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rer même du cœur. Elle essaya de regarder cet homme devant lequel elle n’avait plus déjà la fierté, l’indépendance, qui ne l’avaient jamais abandonnée : leurs yeux se rencontrèrent, elle détourna promptement la vue ; mais un nuage rose passa sur ses joues. Dunel prit cet embarras pour la preuve d’une sympathie immédiatement réciproque, il n’avait jamais senti de femme frémir et rougir ainsi sous son regard : il se trouvait plus homme que par le passé. Il jouissait déjà du plaisir qu’on éprouve à aimer un être plus faible que soi, c’est à dire à se prouver en quelque sorte sa force et sa supériorité. Il est inutile de rapporter ici la conversation qui suivit le dîner. Victoire parla du temps où elle fit son entrée dans le monde, son mari, qui souffrait pour elle, l’interrompait le plus souvent possible. Lydie n’écoutait pas, et Dunel ne se permettait que des affirmations. Enfin le jeune homme prit congé et dit au comte qui l’accompagna jusqu’à la porte :

— Vous irez au cercle ce soir ?

— Oui, cher ami.

— Je vais vous y attendre pour connaître le résultat…

— De quoi ?

— Eh bien ! de ma présentation.

— Déjà ?

— C’est que tout dépend de la première impression.