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même toit, même nom. Je sais bien que tout cela n’est qu’une association d’affaire. Mais j’avais beau faire, cet homme était dans mon cœur comme son alliance était à mon doigt. J’en devins folle, ridicule. Je me relevais la nuit pour l’entendre respirer, je lui écrivais tous les jours des lettres que je brûlais ; je crois même que j’avais envie de m’écrire des réponses ; le bruit de ses pas me faisait frémir, sa voix m’allait à l’âme, sa figure pâle m’intéressait, ses yeux ternes me semblaient voilés de poésie. Je lui trouvais de l’esprit.

— Il en a.

— Oui, un esprit sceptique qui ne croit à rien. Je pensais ramener la foi dans son âme en lui prouvant qu’il y avait dans ce monde des femmes vertueuses et aimantes. C’est toujours sur cette même note que chantent les jeunes filles. On ne doute de rien ; on veut soutenir de la main une maison qui s’écroule, on est ensevelie dessous.

— Ton mari ne croit à rien ?

— Il croit à l’amour comme on croit aux bossus. Il dit que c’est une folie. Il croit à la vertu ; mais elle est, dit-il, la plus ennuyeuse des sottises.

— Mais s’il avait su ton amour, peut-être t’aurait-il aimée.

— Jamais. J’acquis bientôt cette certitude. Il n’avait pas quitté sa vie de jeune homme, ses maîtresses, ses