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Lassée d’agiter sa sonnette, Lydie, qui ne pouvait se remettre, ne voulut pas rester seule et alla trouver son époux pour lui faire part de sa frayeur.

— S’il dort, se disait-elle, je ne l’éveillerai point ; mais il me semble que si je le vois j’aurai moins peur.

Elle alluma sa bougie, traversa le grand salon et arriva tout doucement à la chambre d’Adolphe.

— Je vais lui faire peur, pensa-t-elle, avec mon peignoir blanc.

Lydie avança la tête et fut terrifiée : son mari n’était pas dans la chambre. Plusieurs fois elle ferma, puis rouvrit les yeux ; elle croyait rêver encore. Enfin, s’asseyant sur le fauteuil placé près du lit, elle se perdit en suppositions. Une seule chose lui semblait possible : il était certainement arrivé quelque accident à son mari. Que faire ? Elle voulait s’habiller et sortir ; mais où aller ? Elle restait immobile ; un grand désordre se faisait dans son esprit. Elle posa sa main sur une petite table qui se trouvait près d’elle, et sans s’en apercevoir saisit un objet qu’elle froissa, tout en se livrant toujours à ses inquiétudes. Cet objet cédait sous ses doigts, ses yeux le rencontrèrent et s’y fixèrent longtemps sans le voir, puis tout à coup son excessive blancheur attira son attention. C’était un gant ! un gant déchiré. Le moindre indice peut éclairer une femme qui aime. Elle l’examina, comme pour l’interroger. Il était neuf ! C’é-