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— Je suis à vous.

La petite modiste se posa tragiquement et commença d’un air grave, en faisant signe à tout le monde de se taire :

— Je suis issue d’un seigneur et de sa vassale, comme du temps où les rois épousaient des bergères. Mon père, un noble étranger, un prince, sans doute. Éléonore, était-il prince ?…

— Peut-être bien.

— Il devait être prince : Ma mère était une simple…

— Bergère ! dit la voisine.

— Ne m’interrompez pas. Une simple subalterne. Mon père la vit, l’aima, et le lendemain…

— Il l’épousa ?

— Non.

— Il l’enleva ?

— Non. Il lui donnait rendez-vous au Cadran-Bleu.

— Je vous attends, folle.

Violette se remit à coudre.

— Ce fut la seule faute de ma mère, à ce que m’a dit Éléonore. Un peu moins d’un an plus tard, une charmante créature voyait le jour, c’était moi. Quelque temps après ma mère avait disparu.

— Et votre père ?

— Il avait disparu.