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Le jeune homme, à la fin de sa phrase, eut une de ces petites toux sèches et creuses qui résonnent au fond de la poitrine comme un gémissement.

— N’ai-je pas eu le plaisir de vous rencontrer à Cotterets chez le docteur Dozou, dit Dunel ?

— Cela se peut, c’est mon médecin. Il prétend que je suis phthisique et que j’ai fort peu de temps à vivre.

— Alors, monsieur, si vous voulez bien me le permettre, je vous dirai que vous restez sur cette herbe humide, et que vous allez aggraver encore votre état.

Le malade ne répondit pas ; il donna à Adolphe le portrait en disant :

— Voyez si elle est jolie.

Les deux époux regardèrent avec une vive curiosité.

— Bien jolie ! dit Lydie.

— Charmante ! ajouta Dunel.

— Eh bien ! dit le malade, en reprenant à deux mains son portrait. Eh bien ! je ne la reverrai jamais plus.

— Pourquoi ? hasarda la jeune femme.

Il étendit le bras et parla comme s’il eût été seul.

— Je suis né là-bas, je fus élevé parmi des jeunes gens sans principes, je devins sceptique ; les excès de tout genre ont détruit ma santé, mon cœur était flétri et mon visage ridé. J’ai vu cette enfant, je l’ai aimée ; mais j’étais resté trop longtemps dans la fange, je me