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fous, d’autres à des enragés, ceux-ci riaient, ceux-là s’agitaient sans perdre leur sérieux. La poussière du bal formait un nuage au dessus de la salle. Les costumes étaient sales et fripés. Les hommes en habits tout couverts de poussière et de bougie, presque tous ivres. Les sauvages, les postillons, les paillasses, les titis, les laitières ou les gamins bouleversaient les sergents de ville et ceux-ci criaient :

— On ne sort pas par ici, on n’entre pas par là, les costumes ne sont pas admis au foyer.

De jolies petites femmes leur répondaient par des gestes grivois. Dans les couloirs des couples pressés par la masse se parlaient bas de leurs projets d’une nuit. On commençait à sortir deux à deux pour aller ou ne pas aller souper.

Adolphe avec Adèle, le duc avec la pierrette, vinrent chercher le comte en lui amenant Anna ; puis ils descendirent pour quitter le bal. Le domino de la Tourcos s’accrocha dans l’escalier aux branches d’un petit arbre soutenant d’énormes cloches blanches qui, presque fanées, exhalaient un parfum très fort.

— Cette fleur embaume, dit Dunel.

Adèle détacha son domino. Ne voyant plus de Flabert et sa suite, ils pressèrent le pas pour rejoindre la société. Le duc avait envoyé son domestique au café et quand on arriva le souper était servi.