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La Villa des Ancolies

Ce n’était pas une promenade en canot que le classique pile ou face venait de décider. En voyant ses compagnons s’en rapporter au hasard pour décider d’un fait banal, Paul avait eu un trait de lumière et s’était dit que le meilleur moyen de se tirer de sa perplexité était de s’en remettre lui aussi au hasard et le hasard avait prononcé dans l’affirmative.

Une fois sa décision prise, il se sentit tellement soulagé, si calme, si satisfait, que ce fut avec sa bonne figure souriante, qu’on ne lui avait pas vue depuis une semaine, qu’il salua l’arrivée de son ami Jean.

— Ça y est, j’ai décidé d’y aller.

— Je n’ai pas douté un seul instant que tu ne finisses par accepter. C’est la conflagration mon vieux, la conflagration que je t’avais annoncée…

***

Vers trois heures, le lendemain après-midi, les deux amis entraient chez Mlle Perrin.

— Permettez-moi, Mademoiselle, de vous présenter mon ami, Monsieur Hainault.

— Je suis très heureuse, Monsieur, de vous recevoir chez moi.

— J’espère Mademoiselle, que mon jeune ami Jean vous a déjà exprimé tout le regret…

— Croyez, Monsieur, que l’incident est tout à fait oublié ; je ne garde que des sentiments de gratitude pour la générosité dont vous avez fait preuve en abandonnant vos justes réclamations.

— Et moi ? On m’oublie donc ! s’exclama Yolande qui, sentant le terrain glissant sur lequel les anciens antagonistes s’aventuraient, désirait faire une diversion.

— Paul, je te présente le plus affreux tyran que je connaisse : Mademoiselle Yolande Perras.

— Je crois, Mademoiselle, que mon ami est un supplicié content, car depuis votre arrivée en ville, nous ne le voyons presque plus.