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m’imagine que je suis fort séduisante ; il n’en est rien, mais je le crois, ce qui revient exactement au même, pour ma satisfaction personnelle.

— Et vos études ?

— Oh ! elles vont très bien. Ma gouvernante est émerveillée. J’en sais déjà autant qu’une enfant de douze ans très avancée. Je gagne plus d’une année par mois.

— Et le grand monde ?

— Ici, je suis allée deux fois seulement dans cette société beaucoup plus distinguée qu’amusante. J’ai parlé avec peu de prudence et tout s’est bien passé. On dit que je suis très spirituelle. En attendant que je sois savante, j’adopte ce système qui me réussit très bien et qui est le secret des ignorants : parler peu, pour laisser croire qu’on pense beaucoup, avoir l’air de critiquer, pour faire croire qu’on a une opinion. Voilà tout le mystère. Et maintenant que j’ai dit, racontez-moi tout ce qui s’est passé depuis notre séparation.

— Depuis que vous m’avez quittée, quand j’étais encore Mlle de Cournon, et vous Violette, jusqu’au moment où nous nous retrouvons, vous duchesse et moi roturière, dit en riant Mme Dunel. Elle raconta tout son voyage ; parfois, croyant entendre Violette soupirer, elle lui demandait ce qu’elle avait, et Mme de Flabert répondait toujours par une gaieté qui rassurait Lydie.