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La Villa des Ancolies

I

MADEMOISELLE LAURE PERRIN, FILLE MAJEURE.



SAINT-HYACINTHE possède une admirable promenade, la rue Girouard, le Boulevard, comme on dit pompeusement là-bas, la rue domiciliaire, par opposition à l’ancien chemin des Cascades surnommé « la rue des affaires ».

La majeure partie de la rue Girouard, des usines de l’aqueduc aux fabriques de la maison « Casavant Frères », côtoie la rivière Yamaska. C’est une large artère d’une propreté irréprochable, presque coquette, dont la double bordure ininterrompue de beaux ormes forme une immense arche de verdure tant leur hauteur est prodigieuse et leurs branches élancées.

Le tronçon-est de la rue est borné exclusivement de propriétés appartenant à des communautés religieuses. C’est, immédiatement passé le viaduc, le Patronage de Saint-Vincent de Paul, ancien manoir seigneurial de la famille Laframboise, aujourd’hui refuge d’une turbulente jeunesse ouvrière sous la direction d’humbles religieux : les fils de Saint Vincent de Paul ; mais, sous ses nouveaux maîtres, le vieux parc seigneurial n’a rien perdu de sa somptuosité passée et ses massifs de lilas, de boules de neige, d’acacias nains, de rosiers, d’aubépines et de seringas ont conservé tout l’éclat de leurs floraisons et la suavité de leurs parfums.

Si nous avançons plus à l’est, une haute haie de cerisiers sauvages et d’aubépines, asile de centaines de pinsons, de fauvettes et de troglodytes, nous masque les massives constructions de la « Maison Mère » des bonnes Sœurs de la Présentation de Marie.

Là-bas, sur un côteau, offrant une riante perspective sur un fond de sapins et d’érables