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n’ai pas eu le temps de me retrouver. Un événement comme ma sortie de Sainte-Marie aurait suffi pour me bouleverser : tout ce qui se passe depuis me fait l’effet d’un rêve, il me faut du calme, un peu de solitude.

Violette fit un pas pour sortir.

— Restez, reprit Lydie, je n’ai plus besoin de vous, mais je ne désire pas que vous me quittiez ; je veux être seule, mais seule avec vous, cela ne se peut-il pas ?

— Pardon.

— Fermez la porte, et venez vous asseoir près de moi.

Violette obéit.

Cette fille si décidée, si forte en apparence, était tout intimidée, la voix suave et mélodieuse de mademoiselle de Cournon électrisait tout son être ; jamais elle n’avait entendu parler avec autant d’onction.

Il est entre la classe ouvrière et les personnes plus élevées une distance incontestable. Chez les mauvaises gens cela cause de l’envie, de la haine, chez d’autres, une certaine intimidation ; ils se trouvent sous un charme dont ils sont étonnés et qui résulte de la supériorité que donne l’éducation. Ce dernier effet se produit sur les bonnes et intelligentes natures comme le premier sur les sots méchants.

De son côté, Lydie comprenant, par les attitudes que les domestiques prenaient vis-à-vis d’elle, qu’il était de