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La Villa des Ancolies

successivement envahi par les menuisiers, les peintres, les tapissiers et les journaliers.

La haute palissade de planches, bordant le chemin, fut remplacée par une élégante clôture de broche tissée, aux poteaux blanchis à la chaux ; la véranda fut démolie et refaite plus ample, plus moderne et s’étendant sur tout le côté droit de la maison qui fut elle-même repeinte en entier ; les pierres des murailles lavées et l’intérieur complètement transformé ; le papier-tenture remis à neuf, la menuiserie émaillée et enfin, on changea la disposition du mobilier.

Au milieu de ce brouhaha, Mlle Laure ne restait pas inactive. Elle avait, immédiatement après le départ de sa filleule pour la ville, repris sa coiffure habituelle, enfilé son éternel tablier de coton bleu, et fallait voir l’animation qu’elle déployait à débattre avec les entrepreneurs les moindres détails des travaux à exécuter ; discutant les prix : plus tard, pressant l’exécution et, surtout, tout le mal qu’elle se donnait à préserver ses rideaux de vignes sauvages, de campanules et de liserons.

Entre temps, une équipe de journaliers travaillait dans le parterre et le bosquet. Le parterre fut littéralement remué, labouré, les herbes sauvages qui depuis de longues années y croissaient en paix furent arrachées, le sol ameubli et une couche de tourbe-gazon compléta la métamorphose. Quant au bosquet, les grands arbres furent émondées, les arbustes coupés et la tonnelle, enfin dégagée, offrit une vue superbe sur la rivière.

Les travaux de réparations suggérés par Yolande, agréés et amplifiés par Mlle Perrin, avaient atteint un degré d’importance d’abord imprévu et bien de nature à faire jaser les voisins toujours affamés de matière à cancans.

Pendant que sa marraine poussait avec vigueur la restauration de sa vieille maison, Yolande ne restait pas oisive… Dès le vendre-