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La Villa des Ancolies

— C’est à cause de mon chien… Et, pour la dixième fois elle fit le récit de l’incident malheureux, cause de tout son trouble.

— Mon Dieu, Mademoiselle, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il n’y ait pas dans toute cette affaire de quoi fouetter un chat et surtout un chien, dit en souriant Maître Meunier, qui affectionnait le calembour, mais je ne trouve rien d’aussi sérieux que vous semblez vous le figurer. Avez-vous la lettre dont vous me parlez ?

— Certainement, Maître, la voici.

Le disciple de Thémis ouvrit lentement, posément la lettre, ajusta son binocle, approcha le papier de ses yeux, rajusta son binocle et s’absorba quelques instants dans la lecture du document.

— Tiens, tiens ! c’est notre jeune confrère Dupras !

— Qu’en pensez-vous, Monsieur ?

— Que mon jeune confrère tient beaucoup à ses honoraires et qu’il se prend très au sérieux. Vous m’assurez, n’est-ce pas, que Monsieur Hainault en a été quitte pour la peur et que votre chien ne l’a pas mordu ?

— Positivement, Monsieur, tout au plus, ses habits ont pu être endommagés.

— Alors, Mademoiselle, ayez soin de toujours tenir votre chien enchaîné et laissez faire.

— Mais il va me poursuivre ?

— Certainement ! Et nous gagnerons.

— Et je vais être obligée d’aller en cour ?

— Naturellement. Pourvu qu’ils se décident réellement à poursuivre, ce que, je vous l’affirme, je ne crois pas. Je suis convaincu que l’on a voulu simplement vous effrayer.

— Et cette somme de cinq piastres que l’avocat réclame pour honoraires, dois-je la payer ?

Dès que vous décidez de plaider, il n’y a pas nécessité d’aller payer cette somme à mon jeune confrère, en dépit de l’ultimatum qu’il vous en donne.