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Il commença :

— Je m’aperçois, ma chère amie, que vous êtes tout émue ; cela me fait beaucoup de chagrin ; cela se passera ; mais pour revenir plus tôt dans votre état normal, il ne faut pas vous écouter et vous abandonner à vous-même. Vous n’êtes pas un enfant, soyez raisonnable et ne faites pas de peine à ceux qui vous aiment.

— Merci, dit Lydie.

Il y a quelque chose d’affreux dans la demi-pitié des gens qui ne comprennent pas nos douleurs ; on préférerait de beaucoup leur complète indifférence.

— Mon amie, dit Adolphe, je vais causer avec vous comme avec une femme d’esprit. La vie est une chose sérieuse et non le rêve d’une jeune fille. Vous voyez, toutes, un roman dans le mot de « mariage, » qui pour vous veut dire « amour. » Vous vous trompez : rien n’est éternel, et l’amour passe plus vite que toute autre chose. Souvent même il n’existe jamais entre les époux ; chez nous, il a existé, il existe encore et l’affection qui nous unit est mille fois plus sérieuse et plus profonde.

— Qu’est-ce donc, selon vous, que l’amour ?

— Un des bonheurs que nous trouvons sur terre, le plus agréable peut-être : luxe de plaisirs, de sensations, sans lequel nous pourrions vivre, mais qui est le charme et l’enivrement de l’existence.