Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
La Villa des Ancolies

modestement, à peine décolletée ; mais une robe gracieuse et élégante, quelque chose de frais, de délicat, de jeune.

— Ma petite tu vas me faire rire au nez par ma vieille couturière.

— Ah ! mais non, laissez-la dormir, votre vieille couturière, nous pouvons bien facilement nous dispenser de ses services. Je me confectionne moi-même tous mes vêtements et sous-vêtements et je saurai très bien faire de vous la plus élégante personne de Saint-Hyacinthe, ville et faubourgs. Et, imitant la voix et les manières des modistes obséquieuses : « Mademoiselle désire-t-elle une jolie robe d’organdi ? Préfère-t-elle la molle, le taffetas, la soie ? Les fils délicats sont tout à fait de mode cette année. Quelles nuances plairaient à Mademoiselle ? Je suis en état de satisfaire tous les caprices de Mademoiselle. J’ai ici des tissus merveilleux, nuances les plus variées, délicatesse de travail, regardez, c’est à la fois léger et solide. Mademoiselle n’a qu’à manifester son goût. Quant à la question des modes, je puis faire voir à Mademoiselle les dernières revues de Paris et de New York. Tenez, voyez, choisissez. Que dit Mademoiselle de ces créations parisiennes ? Ici, ce modèle irait très bien à Mademoiselle. Élancée, élégante, presque svelte, cette création avec tunique en net de soie, le foulard de la blouse de même matériel, l’habillerait parfaitement. Mademoiselle préfère-t-elle le modèle suivant, quoique plus prétentieux et quelque peu extravagant ? Les lignes, qui sont admirables chez Mademoiselle, se perdraient dans ce fouillis, ce qui serait regrettable, Mademoiselle est naturellement trop jolie pour avoir besoin de tels accessoires. Chez certaines personnes peu favorisées par la nature, nous tâchons de corriger par l’habit les défauts naturels ; mais chez Mademoiselle pas n’est besoin de tels artifices ; chez elle, la robe doit être le cadre gracieux,