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La Villa des Ancolies

— Grand Dieu ! comment finira cette folie ?

— Cela finira très bien, si vous consentez à être toujours une élève docile et obéissante. Allons. Mlle  la Chrysalide, quittez votre coque sombre et triste, laissez-moi vous étaler vos jolies ailes !

Depuis la première tentative de transformation opérée par Yolande sur la personne de sa cousine, le lundi matin qui avait suivi son arrivée, Mlle Perrin, trop occupée à surveiller les travaux qu’elle faisait effectuer à sa villa, n’avait pas consenti à se faire une seconde fois coiffer par sa filleule, les essayages des robes que la jeune fille lui avait confectionnées n’avaient été accompagnés d’aucun apparat, de sorte que, pour la première fois, les cousines allaient constater l’effet général de la métamorphose. C’est avec une émotion craintive que Mlle Perrin se livra aux mains de sa filleule.

— Que je vais avoir l’air gauche dans ces toilettes ! soupira la brave fille.

— Montez bien vite, c’est aujourd’hui samedi et les coiffeurs sont très occupés en fin de semaine. Asseyez-vous, jeune débutante, que je vous fasse une tête de déesse. Je me sens en veine. Mais non ! il ne faut pas remuer toujours ainsi, vous ne tenez pas en place. Bien ! Comme cela. Mon peigne ? Où ai-je mis mon peigne ? Mais non, ne remuez pas. Là, je l’ai trouvé, je l’avais remis dans ma trousse. Bien ! Ah ! Ah ! Ah ! si vous remuez toujours ainsi je vais perdre mon inspiration. Ne pouvez-vous pas tenir en place ? Je crains de vous brûler et cela me fait perdre mon inspiration ! Encore un moment je n’ai que quelques coups de fer à donner. Vénérable cénobite nouvellement convertie à la vie mondaine, vous manifestez des impatiences de petite fille.

— Que veux-tu, je suis nerveuse.

— Un peu de patience, j’achève. Marraine vous me faites l’effet d’une débutante se faisant parer pour son premier bal. Tenez,