Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrite en mourant, que j’étais chargé, comme dernier membre de la famille, de veiller sur sa fille unique et de la marier lorsque je la croirais en âge d’entrer dans le monde. Cette enfant était au couvent de Sainte-Marie où elle est encore.

— Pourquoi donc depuis dix ans ne m’en avez-vous rien dit, monsieur ?

— Le colonel étant mon parent, cette affaire se trouvait la mienne et non la vôtre ; je ne vous en aurais jamais parlé si la jeune fille n’était pas tout à fait seule, ce qui m’oblige à la marier ici. Jusqu’à ce jour je m’occupais fort peu de cette enfant, je faisais seulement payer sa pension et son entretien ; mais hier j’ai réfléchi qu’elle avait vingt ans et qu’il fallait prendre un parti.

— Mais vous ne songez pas, monsieur, au dérangement que cela va nous causer, et aux frais dans lesquels nous allons nous engager.

— Les frais seront de peu d’importance.

— Après dix ans de tranquillité voir une étrangère chez soi ! Vous avouerez, monsieur, que c’est fort désagréable.

— La famille a ses exigences, dit le comte d’un air solennel ; d’ailleurs nous serons bientôt quittes de cet ennui. Rassurez-vous, mon cousin possédait un million de fortune qui constitue la dot de la petite, elle ne