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pensive emmêla de ses doigts le collier et les bracelets. Les grosses pierres jetaient des reflets violets sur sa peau transparente.

— C’est une bonne pensée qu’il a eue, se disait-elle, une pensée délicate même. Aurait-il au cœur une étincelle de cette lumière que je voulais lui donner ? Il n’est pas méchant, ce pauvre homme ; si je pouvais lui faire comprendre !… s’il était un moyen de le ramener à moi, si j’essayais encore ! Toutes ces idées se croisaient dans son esprit, déjà trop affaibli ; elle retombait, découragée, en se rappelant la scène du matin et les paroles d’Adolphe. Il a de ces phrases sèches et froides qui sont le cachet d’une âme inférieure et qui jamais ne s’oublient, pensait-elle. Pourtant, dans l’excès de son malheur, la jeune femme devait se précipiter sur la dernière espérance qui luisait encore à ses yeux. Pour elle, l’insuccès n’était pas douteux, et cependant une puissance irrésistible la poussait vers la pente où s’était dirigée sa vie. Elle sonna, fit dire à son mari qu’elle n’irait pas au bal, mais le remercia de son envoi.

Lorsque l’effet de la potion fut passé, l’exaltation de Lydie revint plus forte encore. Elle rêvait mille projets pour triompher d’Adolphe ; elle adoptait une idée, la rejetait presque aussitôt, et prononçait à voix basse de longs discours qu’elle se proposait de lui répéter. Elle avait la fièvre et la sueur perlait à son front.