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Il est à propos de dire que si les couvents proscrivent les miroirs, le mot de beauté n’y est pas moins prononcé qu’ailleurs, et les religieuses elles-mêmes savent très bien la différence qui existe entre être ou n’être pas jolie. Lydie s’adressa donc cette question : Suis-je belle ?

Mademoiselle de Cournon était ravissante ; mais ses traits n’avaient rien de la perfection et de la grandeur des types antiques. Son nez, régulier de forme, était trop petit peut-être, ses narines finement découpées restaient immobiles et ne se dilataient pas sous les différents mouvements de sa physionomie ; leurs contours n’avaient pas non plus ces teintes roses qui dénotent la santé, la vie. Ses cheveux noirs se découpaient sur son front à sept pointes aigues. Ses sourcils qui avançaient un peu, et ses yeux profondément enchâssés lui donnait l’air mélancolique. Sa figure était ovale, petite et d’un blanc nacré.

Par cette modestie naturelle à de certaines femmes, elle ne se trouva pas de son goût et regretta ne pas avoir tel ou tel visage de ses compagnes. Tout à coup la réflexion lui vint qu’elle commettait, par distraction, ce que la supérieure nommait un gros péché, elle détourna la vue, et s’éloigna, en fredonnant tout bas un air de cantique. Quand elle eut placé tous ses effets dans les tiroirs de sa commode, elle descendit en pre-