Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours des contrastes. En ce moment, Adolphe fut saisi du seul attachement qui devait traverser sa vie. Il y avait dans cette créature svelte et blanche un principe d’attraction extraordinaire. Il se sentait poussé vers elle par une force surnaturelle. Il lui fallait lutter de tout son pouvoir et se cramponner à sa place pour ne pas se précipiter à ses pieds. Ce gros garçon fort, bien portant, la regardait comme les aigles regardent les petits oiseaux dont ils s’apprêtent à ne faire qu’une bouchée. Si mademoiselle de Cournon avait pu deviner les sentiments qu’elle inspirait à son prétendu, elle se serait immédiatement sauvée tout effrayée jusqu’au fond de son couvent ; mais son extrême ignorance la tenait bien loin de la réalité. Dunel n’avait point choqué ses yeux ; elle cherchait à deviner son âme dans les moindres inflexions de sa voix. Adolphe n’avait pas une seule fois rencontré ses regards. Elle était grave, sérieuse et paraissait trop fière pour ne pas mépriser les projets d’union des de Cournons, si ces projets n’étaient pas selon ses désirs. Dunel comprit aisément la situation. Lydie tenait entre ses mains sa fortune, son espoir : une sorte de crainte s’empara de lui. Les gens qui ne comprennent pas ce qui est grand et beau ne se laissent point imposer et s’éloignent de ce qui tente à leur imprimer le respect. Aussi commençait-il à trouver que Lydie ressemblait trop à une divinité. Le comte était