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ne faut pas beaucoup de pénétration pour deviner cela ; vous voilà tous ébahis ! Il n’y a rien d’étonnant là dedans. Une jeune fille qu’on va marier sans doute : eh bien ! tant mieux, il nous en reviendra quelque chose.

— Oh ! oui, voilà une fameuse maison pour les profits, dit le groom.

— Laissez faire ; cette petite-là montera sa maison, et ce sera l’occasion de placer nos parents et nos amis ; pour moi, j’ai un beau-frère qui lui ferait un bien bon cocher.

— Pardieu ! on sait bien que vous tirez toujours votre épingle du jeu, fit Éléonore. Monsieur a plus d’argent à lui seul que madame et nous tous ensemble, et vous ne vous en ressentez pas mal.

— Oui, oui, farceur, vous avez un magot, et ce morceau-là est plus gras que celui-ci, interrompit le groom, en mettant sur la table les débris d’un poulet ; mais mademoiselle Éléonore a beau se plaindre, continua-t-il, elle ne s’en ira d’ici que pour se marier, Donc, suffit, elle est avec nous à perpétuité.

La vieille fille lui lança des yeux foudroyants.

— Dam ! c’est que la vie est difficile, dit le gros cuisinier, en vidant un verre d’excellent vin ; mais ici, vraiment, il n’y a pas d’eau à boire. Ne faites pas attention, c’est un petit reste du civet d’hier.