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Les jeunes gens vinrent prendre place sous la tonnelle que Paul ne manqua pas d’admirer. La conversation, d’abord banale et quelque peu contrainte, s’anima graduellement grâce à l’humeur enjouée de Jean et surtout d’Yolande. Au bout d’une demi-heure, tous quatre avaient l’aisance de vieux amis.

— Mademoiselle Laure, dit Jean, mon ami est un grand amateur de fleurs et quoiqu’il n’ose vous le demander, je sais qu’il brûle du désir de visiter votre jardin, où il trouvera certaines tulipes qui vont le rendre affreusement jaloux.

— Vous aimez les fleurs, Monsieur ?

— En amateur, Mademoiselle, en amateur seulement ; mais enfin, mon jeune ami m’a dit tant de bien des vôtres que je désire ardemment les visiter. D’ailleurs, s’il faut en juger par l’éclatante floraison qui nous entoure, votre jardin doit être un lambeau oublié du paradis terrestre.

— Ces fleurs-ci ne sont que de braves paysannes sans prétention. J’ai dans mon jardin certaines variétés de fleurs d’ornement assez remarquables. Certains rosiers, sur lesquels j’ai pratiqué greffes sur greffes, me donnent des roses d’une blancheur de neige.

— Greffez-vous vos rosiers vous-même ?

— J’avais à peine douze ans quand j’ai fait mon premier essai sous la direction de mon père. Depuis la mort de ce bon papa, j’ai continué à aimer les fleurs en souvenir de lui et un peu aussi pour mon plaisir. C’est si intéressant la vie de ces jolis petits êtres éphémères qui naissent, s’épanouissent et meurent en un éclat de beauté, en une brise de parfum. Venez-vous avec nous, Monsieur Jean ?

— Quelque belles et délicieuses que soient vos fleurs, Mademoiselle Laure, malgré tout le parfum qu’elles dégagent, elles ne sauraient par cette chaleur accablante, avoir à mon