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que ce n’était pas tant les blessures corporelles que l’orgueil froissé qui portait ce M. Hainault à lui demander la mort de son chien. Et elle aurait sacrifié ce bon Fidèle à l’amour propre blessé de ce beau Monsieur ? Mais non, alors… elle saurait le défendre son brave compagnon !

Le défendre, mais comment ? Il lui répugnait de plaider… Que faire alors ?

« Si j’allais voir Monsieur Gendron ? Madame Gendron était une amie de maman, Monsieur Gendron est le propriétaire de l’usine où travaille ce petit Hainault. Oui, ce serait le meilleur moyen : voir Madame Gendron, qui parlerait à son mari et ce dernier verrait son comptable. D’ailleurs, j’ai moi-même des intérêts assez considérables dans l’usine. M. Hainault, en sa qualité de comptable, ne doit pas ignorer que je suis commanditaire pour une somme de dix mille piastres. Après tout, ce Monsieur n’est que mon employé ! »

Reçue chez Madame Gendron, elle lui raconta en détail la cause de ses tribulations.

— Mais certainement, Laure, je me ferai un véritable devoir de faire intervenir mon mari en votre faveur et soyez persuadée qu’il plaidera votre cause avec toute la chaleur que lui inspirera sa grande amitié pour vous. Ce serait un crime que de vous enlever ce gardien fidèle et je suis persuadée que M. Hainault ne connaît pas toutes les circonstances, sans quoi il est trop droit, trop bon et surtout trop généreux pour vous causer ainsi du chagrin à plaisir. Revenez vers une heure, j’aurai du nouveau.

 

— Qu’avez-vous donc fait à mon comptable ? demanda M. Gendron qui était venu répondre personnellement à Mlle Perrin, quand celle-ci se présenta à l’heure indiquée. J’ai essayé de plaider votre cause, je lui ai reproché sa conduite envers vous ; j’ai fait