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conduite. Tout cela ressemblait à une enquête judiciaire, et si je n’avais pas eu la conscience nette, j’aurais eu peur. Ce monsieur me fit venir près de lui, m’examina avec beaucoup d’attention et me permit de me rasseoir, il était bref et parlait peu. Le marquis, qu’il avait demandé, descendit, c’était un homme grand, roux, très vilain, qui parla russe avec monseigneur, et me regarda beaucoup plus encore, en faisant des signes d’étonnement et d’approbation. L’étrangeté de ce langage et la singularité de ma situation se prolongeant, l’air important de ma maîtresse, tout cela à force d’être grave sans motif finissait par me sembler drôle ; avec cela le marquis russe avait un tic : il cherchait toujours à mordre son faux col. Je fus prise d’une envie de rire épouvantable, j’allais éclater malgré les efforts que je faisais pour me contenir, lorsqu’on annonça Son Excellence monsieur le baron ministre plénipotentiaire. Oh ! tous ces noms-là, je ne les oublierai jamais, celui-ci ne parlait pas russe.

— Excellence, lui dit le seigneur, regardez attentivement cette enfant, et dites-nous ce que vous trouvez de singulier en elle. L’Excellence me regarda.

— Prince, vous m’adressez une question délicate, répondit-il en souriant.

— Quoi que vous pensiez, parlez sans crainte, reprit-il.