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Elle regardait passer le monde et croyait toujours reconnaître son mari. Elle s’imaginait ne jamais arriver et trouvait que les chevaux allaient au pas. Enfin, la voiture s’arrêta, le valet de pied descendit, c’était Pierre, l’ancien groom des de Cournons.

Lydie ne se préoccupait plus de rien du moment qu’elle mettait en doute l’amour de son mari ; il n’existait plus pour elle aucune convenance à respecter, aussi dit-elle d’une voix ferme :

— Priez le concierge de demander chez Mlle Adèle Tourcos si M. Dunel y est. S’il n’y a personne, si elle-même est sortie, sachez où elle peut être…

L’ancien groom pâlit ; il avait entendu parler de la lorette et comprit le malheur de sa maîtresse à laquelle il était attaché, pourtant il obéit. Le pauvre garçon tremblait en tirant la sonnette. Mme Dunel attendait les yeux fixés sur cette porte par laquelle Adolphe était entré si souvent autrefois. Enfin, le groom reparut ; elle sentit un frisson glacé passer sur tout son corps.

— Monsieur n’est pas ici, dit Pierre d’un air satisfait ; il ne vient plus depuis son mariage. Cette dame soupe au café Anglais.

— Allez au café Anglais ; vous demanderez si monsieur y est avec cette demoiselle.

La voiture repartit.

— Il la connaissait avant notre union, se disait Lydie,