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La Villa des Ancolies

nous exagérons l’importance à dessein, afin de nous faire plus facilement pardonner nos fautes personnelles ; mais que sonne l’heure de l’infortune, que le chagrin nous assaille, que le malheur nous foudroie, nous sommes certains de trouver auprès d’elles une somme inépuisable de bonté affectueuse et une source profonde de force et de courage pour affronter de nouveau la lutte et la vie. On vous a exagéré les frictions inévitables qui se produisent dans tous les ménages. Bah ! ce sont là de légers nuages qu’un moment de confiante et affectueuse intimité a bien vite dissipés et toujours nous nous inclinons avec une respectueuse vénération devant la mère de nos enfants. Mariez-vous, mon cher Paul, soyez un père heureux et je vous promets que, suivant l’expression de mon grand-père, il y aura toujours du pain dans votre huche. Mais au fait, serait-ce indiscret de vous demander quelle est la future Madame Hainault ?

— Il n’y a pas encore de future Madame Hainault et si je vous faisais cette question, c’est que depuis quelque temps je commence à réaliser que ma vie solitaire est triste et vide.

— Alors ce mariage, c’est encore dans les futurs contingents ? Je le regrette.

— Je crains bien que d’ici longtemps vous ne soyez appelé à relever mes appointements. Trouverai-je jamais une jeune fille, répondant à mon idéal, qui consentira à m’épouser ?

— Cela viendra, mon ami, cela viendra. Persévérez dans votre bonne résolution. Je vous estime trop pour ne pas vous désirer ce bonheur. Ah ! j’oubliais une commission que Madame Gendron m’avait chargé de vous faire. Elle a rencontré avant hier, Mlle Perrin et elle a appris que vous vous étiez désisté de toutes procédures contre cette brave Laure. Ma femme estime beaucoup cette jeune fille, aussi est-elle très heureuse de votre décision et elle m’a prié de vous