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La Villa des Ancolies

sens, le grand charme d’un doux farniente sous cette tonnelle, en compagnie de Mademoiselle Yolande.

— Ce qui veut dire que, de mon côté, je vais être obligé de subir le tête à tête de Jean… Ah non ! il faut avoir pitié de moi… Si vous saviez comme il est embêtant, Monsieur, votre ami Jean, dans le tête à tête ! Il se croit toujours obligé de me faire des déclarations solennelles… oh ! si solennelles !

— T’avais-je assez averti ? Eh bien ! le voici le joli caractère de Mademoiselle… et c’est ainsi depuis trois ans.

— Sont-ils gentils ! dit Mlle Laure en pénétrant dans le jardin. Tenez, voici mon domaine.

— C’est merveilleux, Mademoiselle ! Quelle richesse, quelle variété, quelle profusion !

— Voici le rosier dont je vous parlais tout à l’heure. C’est un ancien églantier des champs, je l’ai pris dans les abattis du collège et ce n’est qu’après dix ans de travail que j’ai pu obtenir cette perfection.

— Et ces balsamines ?

— Ce sont des impatientes de la rive que j’ai mariées successivement avec plusieurs variétés de balsamines des jardins. Remarquez ces points jaunes pâles, c’est tout ce qui reste de la plante mère.

— Et vos tulipes ?

— Je les garde en serre, ce qui me permet d’avoir une floraison continuelle. Allons les voir.

Paul suivit la jeune fille, s’extasia devant les inestimables merveilles que la serre contenait et, après s’être arraché à regret à cette contemplation, il continua avec elle sa promenade dans le jardin.

Là-bas, sous la tonnelle, nos deux amoureux suivaient, de loin, depuis une demi-heure, les moindres gestes de Mlle Perrin et de son compagnon.