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amis, le jeu, et malgré mon indulgence, il se plaisait à me composer à toute heure un mensonge.

— Mais c’est horrible !

— Du tout, presque toujours cela se passe ainsi. Je devins alors jalouse, furieuse, je conçus les idées les plus extravagantes. Je me promenais dans ma chambre en parlant seule. Je voulais le tuer… Puis je me rencontrais devant mon armoire à glace…

… Je me voyais les yeux hagards, les mains crispées, je me rappelais Mlle Rachel. Un domestique venait me dire : « Madame est servie. » Il fallait aller dîner, je revenais à la vie réelle et je me trouvais ridicule. Puis je voyais beaucoup de femmes dans la même position que moi qui ne jouaient pas la tragédie pour cela. Il ne s’agissait pas d’aller en cour d’assises ou dans une maison de fous.

— Tu te résignas !

— Mon Dieu, oui ! Seulement je ne voulus pas laisser croire à mon mari que j’étais une idiote et, sachant facilement tout ce qu’il faisait, je m’amusai à le lui dire. Il s’irrita d’une manière si comique et redoubla si bien ses mensonges, que je pris plaisir à redoubler mes taquineries ; un moyen pour cela m’arriva de je ne sais où.

Violette prononça faiblement ces derniers mots.

— Je reçus chaque jour une lettre contenant tout ce