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les plis du fer, c’est un vrai plaisir que de coiffer Mademoiselle. Bon, encore quelques coups de fer ici, un peu d’ondulation là et enfin, le chignon… Oh ! le chignon, Mademoiselle, c’est la partie vitale d’une coiffure élégante, c’est là que se distingue l’artiste… Il faut qu’il offre à la fois un assemblage de grâce, d’élégance, de délicatesse ; s’il est lourd, l’œuvre entière est lourde. Attention, ne remuez pas, je me sens prise d’inspiration, le feu sacré, Mademoiselle, le feu sacré ! Encore une seconde. Bien ! j’achève. Là, là, ça y est ! Maintenant si Mademoiselle veut constater par elle-même, elle peut se regarder dans cette glace. Mademoiselle n’a pas besoin de craindre, les glaces ont été inventées pour les jolies femmes… Voyez, Mademoiselle, c’est vingt ans de jeunesse que je lui ai restitués ».

— Oh ! s’exclama cette brave Mlle Laure en apercevant dans la glace sa douce figure métamorphosée. Mais, petite Yo, c’est ridicule de se rajeunir ainsi !

— Au contraire, marraine timide, le ridicule, le crime, devrais-je plutôt dire, c’était de se vieillir. Puis, prenant une voix doctorale : Donnez-moi vos vingt ans si vous n’en savez que faire !

— Et les neuf autres ?

— Bah ! de vingt à trente-cinq ans, une jeune fille a toujours vingt ans. Mais je n’ai pas terminé votre transformation, marraine, vous comprendrez bien que votre robe d’indienne à collet monté ne serait plus de mise avec une aussi gracieuse figure.

— Comment ? tu veux me faire porter des robes décolletées !

— Calmez vos craintes, vertueuse cousine. Ne vous ai-je pas promis de ne rien vous demander qui puisse en aucune façon porter ombrage à votre conscience timide ? Ce qu’il vous faut, c’est une robe faite très