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sentais ignoble, je mentais pour me faire croire meilleur. J’ai menti et j’ai perdu son amour. Maintenant je n’ai plus que son souvenir et son image pour reconstruire le passé. Je veux la regarder tant qu’il me restera un souffle de vie.

Lydie était toute frissonnante, elle se serrait contre son mari.

Le jeune homme, après un long silence, murmura d’une voix triste quelques vers de Musset. Sa parole, qui mettait une inflexion particulière sur les mots les plus mélancoliques, avait quelque chose qui attirait les larmes.

Madame Dunel fit un mouvement de retraite pour se soustraire à ce spectacle qui lui donnait trop d’émotion.

Le malade ne sortit point de sa rêverie et chanta d’une voix lente une chanson de Jasmin. Le rhythme cadencé accompagna les pas des deux époux qui s’éloignaient. Lydie ne parla pas d’abord, elle écoutait cette harmonie qui s’éteignait peu à peu dans la voix mourante du poitrinaire. Elle remonta sur son cheval et ils repartirent.

Cet homme est bien étrange, dit-elle, toute pensive.

— Il est fou, répondit Adolphe.

— Vraiment ? cela m’étonne.

— Ne vous l’avais-je pas dit ?