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son devoir de garder une certaine dignité, n’osait pas s’abandonner franchement à la joie qu’elle éprouvait de posséder Violette. Mademoiselle de Cournon n’avait pas eu de peine à voir la différence qui existait entre Éléonore et sa nièce.

— Quels maîtres serviez-vous avant de venir ici ? demanda-t-elle.

— Je n’ai jamais été chez personne. On dirait que cela vous fait plaisir.

— En effet.

— Ma tante cherchait depuis longtemps à me mettre en service, mais je ne voulais pas y consentir. Ce matin elle est venue me chercher pour me conduire près de vous, et j’ai bien vite accepté ; j’avais pour cela des raisons sérieuses. Voilà pourquoi je dois réclamer toute votre indulgence ; je ne sais pas être servante.

— Soyez tranquille, je ne sais pas non plus être maîtresse, et nous ferons ensemble notre apprentissage.

— Que je parvienne à vous plaire, c’est tout ce que je désire, car vous serez ma seule maîtresse.

— Si pourtant je ne voulais plus de vous, dit en souriant mademoiselle de Cournon.

— Je retournerais à mon magasin de modes. Je ne veux pas être femme de chambre.

Lydie s’expliqua, non sans plaisir, la sympathie qu’elle ressentait pour cette enfant qui, pour lui rendre