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— Je ne trouve pas, je ne suis pas si blasé que cela.

— Je suis blasé, c’est vrai ; mon cœur est vide, je souffre.

— En effet, depuis quelque temps vous êtes tout triste. Quel est donc votre mal ?

— Un mal qu’heureusement vous ne connaîtrez jamais.

— Lequel ?

— Je voudrais recommencer à vivre autrement que je n’ai vécu. Arrivé au bord de la tombe, je voudrais rebrousser chemin, impossible ! c’est un étrange supplice que d’avoir à côté de soi le bonheur et de ne pouvoir le saisir.

— Qu’est-ce que toutes ces idées-là ? mon cher, vous devenez hypocondriaque. Tâchez donc de vous distraire. Savez-vous que ce soir j’ai rendez-vous chez Adèle ?

— Oui, farceur, vous allez me faire perdre les cent louis que j’ai placés sur votre vertu.

— Triste placement, pauvre ami !

Ils rirent et, saluant les jeunes gens assis près d’eux, ils s’en allèrent bras dessus bras dessous en finissant leurs cigares.

— Ah çà ! quelle anguille aviez-vous donc sous roche, sournois, dit Adolphe, il y avait hier chez Prévost une commande énorme sous votre nom.