des opérations de coulisse, et même des mariages, comme on va le voir.

Le comte de Cournon était un des fidèles habitués de la dame qui le considérait, disait-elle, comme un meuble très utile. Il la mettait au courant de tout ce qui se passait où elle ne pouvait pas aller, il lui donnait des nouvelles de tel ou tel cheval de course, sur lequel celui-ci pariait deux contre vingt ou celui-là dix contre un, et même lui révélait les cancans du grand monde. Causeur comme tous les gens qui n’ont rien dans la tête, le comte parlait sans y prendre garde ; avec un peu d’adresse, elle savait tout de lui sans avoir l’air de l’interroger ; il lui fournissait des pièces dont elle faisait la menue monnaie de son esprit.

Depuis longtemps déjà la spirituelle artiste aiguisait