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— Bah ! on est marié chez soi ; mais on ne l’est pas ici, dit l’un des invités.

— C’est juste, répondit Adèle, en tendant une main à Dunel et l’autre à de Flabert. Je ne vous en veux point ; nous oublierons vos voyages. Dansons !

Elle garda la main d’Adolphe et fit signe à Anna qui vint au duc. Le quadrille commença.

En dansant, l’air passant dans les cheveux d’Adèle les avait complétement ébouriffés, ils ressemblaient à de la poussière. Son chignon s’allongeait sur son cou comme les coiffures poudrées. Ses cils et ses sourcils, couverts de cosmétique, formaient un double cercle noir sous l’ombre de ses cheveux défaits ; autour de ses yeux naturellement humides, une trace bleue s’étendait en nuance d’azur jusqu’au milieu de ses tempes. Sa figure, d’un ovale régulier, était petite, son nez fin et délicat, ses yeux énormes, sa bouche un peu épaisse, ses lèvres, qu’elle mordait sans cesse, étaient rouges comme du sang et restaient toujours disjointes comme n’ayant pas la force de se rapprocher. Sa robe de tulle blanc, bouillonnée en neige et parsemée de fleurs, trainait de tous côtés et à chaque pas il lui fallait la relever. Elle avait la tête en avant et son corsage tombant avait l’air de ne point tenir sur ses épaules, on eût dit qu’elle allait à tout instant sortir de sa toilette. Cette femme avait ce qu’on appelle un grand succès. Elle