Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Dans lequel vous n’aviez pas mis de bordeaux, riposta le groom.

— Tout juste, mon cadet, c’est ce qui fait qu’il en reste ; on en donne si peu que si j’en mettais dans le lièvre, je n’en aurais plus du tout.

— Allons, dit le valet de chambre en tirant un cigare de sa poche, les maîtres ne sont pas généreux, j’en conviens ; mais vous voyez bien, qu’il y a toujours moyen de vivre. Je m’en vais, gardez-moi mon déjeuner, et vous, Éléonore, déridez-vous donc, si c’est possible, tenez, il me vient une idée : vous avez une nièce ?

— Les vieilles filles, ça n’a jamais que des nièces, murmura le groom.

— Eh bien ! ce serait une gentille femme de chambre pour la demoiselle que je vais chercher.

Éléonore, frappée de cette pensée subite, sourit gracieusement.

Le valet de chambre disparut, en marchant autant que possible comme son maître. Le groom se leva doucement et contrefit son camarade à la grande hilarité des assistants ; puis il se posa devant le carreau d’une fenêtre ouverte, il ramena ses cheveux sur ses tempes, replaça sa casquette, et tira les basques de sa veste en disant :

— Il me semble, puisqu’on place tout le monde, que je suis du bois dont on fait les valets de pied de