— Je viens d’apprendre à mes dépens que lorsque l’on est assez sot pour s’en rapporter à la calomnie publique et même aux dires de ses amis pour se faire une opinion sur une chose ou sur une personne, on met immanquablement les pieds dans les plats.
— Tu as tout à fait raison. C’est pourquoi je scrute toujours les dires d’autrui avant d’agir.
— Alors, mon vieux Paul, laisse-moi te dire bien franchement que tu n’es qu’un imbécile !
— Veux-tu me dire quelle mouche te pique tout à coup ?
— Tiens, lis cette lettre que j’écris à Mademoiselle Perrin et qui n’attend plus que ma signature pour être mise à la poste.
— Comment, tu écris à cette vieille fille toquée ?
— À elle-même. Lis.
— D’abord, je t’ai donné instruction de procéder, non de lui écrire.
— Et moi je préfère lui écrire. Lis.
— Et tu ne lui as pas fait signifier la sommation tel que je te l’avais demandé ?
— Non.
— Quand t’exécuteras-tu ?
— Jamais.
— Comment, jamais ?
— Lis te dis-je.
— Je n’ai pas besoin de lire cette lettre et je ne veux pas que tu l’envoies. Mes instructions sont formelles. Dès demain, fais signifier le bref.
— Non.
— Es-tu mon avocat oui ou non ?
— Je le suis. Et toi, tu es un imbécile et il est de mon devoir de t’empêcher de faire une bêtise. Puisque tu ne veux pas lire cette lettre, écoute au moins.
« Mademoiselle Laure Perrin,
« Mon client, Monsieur Paul Hainault, me prie de vous demander de considérer comme