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filleule ici présente peut vous obtenir. Or, comme cette tête de linotte vous adore, elle est prête à se mettre à votre disposition, certaine par avance du succès final.

— Serait-ce possible ?

— Attendez encore un moment, je n’ai pas fini. Je suis prête à vous promettre de régler cette affaire dans le sens que je vous ai indiqué, mais — car il y a un mais — à une condition.

— Je l’accepte d’avance.

— Attention, marraine, attention, si j’étais méchante, je vous prendrais au mot.

— Voyons alors cette condition.

— Une condition, une seule, oh ! mais une condition expresse, une condition « sine qua non » comme dit encore le cadet de mes patrons, une condition sans laquelle je ne puis rien faire pour vous, je suis obligée de vous refuser mon concours et, comme je ne pourrais demeurer le témoin impuissant de vos tracas, je me verrais obligée de retourner à Montréal achever ma vacance au parc Mance.

— Mais vite, dis-moi cette fameuse condition.

— C’est que vous vous en remettiez entièrement à moi du soin de mener cette affaire et de plus, que vous me promettiez solennellement de faire tout ce que je vais vous demander.

— Tout ? C’est vague… Quoi encore ?

— Tout, vous dis-je, tout, sans exception ni réserve et surtout sans la moindre hésitation, sans la plus petite discussion. Est-ce compris ?

— C’est grave ce que tu me demandes là.

— Mon concours est à ce prix. D’ailleurs, soyez persuadée que je ne vous demanderai jamais une chose qui puisse être en opposition avec les données de votre conscience. Encore une fois, est-ce promis ?

— Il faut promettre… comme cela… en aveugle ?